Vainqueur au Queen’s pour sa première participation, Carlos Alcaraz a prouvé que son tennis pouvait faire des ravages, peu importe la surface. Chez les dames, Petra Kvitova et Jelena Ostapenko ont inscrit leur nom en haut de la liste des outsiders crédibles à la victoire finale à Wimbledon, dont le tableau principal débute le 3 juillet.
WTA / ATP : Alcaraz, patron en herbe
Titré au Queen’s, l’Espagnol a repris possession du trône à une semaine de Wimbledon.
Alcaraz, le vert lui va (aussi) très bien
Arrivé au Queen’s Club avec quelques doutes dans ses valises, Carlos Alcaraz est reparti avec le trophée et la couronne de numéro un mondial. Not too bad pour un joueur qui n’avait jusqu’ici disputé que six matchs sur gazon (4 victoires, 2 défaites), tous à Wimbledon. En quête de repères sur la surface qu’il maîtrise a priori le moins, il a rapidement fait étalage de ses certitudes, de sa puissance et de son talent. En vérité, il ne lui a fallu qu’un match pour se rôder, contre un Arthur Rinderknech passé tout proche de l’exploit (4/6, 7/5, 7/6(3)).
Une fois la machine lancée, le Murcien n’a plus concédé la moindre manche, laissant tous ses adversaires – Jiri Lehecka, Grigor Dimitrov, Sebastian Korda et Alex de Minaur – sur le carreau. Si l’Australien n’a pas démérité dans une finale équilibrée (6/4, 6/4 en 1h36), il a d’abord plié dans les moments importants avant de rompre définitivement face aux déplacements éclairs et aux frappes fulgurantes de son adversaire. "Je n’ai pas vraiment bien commencé le tournoi, j’ai dû adapter mes mouvements au gazon, a expliqué le vainqueur. Mais la semaine a été extraordinaire et elle se termine avec beaucoup d’énergie et d’optimisme. Il y a tellement de légendes qui ont gagné ici… Voir mon nom accolé à ceux de grands champions, c’est incroyable. Cela représente beaucoup pour moi."
Cinq victoires de rang qui lui offrent bien plus qu’un onzième trophée à ranger dans son armoire déjà bien garnie. En remportant ce titre au Queen’s, Carlitos est devenu le plus jeune joueur depuis Lleyton Hewitt en 2000 à compter au moins un sacre sur dur, sur terre battue et donc sur herbe. Surtout, pour 80 petits points, il reprend la place de n°1 mondial à Novak Djokovic. Mais se retrouver de nouveau sur le toit du monde à une semaine du coup d’envoi du Grand Chelem londonien bouleverse-t-il quelque chose dans l’esprit du phénomène ? "La donne ne change pas tellement. Je veux dire… Novak vient à Wimbledon ! Mais bien sûr, récupérer cette place avant Wimbledon donne une confiance et une motivation supplémentaires. Mais cela ne change pas grand-chose que je sois tête de série n°2 ou n°1."
Pour rappel, l’an passé, le protégé de Juan Carlos Ferrero avait été stoppé par Jannik Sinner en huitièmes de finale. En 2023, son classement devrait lui offrir un tableau plus dégagé et surtout, ses armes et sa confiance nouvelle sur gazon pourraient bien lui permettre de battre n’importe qui.
Kvitova et Ostapenko en embuscade
La recette pour remporter un Grand Chelem, Petra Kvitova et Jelena Ostapenko l’ont précieusement conservée dans un coin de leur tête. Et rien de tel qu’une préparation réussie pour entamer une quinzaine avec l’étiquette d’outsider crédible collée dans le dos.
Un statut que la championne de Miami semble parfaitement capable d’assumer tant elle a écrasé les débats pour remporter le 31e titre de sa carrière du côté de Berlin, sans perdre le moindre set. Outre sa victoire en finale face à Donna Vekic (6/2, 7/6(6)) – tombeuse d’Elena Rybakina en huitièmes de finale – la 9e mondiale s’est également offert un succès de prestige face à Caroline Garcia en quarts. Sa première victoire sur une joueuse du Top 10 depuis son parcours triomphal à Wimbledon en 2011. Également sacrée en 2014, la gauchère de 33 ans n’a pas caché son bonheur de remettre les pieds sur herbe, elle qui compte désormais 12 victoires lors de ses 13 derniers matchs sur la surface.
Si son parcours a été moins fluide, à l’image de ses batailles contre Venus Williams (6/3, 5/7, 6/3), Magdalena Frech (4/6, 7/5, 6/2) et Anastasia Potapova (5/7, 6/2, 6/4) pour parvenir jusqu’en finale, Jelena Ostapenko n’en a pas moins impressionné par sa qualité de frappe et sa capacité à faire déjouer ses adversaires. Tombeuse de la tête de série n°1 Barbora Krejcikova en finale du WTA 250 de Birmingham (7/6(8), 6/4), la Lettonne a remporté le premier titre de son exercice 2023, le 6e de sa carrière.
Entre les deux championnes de Roland-Garros (2017 et 2021), la bataille a été âpre et le niveau de jeu élevé. De bon augure pour les semaines à venir. "Je suis vraiment fière de moi et de la manière dont je me suis battue, a analysé la demi-finaliste de Wimbledon 2018. J’ai bataillé pour chaque point, jusqu’au dernier et j’ai remporté des matchs que j’aurais pu perdre. C’est une excellente préparation pour Wimbledon et je suis heureuse de la façon dont je joue."
A noter toutefois le joli lot de consolation pour Krejcikova, qui réintègre le Top 10 mondial suite à sa belle aventure. Elle a par ailleurs été couronnée de lauriers en double, en compagnie de Marta Kostyuk. Engagée à Berlin, son habituelle coéquipière Katerina Siniakova s’est quant à elle inclinée en finale face à la paire Caroline Garcia / Luisa Stefani. Il s’agit du premier titre en double de la Française depuis son sacre à Roland-Garros 2022.
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Le show Bublik
Lorsqu’on parle de joueurs à absolument éviter dans un tableau de Grand Chelem, difficile de ne pas citer Alexander Bublik. Et les favoris de l’édition 2023 seront ravis d’apprendre qu’ils ne pourront pas l’affronter au premier tour puisqu’il sera tête de série à Londres ! Auteur d’une semaine exceptionnelle à Halle, le fantasque joueur de 26 ans a remporté son titre le plus prestigieux, le deuxième de sa carrière sur le circuit professionnel. Vainqueur de Borna Coric, Jan-Lennard Struff, Jannik Sinner, Alexander Zverev et enfin Andrey Rublev en finale, le désormais 26e joueur mondial (son meilleur classement) a lié le spectacle au sérieux et à la concentration pour prendre le meilleur sur des adversaires tous mieux classés que lui.
Capable de servir des secondes balles à 195km/h ou d’enchaîner un lob parfait derrière un service à la cuillère pour décontenancer ses vis-à-vis, le Kazakh a surtout prouvé qu’il pouvait se muer en formidable joueur complet sur la durée. "Ce titre représente tellement pour moi, a-t-il confié à l’issue de sa victoire. Je me suis battu pendant 6 mois et maintenant je gagne ce trophée… J’ai travaillé dur. En passant au Hall of Fame ici avant d’entrer sur le court face à Struff (au deuxième tour) je me suis dit en voyant les noms que je les connaissais bien et que ce serait bien qu’il y ait le mien un jour. Mais je ne pouvais pas du tout imaginer que j’allais gagner ce tournoi. Je suis vraiment, vraiment heureux."