A peine les derniers prestigieux trophées soulevés qu’il est déjà l’heure de dresser le bilan de cette exceptionnelle année 2023, durant laquelle les plus grandes stars de l’ATP ont âprement bataillé. Un exercice une nouvelle fois marqué par la quête dorée du patron de la discipline, dont l’incroyable domination a toutefois été régulièrement contestée par ses jeunes et talentueux nouveaux meilleurs rivaux.
Rétro ATP 2023 : le maître et ses brillants élèves
Les nouveaux records de Djokovic, la confirmation d’Alcaraz, le retour au sommet de Medvedev ou encore l’avènement de Sinner : retour sur la magnifique saison 2023 du circuit ATP.
Djokovic au firmament
Privé d’Open d’Australie, d’US Open et de points lors de son sacre à Wimbledon en 2022, Novak Djokovic abordait 2023 avec un énorme appétit. Une faim de victoires, de titres, de records et d’histoire. "J'ai très envie de prouver que je suis toujours l'un des meilleurs joueurs du monde et que je peux gagner de grands trophées" avait-il confié à l’issue de son 6e sacre aux Finales ATP. Et le Serbe est un homme qui tient ses promesses.
A 36 ans et en adaptant parfaitement son calendrier pour s’octroyer des périodes de récupération et de loisirs en famille, il a pris part à 12 tournois en 11 mois. Résultats : 7 titres (3 Grands Chelems, 1 Masters, 2 Masters 1000 et 1 ATP 250), 56 victoires pour seulement 7 défaites, des duels homériques et un sentiment de toute puissance unique en son genre. "C’est très spécial, c’est l’une des meilleures saisons de ma vie, sans aucun doute" a d’ailleurs acté le principal intéressé à l’issue de son 7e trophée aux Finales ATP, record absolu.
Un très grand cru débouché dans son plus beau vignoble, celui de Melbourne. Malgré une gêne à la cuisse, "Nole" a survolé la compétition, ne perdant qu’un set au deuxième tour dans sa quête d’une 10e couronne, synonyme de 22e titre en Majeur. De quoi égaler Rafael Nadal l’espace de quelques mois avant de le dépasser, sur ses propres terres. Auteur d’une préparation sur ocre moins brillante qu’à l’accoutumée, il a enclenché le mode machine Porte d’Auteuil pour devenir le premier joueur masculin de l’histoire à remporter au moins trois fois chaque levée du Grand Chelem. "Gagner mon 23e tournoi du Grand Chelem à Roland-Garros a été l’un des principaux tournants de ma saison. Je pense que ça m’a donné des ailes pour le reste de l’année."
Privé de son plus grand rival sur le circuit (Rafael Nadal) – qui a annoncé son come-back pour 2024 il y a quelques jours -, le "Djoker" s’est donné comme mission de mettre au pas tous ses adversaires, qu’ils soient jeunes ou plus expérimentés. Impérial dans les grands rendez-vous, il a mis fin à tous les débats en arborant une veste floquée "24" à l’issue de la finale de l’US Open. Un dernier Majeur idéalement préparé à Cincinnati, tournoi de catégorie 1000 conclu par un combat magistral. Mais la plus belle représentation de sa domination tennistique et psychologique sur le circuit actuel a bel et bien eu lieu à Turin en novembre.
Bousculé par Rune puis battu par Sinner, il s’est retrouvé au bord du gouffre en phase de poules, finalement sauvé in extremis par sa future victime en finale. L’occasion idéale de se métamorphoser en invincible, un classique dans les grands rendez-vous. "Je savais que dès qu’il serait qualifié pour les demi-finales, il gagnerait le tournoi, avait expliqué son entraîneur Goran Ivanisevic à l’issue de la finale. Sa mentalité a changé et le nouveau Djokovic est entré sur le court samedi. Et quand le vrai Novak arrive sur le court, personne ne peut rivaliser avec lui."
Le symbole parfait d’une année pleine, au cours de laquelle il a amélioré de nombreuses marques, portant son record de Majeurs à 24, de Masters 1000 à 40, de titres à 98, de saisons terminées sur le trône à 8 et de semaines passées tout en haut de la hiérarchie à plus de 400. Vainqueur de 27 de ses 28 matchs disputés en Grand Chelem, il n’est passé qu’à une victoire d’un extraordinaire accomplissement qui manque encore à son immense carrière. Mais quelle rencontre…
Alcaraz s’est mis au vert
Qu’on ne s’y trompe pas, si le patron de la discipline a brillé lors de cet exercice, ce n’est pas par manque de concurrence ou d’adversité. Alors que le Big 3 formé par le Serbe, Federer et Nadal est officiellement de l’histoire ancienne depuis le départ à la retraite du Suisse et les nombreux pépins physiques du Majorquin, les joueurs qui prétendent pouvoir faire descendre "Nole" de son piédestal sont nombreux. Et le premier d’entre eux n’est autre que Carlos Alcaraz.
Vainqueur de son premier tournoi du Grand Chelem et plus jeune n°1 mondial de l’histoire à l’issue de l’US Open 2022, le Murcien était appelé à confirmer ses incroyables dispositions en 2023. Et mise à part une sortie de route liée à des crampes de stress, de fatigue et d’extrême tension dans le dernier carré Porte d’Auteuil, il n’a pas déçu et s’est montré largement à la hauteur des énormes attentes placées en lui.
Celui qui compte un succès de moins que Medvedev sur l’ensemble de la saison (65 victoires pour 12 défaites) est parvenu à briller sur toutes les surfaces. Titré en Masters 1000 à Indian Wells et Madrid, demi-finaliste à Roland-Garros puis à l’US Open, il a surtout provoqué un véritable tremblement de terre au All England Club. Alors qu’il n’avait disputé que six matchs sur gazon dans sa carrière, Carlitos a d’abord braqué la banque au Queen’s pour se réinstaller au sommet de la hiérarchie. Un titre dès sa première apparition sur gazon puis un impressionnant parcours pour lui ouvrir les portes de la finale de Wimbledon. L’attendait alors le défi ultime : vaincre l’invincible dans son deuxième jardin. Et au terme d’un exploit monumental de cinq sets et 4h43, le protégé de Juan Carlos Ferrero a renversé le quadruple tenant du titre, invaincu depuis 2013 sur le Centre Court.
Une symphonie de tennis en guise de revanche puis une belle, quelques semaines plus tard, en finale du tournoi de Cincinnati. Des rencontres inoubliables, irrespirables et le sentiment qu’une nouvelle rivalité est née, bien que légèrement dominée par l’aîné des deux hommes, écrasant à Turin. Les Djokoraz ou Alcarovic, c’est selon, ont été les plus beaux affrontements de cet exercice 2023. Un duel dans lequel se sont immiscées deux autres très grosses pointures, qui seraient ravies de former un puissant Big 4 en 2024.
Sinner et Medvedev, les têtes dures
Un an, c’est le temps qu’il aura fallu à Daniil Medvedev pour se remettre totalement de sa douloureuse défaite contre Rafael Nadal en finale de l’Open d’Australie 2022. Passé en coup de vent sur le trône le mois suivant avant de connaître une période beaucoup plus délicate, le joueur coaché par Gilles Cervara a remis les pendules à l’heure de manière très spectaculaire en ralliant cinq finales consécutives entre février et avril 2023. Une parenthèse enchantée au cours de laquelle il a remporté 4 tournois (Rotterdam, Doha, Dubaï et Miami). Son échec sur la dernière marche contre "Carlitos" à Indian Wells n’a pas enrayé sa dynamique, bien au contraire, puisque le hard-court specialist s’est offert le luxe de soulever un premier trophée sur terre battue, à Rome.
Demi-finaliste à Wimbledon pour la première fois de sa carrière, c’est bel et bien sur dur qu’il a terminé l’année en beauté, avec une finale à l’US Open et une demie au Masters de Turin. Un dernier grand rendez-vous au cours duquel il a cédé face à Jannik Sinner, le 4e homme dont l’irrésistible ascension ne semble faire que commencer. "Il est très impressionnant, il a vraiment très bien joué ces dernières semaines. Il ne rate que très peu, il se déplace très bien, il fait courir ses adversaires et a beaucoup progressé au service. Il surfe sur la vague et s’il continue de livrer ce genre de performances, il va gagner des Grands Chelems, devenir n°1 mondial etc. Mais la question désormais est de savoir s’il peut maintenir ce niveau." Une interrogation du n°3 mondial à propos de son poursuivant direct partagée par tous les fans et observateurs.
Déjà finaliste à Rotterdam et Miami puis demi-finaliste sur le gazon londonien, l’Italien a de nouveau fait étalage de sa maîtrise et de sa puissance en fin de saison. Vainqueur de son premier Masters 1000 à Montréal, il a littéralement ébloui l’assistance à l’ATP 500 de Pékin en battant coup sur coup Carlos Alcaraz et Daniil Medvedev pour s’adjuger le titre.
Sacré à Vienne face au même adversaire, il a survolé le tournoi des maîtres devant son public avant d’être stoppé par Novak Djokovic. Un adversaire qu’il a toutefois battu à deux reprises en novembre, d’abord en phase de poules à Turin puis dans le dernier carré de la Coupe Davis. Un exploit majuscule puisqu’il a sauvé, à Séville, trois balles de matchs d’affilée face au Serbe, qui restait sur 21 victoires consécutives dans cette compétition. Outre la qualification pour la finale – puis le deuxième sacre de l’Italie pour mettre fin à 47 ans d’attente – ce succès contre le boss est révélateur de la rage de vaincre et de l’état d’esprit irréprochable du natif de San Candido. Sinner n’a plus peur de personne et attend janvier de pied ferme pour le confirmer.
Le futur, c’est maintenant
Egalement marqué par la régularité d’Andrey Rublev (quart de finaliste de tous les Majeurs et vainqueur de son premier Masters 1000 à Monte-Carlo), le retour aux affaires d’Alexander Zverev ou encore les difficultés plus ou moins prononcées de Casper Ruud et Stefanos Tsitsipas, ce cru 2023 a surtout permis de confirmer que l’avenir du tennis mondial s’annonce radieux. Alors que pour la première fois depuis 2009, trois joueurs de moins de 22 ans (Alcaraz, Sinner et Rune) ont terminé l’année dans le Top 10, des protagonistes encore plus jeunes ont attiré la lumière lors des grands événements.
Quart de finaliste à Melbourne, demi-finaliste à l’US Open et vainqueur de l’ATP 500 de Tokyo, Ben Shelton a fait très fort pour sa première année loin des Etats-Unis. Par ses frappes explosives, ses services de plomb, ses célébrations et sa mentalité, le prodige de 21 ans suscite déjà l’admiration et provoque l’hystérie à chacune de ses sorties. "J’ai récemment eu quelques bons résultats mais les grands champions maintiennent leur niveau de jeu et parviennent à terminer les semaines par des titres, ils ne se contentent pas d’aller en finale" avait-il confié en Asie. C’est tout ce qu’on lui souhaite pour 2024.
Convoqué en compagnie de l’Américain en Laver Cup, Arthur Fils a lui aussi fait des étincelles tout au long de la saison. Showman dans l’âme et doté de capacités physiques hors du commun, le joueur désormais entraîné par Sébastien Grosjean a glané un premier titre ATP du côté de Lyon, une première victoire en Grand Chelem à l’US Open avant de disputer une finale à Anvers puis au Masters Next Gen. A 19 ans, il fait déjà l’unanimité aussi bien auprès des spécialistes que du public.
Tout proche de suivre les traces de Stefanos Tsitsipas, Jannik Sinner ou Carlos Alcaraz, tous auréolés d’un titre fondateur chez les petits maîtres, le Français a été doublé dans la dernière ligne droite par le protégé de Novak Djokovic, Hamad Medjedovic. Actuellement 113e mondial, le Serbe de 20 ans a fait parler son service et ses coups puissants afin de soulever le trophée le plus prestigieux de sa carrière à Jeddah. Très bien entourées et loin d’être rassasiées, ces jeunes pépites de l’ATP formeront sans doute les plus grandes rivalités de demain.
Il ne reste plus qu’à profiter de la trêve pour faire le plein de pop-corn et se donner rendez-vous dès les premiers jours de janvier !
Bonus : retrouvez chaque jour un moment fort de l'année 2023 des Français sur FFT.FR !