Ils n’étaient pas cités parmi les favoris ou les outsiders, et pourtant, ils ont réussi à aller loin, voire très loin, dans ce Roland-Garros 2024. De la sensation Jasmine Paolini au parcours inattendu d’Alex De Minaur en passant par les Français Varvara Gracheva et Corentin Moutet, focus sur les invités surprises de la quinzaine Porte d’Auteuil.
Roland-Garros 2024 : les belles surprises du tournoi
Jasmine Paolini, Mirra Andreeva, Corentin Moutet, Alex De Minaur... ils ont tous brillé au-delà des espérances durant ce Roland-Garros 2024. Gros plan sur les belles surprises du tournoi.
On ne les attendait pas à ce niveau : Moutet, Gracheva, Danilovic
Deux représentants du clan Bleu ont fait rêver le public français grâce à leur parcours. Dans la lignée de sa très encourageante saison sur terre battue, Corentin Moutet n'a rendu les armes qu'aux portes des quarts de finale, face à Jannik Sinner. Auteur d’un premier set exceptionnel sur le court Philippe-Chatrier, le 79e joueur mondial a ensuite été dépassé par la puissance de l’Italien, point final d’une belle aventure entamée le premier jour du tournoi.
Opposé au finaliste du Masters 1000 de Rome Nicolas Jarry (n°16) lors de son entrée en lice, "Coco" a réalisé la plus belle performance de sa carrière en Grand Chelem, enflammant le Simonne-Mathieu par ses services à la cuillère et ses coups de patte bien sentis. Rebelote au match suivant face à Alexander Shevchenko, effacé en quatre sets, puis au troisième tour contre Sebastian Ofner. Sur un court Suzanne-Lenglen chauffé à blanc, Moutet a offert un véritable show face à l'Autrichien, dans l’une des meilleures ambiances de la quinzaine, pour disputer son premier huitième de finale à Roland-Garros.
Un stade de la compétition que Varvara Gracheva a également atteint, pour sa première participation à Roland-Garros sous la bannière tricolore. La droitière de 23 ans au sourire radieux a signé l’une des sensations de la première semaine en éliminant la tête de série n°6 Maria Sakkari (3/6, 6/4, 6/3).
Finalement battue au terme d’une belle bataille face à Mirra Andreeva, Gracheva aura laissé derrière elle l’une des images du tournoi : cette Marseillaise chantée à tue-tête avec le public du Suzanne-Lenglen, quelques instants après son succès au troisième tour face à Irina-Camelia Begu. "C'est un moment que je vais garder en mémoire jusqu'à la fin de ma vie, a-t-elle confié après sa victoire. C'était immense. Honnêtement, si quelqu'un m'avait dit, il y a cinq ans, quatre ans, un an : 'Tu vas être sur le Suzanne-Lenglen et avoir un grand sourire', je n'y aurais pas cru."
Elle aussi a dû se pincer pour y croire. Issue des qualifications, Olga Danilovic a vécu une première semaine totalement renversante. Tombeuse au deuxième tour de Danielle Collins (n°11), l’une des joueuses les plus en forme du moment, la Serbe a ensuite réussi une improbable remontada face à Donna Vekic, ne perdant jamais le fil du match malgré un 6/0 concédé au premier set et après avoir vu son opposante servir à deux reprises pour le gain de la partie. Longtemps freinée par une blessure chronique au genou droit, elle a disputé, à 23 ans, le premier huitième de sa carrière en Majeur, où elle n'a cependant rien pu faire face à la gauchère Marketa Vondrousova (6/4, 6/2).
Ils ont dépassé les attentes : Paolini, Andreeva, De Minaur
Leurs parcours ont illuminé cette édition 2024 de Roland-Garros. Jasmine Paolini et Mirra Andreeva ont suscité la sympathie du public par leur joie de vivre et leur pugnacité sur le court. L’Italienne, qui ne cesse de gravir les échelons depuis huit mois, a franchi un nouveau palier en Grand Chelem en atteignant sa première finale, synonyme d’entrée dans le top 10.
"Je n'ai jamais rêvé d'être n°1 mondiale ou championne en Grand Chelem, a révélé l’Italienne de 28 ans après sa qualification en finale. Je n'ai jamais eu de rêve aussi grand. Je n'ai peut-être même jamais rêvé d'être dans le top 10 ! Enfin, je l'espérais mais je n'y croyais pas vraiment."
La tête de série n°12, qui n’avait jusqu’alors jamais dépassé les huitièmes de finale en Majeur s’est révélée au plus haut niveau à Paris. Véritable terrienne, elle a dérouté toutes ses opposantes par son jeu de contre et sa capacité à ne jamais s’avouer vaincue. Sortie victorieuse de deux belles batailles contre Bianca Andreescu et Elina Avanesyan, elle a créé l’une des surprises du tournoi en éliminant Elena Rybakina (n°4) en quarts de finale. Elle s’est ensuite montrée très solide pour prendre le dessus sur Mirra Andreeva en demi-finales.
Même si elle est présentée comme l’étoile montante du tennis féminin depuis de nombreux mois, Andreeva n'était peut-être pas attendue aussi loin dans le tableau. Forte de plusieurs bons résultats au moment de poser ses valises à Paris (huitièmes à l’Open d’Australie, quarts à Madrid…), la droitière est devenue - à 17 ans et 37 jours - la plus jeune joueuse à rallier le dernier carré d'un Grand Chelem depuis Martina Hingis en 1997.
Fascinante de maturité et d'intelligence de jeu, elle a répondu présente malgré des contextes piégeux : match terminé à plus d’1h du matin face à Victoria Azarenka, ambiance surchauffée contre Varvara Gracheva… La protégée de Conchita Martinez n’a nourri aucun complexe, à l'image de sa victoire contre Aryna Sabalenka, double championne de l’Open d’Australie, en quarts de finale. Rattrapée par l’enjeu face à Paolini, la jeune pépite a néanmoins pris rendez-vous avec l’avenir.
S'il occupait le 11e rang mondial au moment de démarrer sa campagne Porte d’Auteuil et qu’il serait maladroit de le placer dans la catégorie des "sensations", Alex De Minaur a tout de même dépassé les attentes. Peu à l’aise sur terre battue, il n’avait jamais dépassé le deuxième tour à Roland-Garros. Impressionnant en première semaine, le "démon" est allé décrocher la plus belle victoire de sa carrière en Majeur, en éliminant Daniil Medvedev (n°5) au terme d’un huitième de finale maîtrisé et bouclé en quatre sets (4/6, 6/2, 6/1, 6/3).
Battu par Alexander Zverev au tour suivant, l'Australien est sorti la tête haute après avoir atteint son deuxième quart de finale en Grand Chelem. "Ça a été un véritable bug dans le système et une totale remise en question, a-t-il déclaré en revenant sur son parcours. Maintenant, le plus dur va être de gérer mon équipe. Ils ont le droit de se vanter, car ils m’ont laissé me plaindre toutes ses années à propos de mon niveau sur terre. C’est l’un de mes meilleurs résultats en Grand Chelem. Il semblerait que je sois devenu un spécialiste de terre battue."