Malmenée comme jamais cette année à Paris, Iga Swiatek a cédé la deuxième manche avant de se montrer solide et déterminée pour s'offrir son troisième titre à Roland-Garros (6/2, 5/7, 6/4). Karolina Muchova a offert une formidable résistance et une finale épique au court Philippe-Chatrier avant de finalement céder devant la force mentale de l'indétrônable reine du circuit et de la Porte d'Auteuil. A 22 ans, la Polonaise est plus que jamais sur le toit du tennis mondial.
Indétrônable Swiatek
Iga Swiatek a dominé Karolina Muchova (6/2, 5/7, 6/4) pour remporter son troisième Roland-Garros à seulement 22 ans.
Un beau roman, une autre histoire
Tranquillement, elle rédigeait les lignes d’un roman lu et relu. Un premier set disputé mais rapidement plié, avant de dérouler. A 3-0 au milieu de la deuxième manche, l'évidence sautait aux yeux : Iga Swiatek filait vers un 4e titre du Grand Chelem. Mais Karolina Muchova lui a pris le stylo des mains. Plus que quelques simples ratures, elle a transformé le récit linéaire en aventure épique.
Premiers lecteurs, les heureux spectateurs ont d'abord espéré que le conte du jour se prolonge. Des "Karo, Karo" sont descendus des tribunes, rapidement concurrencés par des "Iga, Iga", preuve du tiraillement qui a hanté le court Philippe-Chatrier entre sa championne préférée et sa brillante outsider.
Portée par son tennis, Muchova a presque soudainement retrouvé l'invisible fil qui la relie au filet depuis toujours. Son agressivité et ses services volées ont enfin été récompensés : elle a transformé les trois balles de break obtenues pour recoller (7/5). Bousculée comme elle ne l’avait plus été depuis 2021, Swiatek a commis plusieurs doubles fautes, symboles de la tension et de la nervosité qui flottaient sur le court dans la dernière ligne droite. Si rares depuis le début de sa quinzaine, les fautes directes ont longtemps ressemblé à des erreurs grossières. Intouchable depuis son huitième de finale 2022 (un set perdu face à Qinwen Zheng) la reine a donc cédé une manche, histoire d'ajouter un brin d'irrationnel à cette rencontre déjà très belle.
L'étiquette de patronne
La dynamique s’est prolongée pendant deux jeux dans la dernière manche. A 2-0 en faveur de la Tchèque, la native de Varsovie a évacué de son esprit les pensées parasites pour retrouver son tennis équilibré, son lift dévastateur et ses balles collées aux lignes. Aidée par la bande du filet sur un point clé, elle est revenue, avant de dépasser son adversaire sur un jeu blanc (3-2). Dans le fond de son sac, elle est allée chercher l’étiquette de "patronne" pour se la recoller dans le dos. Histoire d'étouffer ce qui aurait pu ressembler à l'un des exploits les plus marquants de l'histoire récente de la discipline.
Muchova n’a pas abdiqué pour autant. En distribuant autant de gifles que de caresses, elle a fait trembler la propriétaire des lieux jusqu’au bout. Son break pour prendre les commandes (4-3) aurait pu sceller le sort de ce grand rendez-vous. Mais le cœur de championne d'Iga ne s'est jamais arrêté de battre. Elle s’est remise à avancer dans le terrain et à punir, à grand renfort de coups droits longs de ligne, pour débreaker (4-4).
Une publicité absolument magnifique pour le tennis féminin. Un conte merveilleux dans lequel la reine est finalement parvenue à conserver sa couronne et son trône après une dernière double faute de sa vis-à-vis, passée tout près de la plus grande performance de sa vie (6/2, 5/7, 6/4 en 2h46). Un trophée que la légende Chris Evert s'est chargée de remettre en main propre à celle qui ressemble de plus en plus à une héritière. "Tellement de personnes sont venues de Pologne... Je ressens toute la force que vous m’envoyez, a-t-elle lancé depuis le podium. C’est mon endroit préféré, j’adore revenir jouer ici, c’est toujours un plaisir!"
Sacrée à trois reprises lors des quatre dernières éditions, elle y affiche 93,3% de victoires (28-2). Roland-Garros est définitivement le royaume de l'actuelle meilleure joueuse du monde.