Très belle publicité pour le tennis du futur, le roman californien s’est donc refermé ce week-end sur les sacres d’Elena Rybakina et de Carlos Alcaraz. Une moisson qui rime avec confirmation pour ces deux nouvelles stars de la discipline, tous deux vainqueurs de leur premier Grand Chelem l’an dernier. Comme à l’US Open, le Murcien fait d’ailleurs coup double en s’installant de nouveau tout en haut de la hiérarchie mondiale.
Indian Wells : Rybakina s'élève, Alcaraz au sommet
En prenant le meilleur sur Aryna Sabalenka et Daniil Medvedev, les deux champions du week-end ont remporté plus qu’un titre à Indian Wells.
Rybakina tient sa revanche
Un air de Melbourne flottait dans le désert californien ce dimanche. Un mois et demi après leur duel au sommet sur la Rod Laver Arena, Aryna Sabalenka et Elena Rybakina ont remis le couvert en finale à Indian Wells. Mais contrairement aux quatre précédents duels, la championne de Wimbledon a fait tomber celle de l’Open d’Australie au terme d’un combat âpre et indécis.
Déjà impressionnante dans le dernier carré face à Iga Swiatek (6/2, 6/2), la Kazakhe s’est montrée plus solide dans les moments clés, à l’image d’un tie-break complètement fou (13-11) pour conclure une première manche durant laquelle les deux joueuses ont eu l’occasion de prendre les commandes.
"Le premier set a été très important, a-t-elle analysé en conférence de presse. On a toutes les deux eu nos chances, mais à la fin j’ai pris le dessus […] Elle a fait quelques doubles fautes qui m’ont donné un avantage. A Melbourne, elle servait vraiment très bien, son deuxième service était aussi rapide que le premier. Ici, j’ai eu quelques opportunités dans le premier set et ensuite je crois que dans le second, j’ai démarré de manière plus agressive. Je pense aussi que ce n’était pas facile de trouver le bon rythme, nous sommes toutes les deux de puissantes serveuses".
Coupable de 10 double-fautes dont trois uniquement dans ce jeu décisif, la numéro 2 mondiale a accusé le coup dès l’entame du deuxième set en concédant un break blanc avant de se retrouver dos au mur à 5-2. Si elle n’a pas totalement abdiqué, la vitesse d’exécution de son adversaire en retour a eu raison de ses bonnes intentions après 2h03 d’une intense bataille (7/6(11), 6/4).
Célébré comme à son habitude par une joie contenue, ce premier titre en 2023 et en WTA 1000 vient confirmer l’ascension de la désormais 7e joueuse mondiale, pourtant privée de points lors de son aventure au All England Club. Au-delà de sa puissance et de ses nombreuses qualités tennistiques, son sang-froid s’apparente de plus en plus à une arme redoutable pour faire tomber n’importe quelle adversaire.
De quoi afficher des ambitions très élevées. "Je pense que mon plus grand défi, c'est d’atteindre la place de numéro 1, a-t-elle poursuivi. Il y a encore un long chemin à faire, mais ça reste l’objectif final. Pour le moment, je suis 7e, mais vous savez bien à quel point le classement change vite. Donc je dois juste me concentrer sur le prochain tournoi. J’essaie de ne pas trop penser au classement, surtout maintenant vu que la place de numéro 1 est si loin !".
Ce parcours quasi parfait et ce sentiment d’invincibilité seront soumis à rude épreuve lors du prochain grand rendez-vous. Et ça tombe bien pour ce nouveau Big Three qui se dessine puisque Swiatek, Sabalenka et Rybakina endosseront de nouveau le costume de favorites dès cette semaine à Miami.
Alcaraz, patron du court et du circuit
Une entrée de rêve transformée en plat de résistance pour les heureux spectateurs, qui avaient ensuite rendez-vous avec Carlos Alcaraz et Daniil Medvedev pour le dessert. Une cerise sur le gâteau engloutie en seulement 1h12 par le phénomène de Murcie, épatant de justesse et de puissance pour éteindre les ambitions adverses en deux sets secs (6/3, 6/2).
Vainqueur de leur seule et unique confrontation lors du deuxième tour de l’édition 2021 de Wimbledon, le protégé de Gilles Cervara restait sur trois titres et 19 succès consécutifs mais n’a jamais semblé en mesure de gripper la machine espagnole. "Je ne sais pas si c’est son jeu qui m’a empêché d’évoluer à mon meilleur niveau aujourd’hui ou si pour une autre raison, je n’y étais pas, a expliqué Medvedev après la rencontre. Pourtant, j’étais prêt mentalement pour ce match, je n’ai pas l’impression d’avoir pris la rencontre à la légère, je savais que j’avais un adversaire solide de l’autre côté du filet. Il a bien joué, il a inscrit les bons points aux bons moments, il a breaké aux bons moments. Il n’y a pas grand-chose à ajouter".
Rien à redire donc, si ce n’est que cette incroyable impression de supériorité s’est traduite dans les stats : 15 coups gagnants à 5, 10/13 au filet et aucune balle de break à sauver pour s'envoler vers un troisième Masters 1000 en carrière. "Honnêtement, je ne m’attendais pas à ça, j'imaginais un match plus serré, a avoué le vainqueur face à la presse. Mais j’ai vraiment joué parfaitement. Contre Daniil, il faut vraiment évoluer à son meilleur niveau, ce sont toujours des matchs tactiques et j’ai réussi à jouer parfaitement aujourd’hui. C’est pour cela que ça avait l’air si facile, mais ça ne l’était pas ! […] Je ne pense pas que mon tennis se soit vraiment amélioré depuis l’année dernière, mais j’arrive à mieux gérer la pression. J’essaie de jouer de manière plus libérée et relâchée, c’est le plus important pour moi".
Un tournoi prestigieux glané sans perdre le moindre set – une première depuis Roger Federer en 2017 – qui lui permet de récupérer la première place mondiale. Not too bad pour un joueur dont la blessure aux ischio-jambiers s’était réveillée à Rio il y a moins d’un mois. "Je suis très heureux d’être de nouveau numéro un mondial. Bien sûr, chaque joueur du circuit veut atteindre cet objectif et pour moi c’est à nouveau un rêve qui devient réalité".
Un statut de nouveau roi qu’il défendra avec fierté et ambitions dès cette semaine en Floride même si son principal rival au classement ne sera pas là pour tenter de le détrôner. "Novak est l’un des meilleurs joueurs du monde, c’est évident. Si vous voulez être le meilleur, vous devez battre le meilleur. Je voulais vraiment jouer contre Novak de nouveau. Il manque sur le circuit et j’espère qu’il reviendra bientôt. Ce serait incroyable de pouvoir rejouer contre lui" a conclu Carlitos.
Humble, respectueux mais sans crainte, il sera le grand favori à sa propre succession.