Intouchable, imperturbable, étincelant, clinique, monstrueux… Les adjectifs dithyrambiques accolés au nom de Jannik Sinner au terme du dernier tournoi majeur de l’année ne manquent pas. Auteur d’un exercice 2024 grandiose, le patron du circuit a définitivement marqué les esprits et l’histoire devant un public extatique et totalement conquis.
Finales ATP : Sinner, la cerise sur le gâteau
Ultra-dominateur tout au long de la semaine, le n°1 mondial a bouclé son incroyable saison individuelle par un premier sacre aux Finales ATP.
Une saison digne du Big 3
Sûr de sa force et en confiance, c’est par une célébration tout en retenue que Jannik Sinner a mis un point final à son chef-d’œuvre turinois. Privé de ce trophée l’an passé par Novak Djokovic – qu’il avait pourtant battu lors de la phase de poule –, le n°1 mondial n’a pas laissé la moindre chance à ce scénario de se répéter. Déjà tombeur de Taylor Fritz mardi, il a infligé une nouvelle défaite sur le même score au désormais n°4 mondial (6/4, 6/4 en 1h24), pourtant très inspiré en demi-finales face à Alexander Zverev.
Impérial sur sa mise en jeu (14 aces, 83% de points gagnés derrière sa première et une seule balle de break effacée) et impitoyable de précision (28 coups gagnants, 9 fautes directes), il a exercé une pression constante sur le service d’un adversaire certes plus robuste que lors de la finale new-yorkaise mais qui a fini par craquer à deux reprises.
Une 70e victoire (record) qui lui permet de devenir le premier joueur des années 2000 et le premier Italien de l’histoire à réussir cet accomplissement mais surtout, le premier maître sacré sans perdre la moindre manche depuis Ivan Lendl en 1986. "C’est incroyable, c’est mon premier titre en Italie et cela représente beaucoup pour moi, a confié le meilleur joueur du monde. J’ai essayé de jouer le meilleur tennis possible à chaque rencontre et j’ai réussi à garder un excellent niveau tout au long du tournoi. Le public m’a beaucoup aidé et c’est certainement l'une des semaines les plus spéciales que j'ai vécues sur un court. Je n’aurais pas pu mieux jouer et je suis très heureux de soulever ce trophée."
Au-delà d’un huitième titre en 2024 (en plus de ses deux tournois du Grand Chelem, ses trois Masters 1000 et ses deux ATP 500), ce 26e succès lors de ses 27 derniers matchs fait de lui le troisième joueur de l’histoire à remporter l’Open d’Australie, l’US Open et les Finales ATP la même année, après Roger Federer (2004, 2006 et 2007) et Novak Djokovic (2015 et 2023).
Not too bad comme on dit mais pas une fin en soi pour l’insatiable champion. "Je pense qu’il y a encore des progrès à faire, a-t-il analysé. Je peux encore améliorer certains coups même si ce sont des détails. Mais plus vous jouez à un niveau élevé et plus les détails font la différence. Je ne cherche pas à être le premier qui réussi tel ou tel accomplissement, ce sont juste des statistiques qui n’ont pas encore été écrites. Moi, j’essaie toujours de m’améliorer en tant que joueur et de comprendre ce que je peux faire de mieux."
Patron sur le long terme ?
À l’issue d’une saison individuelle aussi prolifique (il doit encore défendre les couleurs de l’Italie en Coupe Davis cette semaine), difficile de ne pas rédiger noir sur blanc la question qui brûle les lèvres de tous les observateurs : la domination de Jannik Sinner peut-elle s’inscrire dans le temps ? Au vu de son niveau, de sa détermination, de l’écart créé avec ses contemporains et des chiffres, il est pour l’heure impossible de répondre par la négative. Cette saison, il n’a connu la défaite qu’à 6 reprises et a été couronné 8 fois en seulement 15 tournois disputés. Capable de gagner partout (seule la terre battue lui a résisté en 2024 malgré une demie à Roland-Garros et à Monte-Carlo), il compte actuellement 3915 points d’avance sur son dauphin Sascha Zverev.
Mieux, il progresse dans tous les compartiments du jeu et apprend de ses "erreurs" pour s’adapter et conserver son désormais célèbre calme olympien en toutes circonstances. "Non seulement il est le meilleur joueur du monde mais il joue à un niveau extrêmement élevé en ce moment, a d’ailleurs confirmé Taylor Fritz après sa défaite. En fond de court, j’ai l’impression que c’était assez similaire à notre match précédent mais ce qui m’a vraiment impressionné en finale, c’est la façon dont il a servi. C’était brillant, il a touché énormément de lignes […] C’est super de jouer contre quelqu'un qui est meilleur que vous parce que vous voyez vraiment les choses que vous devez améliorer et cela expose les côtés les plus faibles de votre jeu."
Des louanges méritées et qui font écho à celles lancées par Daniil Medvedev après la phase de groupe. Si les meilleurs protagonistes du circuit ATP vont s’évertuer à tenter de trouver des solutions dans les prochains mois, seul Carlos Alcaraz a véritablement été en mesure de faire vaciller le boss, lui infligeant trois de ses six défaites (à Indian Wells, Roland-Garros et Pékin).
Hormis un coup de pompe ou un pépin physique imprévisible, la tâche de ses futurs adversaires sera ardue, d’autant que "S1nner" ne compte pas se reposer sur ses lauriers. "Ce sera la même chose l’année prochaine : on glanera tout ce qu’on pourra et le reste nous permettra d’apprendre. Je pense qu’avec mon équipe, c’est la mentalité que nous avons adoptée tout au long de l’année, en essayant d’élever mon niveau de jeu dans des moments spécifiques" a conclu le principal intéressé. La "Sinnermania" semble donc loin d’être terminée...