Après la pluie vient le beau temps. Sans doute alertés par les rencontres à rallonge et les éliminations surprises de jeudi, les grands noms de l’Open d’Australie ont lourdement appuyé sur l’accélérateur afin de rallier les huitièmes de finale de cette édition 2024.
AO 2024 - J6 : à la recherche de la perfection
A l’heure où les choses sérieuses se profilent, un quatuor de ténors s’est distingué en dominant outrageusement les débats sur les courts de Melbourne Park.
Sabalenka prend goût aux bagels, Gauff opportuniste
Exhibé pour la première fois de sa carrière en Grand Chelem, le costume de tenante du titre lui va à ravir, merci pour elle. Opposée à Lesia Tsurenko en ouverture de session sur la Rod Laver Arena, Aryna Sabalenka a pris le soin de ne pas retarder la programmation en signant son premier "perfect" sur le circuit professionnel (6/0, 6/0 en 52 minutes). "L’an passé, Iga a collé tellement de 6/0, c’est un des objectifs, essayer de me rapprocher d’elle" a-t-elle plaisanté sur le court.
Toujours aussi puissante (16 coups gagnants) et appliquée sur son engagement (76% de points gagnés derrière sa première balle), elle a également exercé une pression constante sur le service adverse en convertissant six de ses dix balles de break. "J’essaie de faire les choses simplement et de ne pas chercher la perfection parce que sinon, ça se passe mal, a-t-elle poursuivi. Tout peut arriver, on l’a vu avec les défaites des meilleures joueuses lors des premiers tours. Je ne veux pas me projeter, je me prépare au mieux pour chaque match."
Une nouvelle approche qui lui réussit puisque la n°2 mondiale n’a perdu que six jeux lors de ses trois premiers tours, une première depuis Victoria Azarenka en 2016. Reste à savoir si elle parviendra à maintenir ce rythme effréné face à Amanda Anisimova, tombeuse de Paula Badosa (7/5, 6/4) et de retour à son meilleur niveau. L’Américaine partira avec un avantage psychologique non négligeable puisqu’elle mène 4-1 dans leur face-à-face.
Autre favorite et autre tornade, cette fois sur la Margaret Court Arena. Probablement crispée par l’enjeu et le contexte, Alycia Parks n’est pas parvenue à opposer une véritable résistance à son amie Coco Gauff (6/0, 6/2 en 1h01). La championne de l’US Open a profité des 34 fautes directes de sa compatriote pour signer un succès express, son 8e consécutif cette saison et le 10e en Grand Chelem. Comme l’an passé, elle intègre le top 16 et tentera de se qualifier pour un premier quart de finale à Melbourne face à Magdalena Frech.
Djokovic corrige le tir, Sinner se balade
Bousculé par des joueurs sans complexe lors de ses deux premières sorties, Novak Djokovic a resserré la vis pour étouffer Tomas Martin Etcheverry (6/3, 6/3, 7/6(2) en 2h28). Face à son idole, l’impressionnant bourreau d’Andy Murray et Gaël Monfils ne s’est pas procuré la moindre opportunité sur le service du Serbe, impérial dans ce domaine (10 aces, aucune double faute et 86% de points gagnés derrière sa première). Une nette montée en puissance et un surplus de confiance pour le numéro un mondial, qui disputera dimanche son 63e huitième de finale en Grand Chelem, le 16e à Melbourne, contre Adrian Mannarino (voir ci-dessous).
Mais dans le tableau masculin, le joueur le plus impressionnant depuis le début de la quinzaine est sans aucun doute Jannik Sinner. Entré doucement dans un tournoi préparé sans compétition, l’Italien a fait vivre un véritable calvaire à Sebastian Baez, première tête de série à lui faire face (6/0, 6/1, 6/3 en 1h52). En patron, il a dicté le rythme aussi bien sur sa mise en jeu qu’en retour, distillant au passage 34 coups gagnants.
Contrairement à Djokovic, Alcaraz ou bien encore Medvedev, le quatrième mousquetaire n’a toujours pas perdu le moindre set et n’a encore jamais vraiment été inquiété. "Je pense que j’ai très bien joué et je me sens bien ici, a-t-il confié après la rencontre. Pendant l’intersaison, nous avons essayé de travailler dur, surtout en dehors du court, et je suis vraiment content de mes sensations jusqu’ici." Karen Khachanov, son prochain adversaire, est prévenu.
La remontada du jour : "Mirra-cle" Andreeva
Epatante de justesse et de maturité pour éliminer Ons Jabeur, Mirra Andreeva a fait preuve d’une incroyable force mentale pour renverser Diane Parry et ainsi atteindre les huitièmes de finale d’un Majeur pour la deuxième fois de sa carrière. Après un partage équilibré des honneurs lors des deux premières manches, la teenager de 16 ans s’est retrouvée menée 5-1 dans le set décisif avant de sauver une balle de match sur son service à 5-2. Miraculée, elle a de nouveau lâché ses coups pour s’offrir le droit de disputer un super tie-break, qu’elle a finalement remporté avec autorité (1/6, 6/1, 7/6(5) en 2h23). Une détermination saluée par Andy Murray himself, qui ne manquera pas sa prochaine sortie face à la tête de série n°9, Barbora Krejcikova.
Et puisque la jeunesse est décidément à l’honneur en ce début d’année, notons également le très beau renversement de situation opéré par Marta Kostyuk (21 ans) contre Elina Avanesyan (2/6, 6/4, 6/4 en 2h32). Elle affrontera l’une des nombreuses sensations de cette édition, la qualifiée Maria Timofeeva (20 ans). Déjà tombeuse de Caroline Wozniacki, elle a eu les nerfs solides pour résister au retour de Beatriz Haddad Maia et s’imposer en deux manches, sur sa cinquième balle de match (7/6(6), 6/3 en 2h09).
Retrouvez tous les résultats de ce vendredi sur le site officiel de l'Open d'Australie
Le "french corner" : encore un "Mannathon" !
Alors que Parry est passé tout près et que la marche était trop haute pour Luca Van Asshe – sèchement battu par Stefanos Tsitsipas (6/3, 6/0, 6/4 en 2h02) – la France s’en est remis à son meilleur représentant ce vendredi. Dans une sacrée opposition de style face au canonnier et showman américain Ben Shelton, Adrian Mannarino a une nouvelle fois subjugué la planète tennis en l’emportant au terme d’un très gros combat de 4h46 (7/6(4), 1/6, 6/7(2), 6/3, 6/4).
Très solide tactiquement et mentalement dans ce duel de gauchers généreux en hot shots, le "divin chauve" de 35 ans a également bluffé l’assistance par son incroyable coffre, lui qui sortait pourtant de deux matchs marathons face à Wawrinka et Munar. Reste désormais à savoir s’il parviendra à récupérer de ces 11h46 passées sur le court avant de se lancer dans l’ascension du plus haut sommet d’Australie, Novak Djokovic.
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