ATP Next Gen : Joao Fonseca, la nouvelle promesse

Le Brésilien de 18 ans est devenu le deuxième plus jeune joueur à remporter les Finales ATP Next Gen.

Joao Fonseca / Remise de prix Finales ATP Next Gen©Peter Staples / ATP Tour
 - Romain Vinot

Ils représentent l’avenir du tennis mondial et étaient tous réunis à Djeddah la semaine passée pour y disputer les finales ATP Next Gen. Parmi ces nouveaux ambitieux dont la réputation n’est parfois plus à faire (Arthur Fils et Jakub Mensik pour ne citer qu’eux), c’est bien le plus jeune et le moins bien classé qui s’est imposé avec la manière, en remportant ses cinq rencontres.

Sous le feu des projecteurs

Peu connu du grand public, le visage encore juvénile de Joao Fonseca est loin d’être étranger aux observateurs aguerris du circuit. Sponsorisé par la marque On – dont Roger Federer est l’un des actionnaires et qui habille également Iga Swiatek et Ben Shelton –, le Brésilien avait déjà fait parler de lui en juniors, devenant le premier représentant de son pays à terminer l’année à la place de n°1 mondial à l’issue de son sacre dans cette catégorie lors de l’US Open 2023.

Des performances remarquées qui lui ont permis de décrocher une wild-card pour disputer son deuxième tournoi professionnel lors de l’ATP 500 de Rio de Janeiro en février dernier. Loin de faire de la figuration, il y avait atteint le Top 8, éliminant sur son passage Arthur Fils et Cristian Garin avant de tomber avec les honneurs face à l’Argentin Mariano Navone. Une première prise de pouls réussie et loin d’être sans lendemain puisqu’il a également disputé les quarts de finale de l’ATP 250 de Bucarest avant de gagner son premier match en Masters 1000 – toujours sur terre battue – à Madrid contre Alex Michelsen. Ajoutez à cela une finale à Asuncion et un titre à Lexington sur le circuit Challenger et vous trouverez l’explication de sa qualification pour le Masters des jeunes et de sa progression de près de 600 places au classement en moins d’un an (du 730e au 145e rang mondial entre début janvier et mi-novembre).

Les présentations étant faites, encore fallait-il que l’élève de Guilherme Teixeira parvienne à tirer son épingle du jeu lors de sa semaine saoudienne. Placé dans le groupe bleu (le plus difficile sur le papier) en tant que tête de série n°8, il a créé une première sensation en s’offrant une nouvelle fois le grand favori et n°1 Arthur Fils dès son entrée en lice avant de pleinement confirmer ses bonnes sensations face à Learner Tien (son adversaire en finale de l’US Open juniors) puis Jakub Mensik, tête de série n°3 de la compétition. Des matchs disputés mais remportés au talent et au mental pour s’assurer une place dans le dernier carré puis en finale, grâce à un nouveau succès net et sans bavure face à Luca Van Assche (4/2, 4/2, 4/1).

Plus nerveux qu’à l’accoutumée sur la dernière marche, il est toutefois parvenu à écarter une balle de deux manches à rien pour Learner Tien (encore lui) dans le tie-break avant de reprendre totalement le contrôle, bien aidé par une première balle chirurgicale (34/41 soit 83% de points gagnés). "Honnêtement, je ne sais pas comment j’ai fait dans le deuxième set, a-t-il tenté d’analyser après la rencontre. J’essayais juste de rester fort au service mais je n’ai pas joué à mon meilleur niveau en début de match, j’étais trop nerveux. Ensuite, c’était un autre Joao dans le troisième ! J’ai été beaucoup plus agressif dans mes coups et dans la quatrième manche, j’ai fait de mon mieux et j’ai gagné." Une victoire finalement scellée sur le score de 2/4, 4/3(8), 4/0, 4/2 synonyme de plus beau titre de sa carrière et de promesse d’un avenir doré.

S’inspirer de ses prédécesseurs

Avec ce sacre, Joao Fonseca succède ainsi à Hyeon Chung, Stefanos Tsitsipas, Jannik Sinner, Carlos Alcaraz, Brandon Nakashima et Hamad Medjedovic. Si les deux derniers vainqueurs n’ont pas encore pleinement exprimé leur potentiel, inscrire son nom au sein de cette prestigieuse liste ouvre indéniablement de très belles perspectives au deuxième plus jeune champion de l’histoire de la compétition, après Jannik Sinner. Le Brésilien nourrit d’ailleurs quelques similitudes avec le patron du circuit, qu’il s’agisse de son jeu (très gros service, aisance et puissance depuis la ligne de fond de court) ou de sa timidité apparente sur et en-dehors des terrains. Les pieds sur terre, il est heureux de sa progression mais sait pertinemment que tout reste à faire. "La manière dont je me suis amélioré physiquement et mentalement est incroyable, j’ai été très fort moralement pour gagner des matchs contre des joueurs du Top 50 ou du Top 20, a-t-il confié. Je suis fier de moi mais évidemment, j’en veux encore plus. Mon rêve est de devnir n°1 mondial. Mais pour le moment, j’ai gagné les Finales Next Gen, je suis très heureux et reconnaissant pour cette année et je veux profiter de l’instant présent."

Porter sur ses jeunes épaules le poids d’une telle consécration ne sera naturellement pas chose aisée mais il semble toutefois incarner le juste milieu entre confiance et volonté d’apprendre face aux meilleurs. "J’ai dit à mon entraîneur que j’aimais prendre part à de gros matchs, dans des circonstances difficiles, a-t-il poursuivi. J’aime jouer contre les meilleurs dans de grandes enceintes et j’aime la pression. Je suis dans un moment où il faut être courageux et où il faut aller chercher les coups et je pense que j’ai beaucoup progressé […] En remportant ce tournoi, je montre que je suis sur la bonne voie. J’espère pouvoir faire la même chose, voire mieux que ce que mes prédécesseurs ont fait, font actuellement et vont faire dans le futur. J’ai hâte de jouer contre eux et j’espère pouvoir le faire en Majeur. C’est là que je veux aller."

Le Brésilien a également profité de la plus belle semaine de sa carrière pour échanger quelques mots avec Rafael Nadal, venu prodiguer de précieux conseils à la jeune génération. "Rafa est une légende ! Je suis un fan de Roger, mais j'aime aussi Rafa, tout comme mon entraîneur qui est un fan. L'écran de déverrouillage de mon téléphone, c’est Rafa accompagné d’une citation. Ce fut un plaisir de le rencontrer. A 19 ans, en 2005, il a remporté onze titres en une saison, c'est tout simplement fou. J'essaierai d'en faire autant" a souri celui qui avait rencontré le Majorquin à l’âge de 4 ans (en 2010) et qui a pu reproduire le cliché souvenir en compagnie de sa mère.

On ne peut évidemment que lui souhaiter le même destin que l’homme aux 22 titres du Grand Chelem