Après une semaine rondement menée, les deux champions de l’Open d’Australie 2024 ont fait le plein de confiance, à quelques jours du dernier Majeur de l’année.
ATP / WTA : Sabalenka et Sinner brillent dans l’Ohio
Aryna Sabalenka et Jannik Sinner ont retrouvé le chemin de la victoire à Cincinnati.
Sabalenka, la force et le mental
Elle est entrée dans l’histoire. En se qualifiant pour la finale du WTA 1000 de Cincinnati, Jessica Pegula est devenue la troisième joueuse américaine à atteindre la finale des deux tournois disputés consécutivement sur le continent, après Serena Williams et Rosie Casals. Championne à Toronto la semaine dernière, elle aurait même pu entrer davantage dans les annales de son sport en s’imposant dans l’Ohio, puisque personne n’avait réussi ce doublé depuis Evonne Goolagong Cawley, en 1973. L’occasion était belle, la victoire aurait été sublime, mais Aryna Sabalenka s’est dressée sur le chemin de "JPeg" et a mis un terme à ses neuf victoires de suite (6/3, 7/5).
"Ces quelques semaines ont été incroyables, mais malheureusement ça n’a pas suffit contre Aryna," a déclaré l’intéressée après la rencontre. "Elle joue à un niveau exceptionnel. J’ai eu quelques opportunités à la fin du match, mais je n’ai pas su les saisir. Je suis très fière de moi, du niveau que j’ai proposé ces derniers jours. J’ai joué beaucoup de matchs et je me suis prouvée que je pouvais en gagner beaucoup de suite et assumer ces différents challenges avec des conditions différentes, dans des villes différentes et sur des courts différents."
Pour sa première finale dans l’Ohio, l’Américaine s’est simplement heurtée au retour tonitruant de Sabalenka. Blessée à l’épaule il y a plusieurs semaines, celle-ci avait même été contrainte de déclarer forfait avant le début de Wimbledon. Son retour est remarquable. Après une élimination précoce en quarts de finale de Roland-Garros 2024, elle avait dû se retirer du tournoi de Berlin, afin de prendre soin de sa blessure quelques temps. Ce n’est qu’à la fin du mois de juillet, qu’elle repris le chemin des courts, pour débuter la saison américaine, avec Flushing Meadows en ligne de mire. Washington d’abord, puis Toronto : elle s’est lancée avant de retrouver toute sa puissance et son agressivité à "Cincy".
"Je pense que j’ai été un peu prise par l’émotion lors de mon retour de blessure. J’ai un peu trop réagi. Il m’a fallu prendre du recul et réaliser que c’est lorsque je suis confiance et calme que je joue mon meilleur tennis," a déclaré la double championne de l’Open d’Australie. "Peu importe ce qu’il se passe sur le court, je suis capable de me battre et de continuer à faire de mon mieux. J’ai réalisé que c’est comme ça que je devais jouer et je me suis dit qu’il n’y avait pas d’autre option pour moi si je voulais réussir ici et à New York."
Une stratégie payante pour celle qui n’avait plus remporté le moindre titre WTA 1000 sur dur depuis Doha… en 2020 ! Elle a mis un terme à ces quatre ans de disette sans perdre le moindre set, dominant chacune de ses adversaires de l’autre côté du filet. Elle s’est même offert le luxe de s’imposer en demi-finales contre Iga Swiatek, contre laquelle elle était menée 3-0 sur les trois dernière confrontations entre les deux joueuses. Pour la première fois, Aryna Sabalenka l’a battue en deux manches (6/3, 6/3).
Avec l’état d’esprit de quelqu’un qui prépare le dernier Grand Chelem de l’année, la n°2 mondiale a tenu bon mentalement, retrouvant la justesse et le calme qui l’avaient couronnée à deux reprises à Melbourne. "Je me suis dit qu’il fallait que je reste calme du début à la fin du match. Même si je perds le match, je dois rester calme. Il faut que je m’entraîne à penser et à agir comme ça. Et je dois croire que je serai capable de retourner la situation si besoin, peu importe dans quel cas je suis" a-t-elle encore ajouté.
Pour sa première finale dans ce tournoi - elle s’était arrêtée au stade des demies à trois reprises en 2023 (contre Karolina Muchova), en 2022 (contre Caroline Garcia) et en 2019 (contre Simona Halep) - elle semble avoir rassuré sur son état de forme. Après six mois sans titre, elle décroche son deuxième trophée de la saison et le sixième WTA 1000 - rejoignant dans le même temps les deux seules athlètes encore en activité a en avoir décroché autant : Iga Swiatek et Victoria Azarenka, avec dix chacune.
À présent, la nouvelle championne a les yeux et l’esprit tournés vers New York… "J’ai vraiment joué un bon tennis, mais peut-être encore pas mon meilleur. Je sens que ça vient, je me sens de mieux en mieux et j’espère que pour l’US Open, je pourrais continuer d’augmenter mon niveau de jeu. Je vise même un niveau que je n’ai peut-être encore jamais atteint."
Jannik Sinner retrouve les sommets
Jannik Sinner aussi revient de blessure. Lui aussi a été sacré à l’Open d’Australie et lui non plus n’est pas parvenu a décrocher un deuxième Majeur en 2024 - où même à atteindre une finale. Alors on imagine que son objectif ultime est le même qu’Aryna Sabalenka : être prêt pour l’US Open, qui débute le 26 août prochain.
Cette semaine, à Cincinnati, l’Italien a réussi ce que les grands champions sont capables de faire. Diminué physiquement après une blessure à la hanche, difficile de savoir dans quel état il allait rebondir. Dans l’Ohio, il est parvenu à se surpasser pour remporter tous les défis auxquels il a fait face. C’est dans les moments importants qu’il a été capable de livrer son meilleur tennis pour faire la différence et s’imposer : la marque des plus grands.
"Ça a été une semaine compliquée, avec des hauts et des bas, ce qui est normal. Mais je suis très heureux de la manière dont j’ai réussi à le gérer," a déclaré celui qui est devenu, à 23 ans, le plus jeune champion à Cincinnati depuis Andy Murray, en 2008.
Le tenace Andrey Rublev en quarts et l’infatigable Alexander Zverev en demies ont réussi à lui prendre un set, mais le n°1 mondial est resté calme - comme toujours. Grâce à un service précis, il s’est sorti de toutes les situations délicates pour décrocher contre Frances Tiafoe (7/6(1), 6/2) son deuxième Masters 1000 de l’année. Au Lindner Family Tennis Center, il n’avait encore jamais dépassé le troisième tour (en 2022), mais comme Sabalenka la veille, il a trouvé les ressources et la force pour gagner en confiance. Un succès qui vaut plus qu’un trophée et l’assurance de s’avancer vers un Grand Chelem new-yorkais dans le bon état d’esprit.
"C’était une semaine très difficile et intense. Maintenant, c’est important de bien récupérer pour être prêt pour New York. C’est notre objectif principal pendant la saison américaine. Je suis très content de me retrouver dans cette situation juste avant d’y aller, je vais continuer comme ça mentalement, garder cette envie de jouer et j’espère pouvoir montrer aussi mon meilleur tennis là-bas" a-t-il ajouté après avoir remporté sa quinzième finale sur le circuit sur dix-neuf disputées. Après Melbourne, Rotterdam, Miami et Halle, il vient d’ajouter un précieux trophée à sa collection - le cinquième en 2024 -, une semaine avant la dernière échéance importante qu’il a coché dans son calendrier.
Lui aussi revient de loin. Demi-finaliste de Grand Chelem, ex-membre du Top 10, Frances Tiafoe avait un peu disparu des radars depuis quelques temps. Adepte des tournois sur "son" territoire, ce n’est en revanche pas étonnant de voir "Big Foe" réaliser un retour tonitruant sur les courts américains.
S’il n’avait encore jamais disputé la finale d’un Masters 1000 - son meilleur résultat était une demie en 2023, à Indian Wells, perdue contre Daniil Medvedev -, il a réalisé une semaine exceptionnelle, en battant sur son chemin Lorenzo Musetti, médaillé de bronze lors des derniers Jeux Olympiques, ou encore Holger Rune, contre lequel il a sauvé deux balles de matchs. Des matchs serrés et disputés qu’il est parvenu à maîtriser avant une finale contre le n°1 mondial perdue, mais dont il préfère garder le positif.
"Je suis incroyablement heureux de l’effort que j’ai fourni cette semaine. Le tennis est un drôle de sport et ça a vraiment été une semaine compliquée," a-t-il déclaré sur le court, juste après. "Depuis l’US Open l’an dernier, j’ai eu du mal à enchaîner les matchs. J’ai changé d’entraîneur, je me cherchais encore. À présent, je suis en bien meilleure position et pouvoir disputer la finale d’un Masters, avoir une opportunité de le remporter… Je ne pourrais pas demander mieux."
Lui qui parlait jusqu’à maintenant d’Indian Wells comme son tournoi préféré, peut-être que ces quelques jours dans l’Ohio l’auront fait changer d’avis. En tout cas, sa prestation remarquable lui permet même d’intégrer de nouveau le Top 20, après l’avoir quitté en mars dernier.
"C’est vraiment un bon signe, je peux continuer sur cette voie et poursuivre ainsi pour retrouver le niveau que j’estime être le mien," a-t-il ajouté. "Je joue toujours plutôt bien au mois d’août, j’adore jouer aux États-Unis, j’adore l’US Open, donc je veux toujours être au top de ma forme à ce moment-là. Et ça donne aussi une indication que cet US là sera une bonne cuvée !"