Retenez bien son nom. A 20 ans, Hamad Medjedovic a soulevé le trophée le plus prestigieux de sa carrière sur les courts de Jeddah, où se déroulait cette année le Masters Next Gen. Invaincu en cinq rencontres, le protégé de Novak Djokovic a pris le meilleur sur Arthur Fils lors de la grande finale, devenant ainsi le 6e joueur – et le premier Serbe – à inscrire son nom au palmarès de cette compétition. Un sacre bien souvent synonyme d’avenir doré…
Finales ATP Next Gen : Medjedovic, joue-la comme Djokovic
Le jeune joueur serbe a remporté le tournoi de la nouvelle génération, s'inscrivant ainsi dans une prestigieuse liste de champions.
Inspiré par ses compatriotes, soutenu par Djokovic
A la question "Qui est Hamad Medjedovic ?", nombreux sont les observateurs aguerris de la discipline qui étaient capables de répondre avant les finales Next Gen. Professionnel depuis 2021, le désormais 110e mondial a connu une vraie percée en 2023, en remportant notamment trois tournois de la catégorie Challenger (Székesfehérvár en Hongrie, Mauthausen en Autriche et Majorque en Espagne). Demi-finaliste à Gstaad et Astana, il est également parvenu à se qualifier pour ses premiers tournois du Grand Chelem, à Roland-Garros et à Wimbledon, s’inclinant par deux fois au premier tour (contre Marcos Giron puis Christopher O’Connell).
Formé au Novak Tennis Centre de Belgrade, le natif de Novi Pazar n’a jamais caché s’inspirer de ses plus illustres prédécesseurs serbes afin de gravir tous les échelons du tennis mondial. "Le fait d’avoir autant de bons joueurs dans notre pays a joué un rôle important, avait-il évoqué dans une interview accordée à l’ATP. Je me souviens avoir commencé le tennis quand j’étais enfant, nous avions Novak (Djokovic), Viktor (Troicki), Janko (Tipsarevic) et ils étaient tellement bons ! Ils viennent d'un petit pays, le mien, et ça m'a donné beaucoup de confiance et de motivation pour y arriver aussi."
Parmi les trois joueurs cités, deux ont eu un rôle particulièrement crucial dans l’avènement du prodige au plus haut niveau. Ancien n°12 mondial et actuel capitaine de l’équipe serbe de Coupe Davis, Viktor Troicki est devenu son entraîneur à plein temps en début d’année alors qu’Hamad n’était classé que 255e mondial. De son côté, Novak Djokovic n’est pas non plus passé à côté de ce talent précoce. Il y a deux ans, l’homme aux 24 titres du Grand Chelem a décidé de prendre à sa charge tous les frais liés à la carrière de son jeune compatriote. "Novak m'a aidé financièrement, il m'a donné tout ce dont j'avais besoin, il a tout couvert, avait expliqué Hamad cet automne. Il m'a aidé quand j'en avais besoin et il continue à le faire de plusieurs manières. Je suis heureux qu'il soit là pour moi."
Un conte de fées raconté en détails par Eldin, le père de Medjedovic, dans une interview accordée au média Sportal. "Novak m’a présenté plusieurs idées, sur ce qu’il fallait faire pour Hamad et je me souviens lui avoir dit ‘Nole, je suis désolé mais cela coûte beaucoup d’argent…’ mais il continuait à me parler des entraîneurs, de ce que nous allions faire et comment. Il m’a dit ‘Edo, je ne fais pas ça pour l’argent, j’en gagne autrement, je fais ça pour aider. Quel genre d’homme je serais si je n’aidais pas ceux qui le méritent, qui aiment le tennis et qui, en plus, obtiennent de bons résultats ? Tu sais ce qu’on va faire ? Un jour, quand Hamad aura réussi, tu prendras quelqu’un sous ton aile et tu l’aideras de la même manière’".
Un mentor qui ne manque jamais une occasion de conseiller, de soutenir et de féliciter son protégé, à l’image des nombreux messages envoyés durant cette semaine en Arabie Saoudite. Une aventure couronnée de succès pour Medjedovic, quinze jours seulement après le 7e titre de maître glané par son idole. "Nous sommes tous les deux originaires de Serbie, il a remporté le Masters, le vrai et j’ai gagné celui de la Next Gen, a confié le champion en conférence de presse. C’est vraiment énorme et je suis heureux de suivre ses traces, en quelque sorte."
Sa plus belle aventure
Ceux qui ne connaissaient pas la nouvelle pépite du tennis serbe ont découvert un joueur puissant et intelligent tactiquement durant cette semaine dédiée à la jeunesse. "Je me considère comme un joueur très agressif sur le terrain, j’essaie de dicter mon jeu, avait-il prévenu en amont du tournoi. Je ne vais pas me jeter des fleurs mais je pense que j'ai un bon service, un bon coup droit, et que j’ai un style de jeu agressif." Des qualités rapidement mises à profit sur le dur saoudien, en phase de poules d’abord puis en finale face à Arthur Fils, tête de série n°1 et grand favori de la compétition. Une très belle bataille remportée au terme de cinq manches disputées et sous tension (3/4(6), 4/1, 4/2, 3/4(9), 4/1 en 2h11).
Malgré deux balles de set manquées dans le premier acte puis deux balles de match gâchées dans la quatrième manche, Medjedovic a profité de longues pauses pour se remettre les idées en place et retourner au combat. Surtout, il a pu compter sur son engagement pour se mettre à l’abri avec pas moins de 19 aces et 88% de points gagnés derrière sa première balle ! "C’était difficile après le premier set, j’ai changé de vêtements, j’ai récupéré et j’ai recommencé à bien jouer, a-t-il analysé après sa victoire. Je n’ai pas bien géré mes balles de match dans le quatrième set, j’étais très tendu. Mais je m’en suis remis et j’ai essayé de rester détendu pour bien finir […] Je n’arrive pas à croire que j’ai gagné ce titre, mais cela va me donner beaucoup de confiance pour 2024. Arthur est un joueur extraordinaire, il est dans le Top 40 pour une bonne raison, donc je suis très heureux."
Outre son succès final face au Français de 19 ans – qui aura l’honneur de s’entraîner avec Rafael Nadal au Koweït en décembre – le Serbe a battu tous ses adversaires à Jeddah. Alex Michelsen, Luca Van Assche, Abedallah Shelbayh et Dominic Stricker (contraint à l’abandon dans le dernier carré) sont tous tombés sous les coups puissants et la vitesse d'exécution d’Hamad Medjedovic.
La promesse d’un bel avenir
Cinq victoires en autant de rencontres qui ne lui ont pas seulement permis de soulever un joli trophée et de repartir avec un très beau prize money. En plus de braquer le feu des projecteurs sur le vainqueur et de susciter de nombreuses attentes, ce Masters Next Gen est bien souvent synonyme de tremplin vers une brillante carrière. Sixième vainqueur de cette récente épreuve, il succède ainsi entre autres à Stefanos Tsitsipas, Jannik Sinner ou encore Carlos Alcaraz, tous membres émérites du Top 10 mondial et champions dans de très prestigieux tournois. "Ça représente beaucoup pour moi, a-t-il poursuivi. Savoir que tous les grands champions ont gagné ici, ça vous donne beaucoup de confiance et ça vous stimule pour la prochaine saison."
Si Brandon Nakashima, sacré l’an passé, fait exception, tous les vainqueurs de ce Masters des jeunes ont au moins rallié les quarts de finale d’un Grand Chelem l’année suivant leur sacre. "J’ai un jeu puissant et de gros coups mais j’ai encore beaucoup de choses à travailler avec mon entraîneur. Je dois m’améliorer physiquement et au niveau de ma concentration. Je vais profiter de l’intersaison pour le faire" a-t-il conclu.
De l’envie, de l’ambition, une structure très solide et la tête sur les épaules : Hamad Medjedovic a tout pour réussir et être l’un des joueurs à suivre en 2024. D’où notre conseil en introduction, retenez bien son nom.