Depuis quelques jours, dans vos écrans ou sur les courts, l’ocre a cédé sa place au vert des gazons européens. Et alors que le tableau principal de l’édition 2023 de Wimbledon monopolisera l’attention à partir du 3 juillet, l’heure est encore aux interrogations. En voici huit, qui trouveront leur réponse définitive le 16 juillet sur le célèbre balcon du All England Club.
WTA / ATP : de la terre promise à l’herbe verdoyante
La page Roland-Garros magnifiquement tournée, place à la courte mais intense saison sur gazon pour les protagonistes de la WTA et de l’ATP.
Djokovic, 3 – 8 – 24 ?
Certes, la saison sur gazon ne se limite pas à Wimbledon. Mais c’est pourtant bien le cas depuis 2018 lorsqu’il s’agit de Novak Djokovic. Récent vainqueur de son troisième titre à Roland-Garros – le 23e en Grand Chelem – le Serbe a d’ores et déjà annoncé qu’il ne changerait pas ses bonnes habitudes sur herbe. Sacré lors des quatre dernières levées du Majeur londonien, il sera de nouveau ultra-favori lors de cette édition 2023.
Et les enjeux seront nombreux pour le protégé de Goran Ivanisevic. Il tentera en effet de poursuivre sa quête d’un Grand Chelem calendaire, d’égaler la mythique marque de Margaret Court (24 Majeurs) et d’égaler le record de Roger Federer au All England Club (8 titres). Honoré cette semaine au tournoi d’Halle qu’il a remporté à dix reprises, le "Maestro" a rendu hommage à son ancien rival, sans toutefois se prononcer quant à l’identité du plus grand joueur de l’histoire. "Je pense que ce qu’a fait Novak est incroyable. C’est une super époque pour être un amateur de tennis mais aussi un joueur. J’ai demandé à un ami ce qui était le plus difficile entre gagner Wimbledon à 17 ans comme Boris Becker ou Roland-Garros à 36 comme Novak. Je n’ai pas la réponse" a-t-il expliqué au public.
Un nouveau sacre dans son deuxième jardin pourrait définitivement ancrer le statut du natif de Belgrade.
Swiatek, l’herbe sera-t-elle plus verte ?
Si elle a également remporté son 3e Roland-Garros il y a moins de deux semaines et si sa domination sur dur et sur terre n’est plus à prouver, le chemin d’Iga Swiatek semble plus sinueux sur herbe. Arrivée à Wimbledon sans disputer de tournoi de préparation l’an passé, la reine du circuit avait vu sa série de 37 victoires consécutives stoppée dès le troisième tour par Alizé Cornet.
Moins puissante que ses concurrentes directes Aryna Sabalenka et Elena Rybakina, la Polonaise a besoin de prendre la pleine mesure de la surface pour pouvoir y appliquer sa recette gagnante. Cela explique sans doute sa volonté de se tester sur le gazon de Bad Homburg la semaine prochaine. Reste à savoir si son côté tacticienne et sa formidable technique lui permettront enfin d’avoir la main verte.
Sabalenka, Alcaraz : n°2 aux ambitions similaires ?
Si Iga et Novak règnent en maître sur la discipline, leur place au soleil est désormais régulièrement menacée par des dauphins aux allures de requins. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne Aryna Sabalenka. Privée de Wimbledon l’an passé, la demi-finaliste de l’édition 2021 possède des atouts indéniables (mise en jeu, puissance de frappe) pour briller sur herbe. Si l’on prend aussi en compte toute la confiance accumulée depuis le début de son exceptionnel exercice 2023, la championne de l’Open d’Australie fait légitimement figure de favorite à l’approche du troisième Grand Chelem de la saison.
Il est plus difficile en revanche de coller fixement une étiquette dans le dos de Carlos Alcaraz. S’il brille presque partout où il passe, son inexpérience sur cette surface joue contre lui. Avant son succès à l’arrachée contre Arthur Rinderknech (4/6, 7/5, 7/6(3)) au Queen’s ce mardi, il n’avait disputé que six petits matchs sur gazon, tous à Wimbledon. Ses victoires face à Jan-Lennard Struff, Tallon Griekspoor ou encore Oscar Otte l’an passé avaient fait naître de beaux espoirs, douchés par le futur quart de finaliste Jannik Sinner. En constante progression et doté d’arguments essentiels pour devenir maître jardinier (vitesse d’exécution et de déplacement, coup droit dévastateur et toucher soyeux), l’élève de Juan Carlos Ferrero peut-il atteindre la finale du Grand Chelem londonien dès sa troisième participation comme l’avait fait un certain Rafael Nadal ? Affaire à suivre.
Qui fera la meilleure opération comptable ?
Voici une question pour tous les protagonistes. A l’issue de cette parenthèse de verdure, les classements WTA et ATP pourraient être bien différents. La raison ? Au All England Club, il n’y aura aucun point à perdre et tout à gagner. De quoi bouleverser la hiérarchie à tous les étages et rendre chacun des tours particulièrement passionnants. Bien évidemment, il ne faut pas oublier les tournois de préparation dans lesquels de nombreuses stars ont des unités à protéger. Chez les dames par exemple, c’est notamment le cas pour Beatriz Haddad Maia (745 points), Ons Jabeur (470 points) ou encore Caroline Garcia (340 points), titrée l’an passé à Bad Hambourg. Chez les hommes, Matteo Berrettini a déjà perdu gros en s’inclinant contre Lorenzo Sonego au premier tour à Stuttgart et en déclarant forfait au Queen’s, deux tournois remportés en 2022.
Quel Wimbledon pour Kontaveit ?
L’annonce a attristé l’ensemble du circuit mondial. En raison d’une blessure dégénérative au dos, l’Estonienne Anett Kontaveit a annoncé cette semaine qu’elle mettrait un terme définitif à sa carrière à l’issue de Wimbledon, à seulement 27 ans.
"Aujourd'hui, je vous annonce que je mets un terme à ma carrière d'athlète professionnelle. Après de nombreux rendez-vous médicaux, j'ai appris que je souffrais d'une dégénérescence d’un disque lombaire. Cette situation ne me permet plus de m'entraîner à fond et il m'est donc impossible de continuer à jouer au plus haut niveau dans un domaine aussi compétitif. Le tennis m'a beaucoup apporté et appris, et j'en suis très reconnaissante. Il a été important pour moi de porter haut le drapeau estonien sur les courts et de pouvoir jouer devant les fans du monde entier. Je suis prête à relever de nouveaux défis après mon dernier effort en tant que joueuse de tennis professionnelle pour profiter du jeu et concourir du mieux possible à Wimbledon" a-t-elle expliqué sur son compte Instagram.
L’ancienne n°2 mondiale (2022) a remporté six titres dans sa carrière et a également disputé la finale du Masters WTA en 2021. Nul doute que le public et l’organisation du tournoi lui rendront un très vibrant hommage à l’occasion de sa dernière apparition.
Et si la prophétie de Tiafoe se réalisait ?
"Qui intègrera le Top 10 ? Qui gagnera le plus de Grand Chelem ? Qui remportera son premier tournoi sur herbe ? Et Wimbledon ?" Interrogé en début de saison mais aussi plus récemment, Frances Tiafoe avait répondu comme toujours avec le sourire, en se citant allègrement dans ses réponses. Et de la parole aux actes, il n’y a qu’un pas pour l’Américain, entré dans le Top 10 pour la première fois de sa carrière à l’issue de son premier titre sur herbe, à Stuttgart.
Toutefois, s’il se voit bien gagner un Grand Chelem cette année et disputer la finale de Wimbledon face à Novak Djokovic, Big Foe a d’ores et déjà perdu son pari concernant le Queen’s suite à sa défaite en huitièmes de finale face à son compatriote Sebastian Korda. Une confrontation qui met en lumière la période dorée du tennis américain puisque sept porte-drapeaux figurent dans le Top 50 et, pour la première fois depuis 2012, deux sont installés dans le Top 10 (Taylor Fritz et Frances Tiafoe).
Un gazon bleu – blanc – rouge ?
Si la bannière étoilée peut-être fière de ses représentants, les Français ne sont pas en reste depuis le début de la campagne sur herbe.
Côté messieurs, Richard Gasquet – double demi-finaliste à Wimbledon en 2007 et 2015 – s’est offert une 600e rugissante en prenant le meilleur sur Stefanos Tsitsipas à Stuttgart. Victoire prestigieuse également pour Adrian Mannarino, tombeur de Daniil Medvedev du côté de Bois-le-Duc. Enfin, on l’a dit, Arthur Rinderknech est passé proche de l’exploit au Queen’s contre Carlos Alcaraz, tout comme Arthur Cazaux, finaliste malheureux du Challenger de Nottingham face à Andy Murray. Les dames ne sont pas en reste puisque Alizé Cornet a atteint le dernier carré à Nottingham alors que Caroline Garcia est encore en lice à Berlin, en simple comme en double.
Voilà qui laisse augurer de très belles performances tricolores dans les semaines à venir.
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Les "anciens" vont-ils poursuivre leur résistance ?
Depuis que la verdure a repris ses droits, plusieurs noms bien connus du circuit ont été sur toutes les lèvres. La hargne toujours chevillée au corps, le Britannique Andy Murray a de nouveau fait des étincelles en remportant deux Challengers consécutifs à Surbiton puis Nottingham avant de coincer au Queen’s contre Alex de Minaur. Bien plus surprenant encore, le retour gagnant de Kei Nishikori (sur dur). Absent des courts depuis octobre 2021 et une grave blessure à la hanche, le Japonais a réalisé un incroyable come-back en remportant le Challenger de Palmas del Mar, son premier titre depuis Adélaïde en janvier 2019 ! A noter également la victoire de Milos Raonic contre Miomir Kecmanovic au premier tour à Bois-le-Duc avant toutefois de déclarer forfait pour le Queen’s, gêné par une blessure à l’épaule.
Enfin, comment ne pas évoquer la victoire de la doyenne du tennis mondial Venus Williams ? A 43 ans, l’Américaine a battu Camila Giorgi au terme d’un match marathon de 3h17 (7/6(5), 4/6, 7/6(6)), son premier succès contre une joueuse du Top 50 depuis 2019. Et comme un bonheur ne vient jamais seul, elle a appris dans la foulée l’obtention d’une wild-card pour Wimbledon !