ATP / WTA : itinéraires dorés vers l’Olympe

Les acteurs des circuits féminin et masculin ont profité de la semaine pour faire le plein de victoires et de confiance avant un atterrissage en douceur à Paris.

Arthur Fils / Premier tour Roland-Garros 2024©Nicolas Gouhier / FFT
 - Romain Vinot

De l’Italie à la Suède en passant par l’Allemagne et la Suisse, de nombreux protagonistes ont réussi une très belle moisson entre deux événements majeurs. Des tournois intermédiaires qui ont aussi permis à Rafael Nadal et Karolina Muchova de se distinguer avant de poser leurs valises Porte d’Auteuil.

Fils, envers et contre tout

Qu’il s’agisse du contexte, de l’ambiance, du prestige de son adversaire ou du scénario de la rencontre, tout semblait en défaveur d’Arthur Fils ce dimanche sur la terre battue de l’ATP 500 de Hambourg. Et pourtant, face au tenant du titre Alexander Zverev – son bourreau dans le dernier carré l’an passé – le Français a réussi une performance XXL pour glaner la plus belle victoire de sa carrière et son deuxième titre sur le circuit principal après l’ATP 250 de Lyon en 2023 (6/3, 3/6, 7/6(1)).

Un marathon de 3h33 au cours duquel il a fait preuve d’agressivité, de talent, d’intelligence, de malice et de sang-froid pour sauver 21 balles de break sur 22 concédées et ainsi résister à la pression du chouchou du public. "Je savais dès le départ que ce ne serait pas facile, a-t-il analysé à l’issue de sa victoire. Au cours du premier set, je m’en sortais bien, j’ai eu un peu de chance mais je jouais très bien. Dans la deuxième manche, il a réussi à élever son niveau et jouait mieux que moi. Quand le toit a été fermé, j’ai su que ça allait être un combat, comme un ‘combat de chiens’. A ce moment-là, il fallait juste se battre jusqu'au dernier point, jusqu'à la dernière balle. Je m'entraîne dur depuis longtemps pour ce genre de moments, alors je suis vraiment heureux d’avoir gagné."

Plus jeune tricolore de l’histoire sacré dans un tournoi de cette catégorie, il intègre officiellement le Top 20 ce lundi. Des accomplissements célébrés dans la bonne humeur en compagnie de son prestigieux adversaire, pourtant excédé en fin de rencontre et glacial lors de la poignée de main. Tout est bien qui finit bien pour les deux hommes, qui vont désormais pouvoir se tourner sereinement vers Paris. Finaliste de Roland-Garros il y a un mois et demi, l’Allemand y défendra son titre olympique.

Borges prive Nadal d’un 93e titre

Lui aussi est parvenu à résister à la pression de l’événement. Pour sa première finale sur le circuit principal, Nuno Borges s’est offert le scalp du roi de la terre battue à l’ATP 250 de Bastad (6/3, 6/2 en 1h27). "Je ne sais pas quoi dire, j’ai espéré ce moment depuis tellement longtemps, a confié le Portugais de 27 ans. C’est fou parce que dans le tennis, ça n’arrive pas toujours quand on s’y attend. Je sais que nous voulions tous que Rafa gagne, une partie de moi le souhaitait aussi, mais quelque chose d’encore plus grand m’a poussé à l’emporter aujourd’hui, malgré les émotions et les hauts et les bas […] Je n’aurais pas pu mieux jouer et je suis très heureux et ému."

Nettement dominé pour sa première finale depuis l’édition 2022 de Roland-Garros, Rafael Nadal a tout de même glané trois victoires importantes en Suède, dont deux énormes marathons contre Mariano Navone et Duje Ajdukovic. Globalement déçu par son niveau de jeu, l’homme aux 22 titres du Grand Chelem dont 14 à Roland-Garros était tout de même satisfait d’avoir tenu physiquement. "Mon niveau était très loin de ce qu’il devrait être, idem pour mon énergie, a-t-il admis. Je ne me suis pas blessé, ce qui est important mais mentalement et physiquement, je ne suis pas habitué à jouer quatre jours d’affilée et à disputer de longs matchs […] Quoi qu'il en soit, c'est une finale, donc je ne peux pas dire que c'est un mauvais résultat parce que c'est la première depuis longtemps. Mais je n'ai pas réussi à me sentir suffisamment à l'aise tout au long de la semaine pour être satisfait de mon tennis."

Également présent dans le dernier carré du double en compagnie de Casper Ruud, le Majorquin a désormais quelques jours pour se régler avant d’entamer sa dernière campagne olympique dans son jardin parisien.

Berrettini, le retour aux sources

S’il ne sera pas du voyage dans la capitale française en raison de l’énorme concurrence au sein d’un tennis transalpin qui se porte à merveille, Matteo Berrettini a confirmé son retour au premier plan en s’adjugeant l’ATP 250 de Gstaad, en Suisse. Tombeur de Quentin Halys en finale (6/3, 6/1 en 59 minutes) – dont c’était la première apparition à ce niveau de la compétition et qui a fait un bond de 67 places au classement ce lundi – le puissant Italien a soulevé le 9e trophée de sa carrière, là où tout avait commencé en 2018. "C’est un sentiment incroyable, a-t-il souri. Mon premier titre ici, il y a six ans, c’est comme si c’était hier mais il s’est passé beaucoup de choses depuis. Je suis très heureux de pouvoir continuer à jouer et à prendre du plaisir. J’ai retrouvé l’énergie que j’avais à cette époque durant cette semaine. C’est un endroit très spécial pour moi."

A noter également, toujours sur le circuit ATP, le premier titre de Marcos Giron au tournoi ATP 250 de Newport. Le Californien est sorti vainqueur d’un duel 100% américain face au jeune Alex Michelsen, et ce malgré la perte de la première manche (6/7(4), 6/3, 7/5 en 2h37).

Zheng remporte le duel des finalistes de Majeurs

Pour son troisième tournoi de l’année après avoir été éloignée des terrains pendant 10 mois en raison d’une blessure au poignet, Karolina Muchova a bien failli remporter le deuxième titre de sa carrière sur l’ocre de Palerme. Mais la finaliste de Roland-Garros 2023 a fini par céder face à la tenante du titre Qinwen Zheng, au terme d’une rencontre passionnante (6/4, 4/6, 6/2 en 2h49). "Ça a été un match très difficile parce que Karolina est une joueuse extraordinaire, a confié la finaliste du dernier Open d’Australie. Elle joue particulièrement bien au filet et ses amorties sont très difficiles à gérer pour moi. Il y a eu beaucoup de hauts et de bas durant la rencontre mais j’ai essayé d’être plus agressive dans le troisième set et je suis contente que ça ait fonctionné."

Toujours sur terre battue mais cette fois en Hongrie, Diana Shnaider a quant à elle brandi son troisième trophée de la saison grâce à sa nette victoire face à Aliaksandra Sasnovich (6/4, 6/4 en 1h35). Première joueuse à être couronnée sur trois surfaces différentes la même saison depuis Caroline Garcia en 2022, elle est aussi la plus jeune à réussir cette prouesse depuis Caroline Wozniacki en 2009. Classée au 110e rang à la même époque l’an passé, elle pointe désormais dans le Top 30 et ne se lasse pas de ses nombreux succès : "Tous les titres sont comme le premier, j’ai l’impression que je vais toujours les apprécier de la même manière […] Je suis très heureuse d’avoir gagné, c’est déjà une saison incroyable pour moi jusqu’à présent."