Une semaine seulement après une aventure parisienne mémorable, joueuses et joueurs ont retrouvé la routine du circuit et le dur nord-américain afin de préparer au mieux le dernier Grand Chelem de la saison. Une première étape canadienne marquante pour Alexei Popyrin et idéale pour la confiance de Jessica Pegula.
Montréal / Toronto : Popyrin et Pegula couronnés d’érable
Une grande première en Masters 1000 pour l’Australien et un somptueux back-to-back pour l’Américaine.
Popyrin, une première historique
C’est peu dire qu’Alexei Popyrin a créé une immense sensation du côté de Montréal hier soir. Finaliste surprise d’un tableau pourtant très relevé, l’Australien de 25 ans est devenu le premier représentant de son pays à glaner un Masters 1000 depuis Lleyton Hewitt à Indian Wells en 2003 ! Un illustre prédécesseur qui n’est d’ailleurs pas étranger au sacre de son compatriote. "Lleyton était avec moi aux Jeux olympiques la semaine dernière et il m’a beaucoup aidé pour cet événement mais aussi tout au long de ma carrière, a expliqué le champion en conférence de presse. Il m’a permis de voir positivement ma défaite face à Alexander Zverev (au troisième tour à Paris, ndlr) et m’a donné beaucoup de confiance pour cette semaine."
Six jours inoubliables pour le natif de Sydney – classé au 62e rang mondial au moment de poser ses valises au Québec – et un parcours royal au cours duquel il a écarté cinq membres du Top 20 dont trois pensionnaires du Top 10, une première depuis Holger Rune au Rolex Paris Masters 2022. Tombeur de Ben Shelton (n°14) au deuxième tour, il a ensuite sauvé trois balles de match contre Grigor Dimitrov (n°10) avant de dominer Hubert Hurkacz (n°6), Sebastian Korda (n°18, récent vainqueur du tournoi de Washington) et enfin Andrey Rublev (n°7).
Un dernier sommet totalement maîtrisé (6/3, 6/4 en 1h29) que Popyrin considère comme son plus bel exploit. "Je ne dis pas que je n’ai jamais atteint ce niveau à l’entraînement ou à l’occasion de certaines rencontres ici et là, mais compte tenu du moment et de l’enjeu, c'est probablement le meilleur match que j'ai joué dans ma vie, a-t-il ajouté. Mais pour moi, ce n’est pas la façon dont j’ai joué cette finale qui me rend le plus fier, c’est plutôt ce que j’ai fait tout au long de la semaine, le niveau atteint pour battre ces top joueurs."
Le deuxième joueur le moins bien classé de l’histoire à remporter ce tournoi (après Mikael Pernfors, 95e en 1993) considère surtout ce troisième titre comme une immense récompense de tout le travail accompli ces dernières années. "Cela représente tellement, pour tout le travail et les sacrifices réalisés au fil des saisons, a-t-il confirmé lors de son discours de victoire. Ce n’est d’ailleurs par seulement pour moi mais aussi pour ma famille, ma petite amie, mon équipe et toutes les personnes qui m’entourent. Ils ont sacrifié leur vie pour moi et gagner ce titre pour eux est tout simplement incroyable."
Mais puisque le tennis ne s’arrête jamais, celui qui a gagné 39 places au classement en une semaine ne va pas pouvoir savourer très longtemps le plus bel accomplissement de sa carrière. Ce mercredi, il sera en lice du côté de Cincinnati face à Gaël Monfils, avant un éventuel duel de prestige contre… Carlos Alcaraz !
Pegula, le Canada dans les veines
Décidemment, Jessica Pegula se sent comme chez elle au Canada. Titrée l’an dernier du côté de Montréal, l’Américaine a magnifiquement doublé la mise en s’adjugeant le WTA 1000 de Toronto, une première sur le circuit féminin depuis Martina Hingis en 2000. Un sacre particulièrement symbolique et émouvant pour la 6e joueuse mondiale. "Mes grands-parents sont ici et ils sont Canadiens ! Si je ne dis pas de bêtise, ma grand-mère est de Montréal et mon grand-père est de Toronto, c’est bien ça ? J’ai désormais un trophée dans les deux villes donc ça fait un chacun, a-t-elle souri devant les principaux intéressés, qui n’ont pas manqué de filmer la scène. Toronto, c’est sympa, c’est très proche de Buffalo (sa ville natale, ndlr). De nombreux amis, ma famille, mes grands-parents donc et mon mari ont pu venir aujourd’hui et c’est cool, ce n’est pas souvent le cas lors des tournois. Le fait de gagner ici et de pouvoir partager ce moment avec eux, c’est vraiment spécial. Je ne sais pas vraiment ce qu’il y a avec le Canada mais j’ai l’impression d’y réussir plutôt bien donc je prends !"
Et "réussir plutôt bien" est un doux euphémisme au vu des statistiques affichées par la principale intéressée au pays de l’érable. En prenant le meilleur sur sa compatriote Amanda Anisimova – pourtant tombeuse de quatre joueuses du Top 20 dont Aryna Sabalenka – en finale (6/3, 2/6, 6/1 en 1h27), elle y a signé sa 17e victoire pour seulement deux défaites. "Je sais que tout le monde parle de ce record mais c’est surtout sympa d’avoir passé une telle semaine et de confirmer, a-t-elle conclu. Je suis très heureuse et c’est un honneur, vraiment."
Contrainte de faire une croix sur la saison sur terre battue en raison d’une blessure puis éliminée au deuxième tour à Wimbledon et aux Jeux Olympiques, ce sixième trophée en carrière arrive surtout au meilleur moment pour la joueuse de 30 ans, qui s’apprête à enchaîner Cincinnati et l’US Open à domicile. Sera-t-elle suffisamment en confiance pour briser le plafond de verre des quarts de finale en Majeur après six tentatives infructueuses ? Réponse dans moins d’un mois.
Cincinnati 2024, aussi bien que le cru 2023 ?
Une revanche épique du sommet londonien entre Carlos Alcaraz et Novak Djokovic, le premier titre dans cette catégorie de Coco Gauff avant une aventure new-yorkaise inoubliable : tout le monde se souvient de la dernière réunion des stars dans l’Ohio. Qu’en sera-t-il en 2024 ? Si le récent champion olympique manquera à l’appel, Jannik Sinner et "Carlitos" mèneront la danse dans le tableau masculin. Eliminé en huitièmes de finale à Montréal par Andrey Rublev, le n°1 mondial tentera de se rassurer malgré une nouvelle alerte à la hanche. De son côté, le Murcien démarrera sa campagne sur dur par un gros test, face à Monfils ou Popyrin. Un tournoi qui a déjà très bien commencé pour le finaliste de Washington Flavio Cobolli, tombeur surprise en trois manches de Tommy Paul après avoir sauvé trois balles de match !
Une épreuve extrêmement relevée également du côté de la WTA puisque sept membres émérites du Top 10 sont en lice dont la patronne du circuit, Iga Swiatek. Médaillée de bronze à Paris, elle ouvrira sa campagne face à Ajla Tomljanovic ou Varvara Gracheva et pourrait retrouver Aryna Sabalenka dans le dernier carré. Quant à la championne olympique Qinwen Zheng, elle sera aux prises avec la récente finaliste de Washington Marie Bouzkova ou Magdalena Frech. La tenante du titre Coco Gauff, Elena Rybakina et Jessica Pegula figurent dans la même partie de tableau.