Iga Swiatek est déjà mentionnée aux côtés de véritables légendes du tennis. À Paris, la joueuse de 23 ans a une nouvelle fois prouvé sa supériorité sur le reste du tennis féminin. En soulevant la coupe Suzanne-Lenglen pour la quatrième fois, la Polonaise est devenue la deuxième joueuse sous l’ère Open à remporter ses cinq premières finales de Grand Chelem, rejoignant ainsi Monica Seles.
Swiatek veut tracer sa propre voie
La n°1 mondiale a défendu son titre avec brio pour s’emparer de son troisième Roland-Garros consécutif.
Grâce à ce cinquième titre du Grand Chelem, elle égale l’emblématique Maria Sharapova au classement des joueuses comptant le plus de victoires dans les quatre plus prestigieux tournois du circuit.
En poursuivant son règne à Roland-Garros, Swiatek continue de faire tomber les records et de briser la détermination de ses adversaires – ce qui n’est pas sans rappeler la domination de Chris Evert et Martina Navratilova.
C’est d’ailleurs des mains du duo iconique que la n°1 mondiale a reçu le trophée sur le court Philippe-Chatrier, après une victoire nette et sans bavure 6-2, 6-1 face à Jasmine Paolini.
Seles, Sharapova, Evert ou Navratilova, voici les grands noms qui composent le groupe que Swiatek est en train de rejoindre à une vitesse irrésistible.
Swiatek préfère tracer sa propre voie.
"Je n’étais pas née pour les [Evert et Navratilova] voir en activité, mais j’ai vu des vidéos sur YouTube. Elles sont très impressionnantes et je sais ce qu’elles ont accompli, mais je ne veux me comparer à personne," confiait l’intéressée à Paris. Leurs carrières sont extraordinaires et très inspirantes, mais je préfère ne pas tout mélanger."
Pendant le tournoi, Evert, détentrice du record de victoires finales Porte d’Auteuil avec sept sacres, a déclaré à la télévision qu’elle voyait la Polonaise tout à fait capable de la détrôner. L’Américaine a même surenchéri en annonçant que si elle poursuivait sur son quasi sans faute sur terre battue, Swiatek pourrait très bien dépasser la barre des dix titres à Roland-Garros.
"Ça fait toujours plaisir que l’on parle de vous comme ça, mais je ne pense pas être entrée dans leur catégorie. Avoir remporté cinq titres en Grand Chelem me paraît déjà irréel. Je n’aurais jamais cru ça possible étant plus jeune," poursuivait la joueuse de 23 ans. La barre des dix est encore loin, mais je vais tout faire pour l’atteindre. Soyez certains que je donnerai tout pour devenir une meilleure joueuse année après année, et pour jouer mon meilleur tennis ici. Ça me touche d’entendre ça de la part de Chrissie, et je lui en suis très reconnaissante."
Les géants modernes du tennis comme Rafael Nadal – l’idole de Swiatek –, Novak Djokovic, ou Serena Williams ont tous continué à jouer les premiers rôles jusqu’à la fin de la trentaine, voire plus tard. Swiatek est elle aussi plutôt sereine vis-à-vis de sa capacité à durer au plus haut niveau.
"Ces joueurs sont incroyables. Je pense qu’avec les moyens modernes et les dernières avancées en matière d’entraînement ou de préparation physique et mentale, nous pourrons jouer de plus en plus longtemps," affirmait la n°1 mondiale. Parfois, j’ai peur d’être finie à 28 ans, et parfois, je me dis que j’aime tellement ce sport que je veux y jouer toute ma vie. Je n’ai pas vraiment de plan ; je ne pense pas qu’il soit possible de planifier ce genre de chose. J’ai regardé un peu le Tournoi des Légendes, et je me suis demandée si j’aurais l’énergie de ressortir la raquette pour ce genre d’occasion une fois retraitée. On ne sait jamais !"
Retrouver une vie normale
Loin des discussions sur l’empreinte qu’elle laissera dans l’histoire du tennis, celle qui se décrit elle-même comme une introvertie souhaite à présent rentrer chez elle à Varsovie pour se ressourcer, passer du temps avec ses proches et profiter de son dernier accomplissement en date.
"Bien sûr que je vais prendre le temps de savourer," déclarait ainsi Swiatek. "Je veux juste faire des choses normales, comme faire le ménage et des choses dont je n’ai pas à me soucier. Ça fait tellement longtemps que je suis à l’hôtel, je veux me préparer mon petit-déjeuner, retrouver le quotidien et voir ma famille."
Poursuivre sa progression sur gazon
Le temps de se concentrer sur Wimbledon viendra bien assez tôt, et Swiatek, qui a renoncé à s'aligner à Berlin (17-23 juin) où elle était inscrite, est toujours en quête de réponses pour parvenir à s’imposer sur l’herbe sacrée du sud-ouest londonien.
Cette saison, la Polonaise a travaillé sur son service pour adopter une préparation plus courte et un geste plus fluide. Après s’être avérée décisive à Paris, cette nouvelle arme pourrait bien faire la différence outre-Manche début juillet en permettant à la n°1 mondiale de dicter les échanges plus courts et plus intenses.
"J’ai pensé à faire une partie de ma préparation de début de saison sur gazon, mais ça n’a pas vraiment de sens au vu du nombre de tournois sur dur à cette période. Mon entraîneur a vite rejeté l’idée," plaisantait Swiatek, qui a réalisé sa meilleure performance à Wimbledon l’année dernière en atteignant les quarts de finale.
"Je pense qu’en participant à Wimbledon tous les ans et en me préparant bien pendant les semaines précédentes, je progresse de toute manière. À chaque fois que je reviens, la transition est plus facile et je m’adapte de mieux en mieux. Je pense que mes progrès au service cette année pourront également me servir sur gazon. On verra bien."