A 33 ans et près de 5 ans après son dernier titre en WTA 1000, Petra Kvitova a privé Elena Rybakina du Sunshine Double en remportant le tournoi de Miami. Chez les hommes, Daniil Medvedev a sublimé son trimestre de rêve en écœurant Jannik Sinner en finale.
Miami : Kvitova à l'expérience, Medvedev intraitable
Le tournoi floridien a sacré deux nouveaux champions ce week-end : Petra Kvitova et Daniil Medvedev.
Kvitova a (re)trouvé l’équilibre
S’entraîner moins pour gagner plus, tel pourrait être le nouvel adage de Petra Kvitova. "Si je m’entraîne beaucoup, je me lasse du tennis en général et quand je suis sur le terrain, je n’apprécie probablement pas autant de jouer, a-t-elle expliqué dans le WTA Insider Podcast. J’ai besoin d’un peu de temps libre, de ne pas jouer tous les jours ou de ne pas être sur le court pendant des heures. Je veux apprécier le match en lui-même et c’est là que je peux très bien jouer". Une formule qui a porté ses fruits à Miami. A 33 ans, la double championne de Wimbledon (2011 et 2014) a remporté son 30e titre ce week-end, le 9e en WTA 1000 et le premier dans cette catégorie depuis Madrid 2018.
Propulsée en finale par des victoires convaincantes et ce malgré un calendrier alourdi par la pluie, la Tchèque a abordé ce dernier rendez-vous avec confiance mais dans le costume de l’outsider. En effet, de l’autre côté du filet se présentait Elena Rybakina, qui disputait déjà sa troisième finale de l’année et qui visait le prestigieux Sunshine Double. Un duel de serveuses et de joueuses agressives qui a totalement tenu ses promesses dans la première manche.
Un set inaugural dans lequel Kvitova a breaké au meilleur moment, à 5-4. Le scénario parfait pour s’éviter un tie-break face à une joueuse qui restait sur un impressionnant 7 sur 7 dans cet exercice, pensait-on. "Avant la finale, j’ai lu qu’Elena n’avait pas encore perdu de jeu décisif cette saison. J’ai pris une longueur d’avance et je me suis dit ‘OK, c’est bien, je vais servir pour le set’ et boum : tie-break, a-t-elle confié avec humour. Je me suis demandé ce que j’allais bien pouvoir faire mais je me suis aussi dit qu’à un moment, elle allait forcément perdre un tie-break".
Et l’ancienne n°2 mondiale a réussi à faire abstraction des statistiques pour conclure un jeu décisif mémorable (16-14 !), où les deux prétendantes ont eu chacune cinq balles de première manche. "Bien sûr, le tie-break a été décisif aujourd’hui, le match s’est joué là-dessus, a poursuivi la championne. Je pense que c’est le plus long que j’ai disputé dans ma carrière !". Le tournant d’une rencontre qui a ensuite nettement basculé en sa faveur. Mise sur orbite et libérée d’un poids, Kvitova a enchaîné les rallyes victorieux et les frappes inatteignables pour se détacher plus largement et s’offrir le luxe de conclure sur le service d’une Rybakina davantage dans le rouge physiquement (7/6(14), 6/2).
Un premier sacre quelque peu inattendu en Floride qui laisse présager de nouvelles très belles aventures pour celle qui réintègre officiellement le Top 10 ce lundi, même si l’heure n’est ni au bilan, ni à la projection. "Ma carrière dans son intégralité est un rêve. Quand j’étais enfant et que je jouais au tennis pour m’amuser avec mon père, je ne pouvais pas imaginer que je gagnerais deux titres à Wimbledon et tant d’autres. Je devrais être fière de moi, bien sûr, mais quand vous jouez encore, c’est difficile de réaliser. Quand j’en aurais fini avec le tennis, je verrai les choses différemment. Mais pour l’instant, j’enchaîne les tournois chaque semaine, je suis à fond chaque jour et j’ai juste l’impression que ces années sont passées à toute vitesse […] Je ne me fixe pas d’objectifs, je suis simplement heureuse d’être là où j’en suis maintenant. La saison sur terre battue sera longue mais j’espère pouvoir la gérer" a-t-elle conclu.
Daniil le magnifique
Moins en jambe et largement battu par Carlos Alcaraz il y a deux semaines en finale à Indian Wells, Daniil Medvedev a prouvé en Floride qu’il ne s’agissait bien que d’un simple accident de parcours. S’il n’a pas eu le droit à une revanche éclatante – la faute à un Jannik Sinner monstrueux en demie contre Carlitos – l’ancien numéro un mondial ne s’est pas fait prier pour remporter son 5e Masters 1000 en carrière, le premier depuis Toronto en 2021.
Un glorieux sacre venu conclure une épopée absolument magistrale de la part de l’élève de Gilles Cervara, vainqueur de 24 de ses 25 derniers matchs et de quatre titres en deux mois. Une série aux airs de paradis, inimaginable après son élimination précoce au troisième tour à Melbourne. "Cette année, je n’ai pas été bon en Australie alors je suis heureux d’avoir réussi à inverser la tendance, a analysé le vainqueur des tournois de Rotterdam, Doha, Dubaï et donc, Miami. J’essaie toujours de faire de mon mieux et de travailler dur mais on ne sait jamais quand est-ce que ça va payer. C’est le meilleur début de saison de ma carrière. C’est dommage qu’il n’y ait pas eu de Grand Chelem à cette période mais je suis très heureux et j’ai hâte de poursuivre la saison".
Avant de se tourner vers la terre battue, le "spécialiste du dur" comme il se décrit lui-même, s’est donc offert un 19e titre dans un 19e tournoi différent. Pas vraiment émoussé par les trois sets livrés contre Karen Khachanov dans le dernier carré, il a porté l’estocade en finale face à Jannik Sinner, diminué et impuissant face à la maîtrise de son adversaire en fond de court (7/5, 6/3). Malgré un break d’avance dans la première manche, l’Italien n’a jamais vraiment réussi à déborder sa bête noire (il compte désormais six défaites en autant de face-à-face), impérial dans les longs rallyes et très en verve sur son engagement (86% de points gagnés derrière sa première).
Un sentiment de maîtrise, de confiance et de supériorité qui explique en partie la récente moisson du vainqueur de l’US Open 2021. Reste désormais à savoir s’il parviendra à s’appuyer sur cette série pour briller sur terre battue et sur herbe, des surfaces sur lesquelles il est davantage en difficulté. "Même sans jouer mon meilleur tennis, je peux quand même gagner des matchs sur dur. C’est une grande différence. C’est beaucoup plus difficile sur ocre parce que si je ne joue pas au top, je peux perdre beaucoup plus facilement. Mais j’espère que j’évoluerai à mon meilleur niveau sur terre battue" a conclu le quart de finaliste de l’édition 2021 de Roland-Garros.
La curiosité des amateurs – et de Jannik Sinner – sera bientôt satisfaite puisque le désormais n°4 mondial prendra part au Masters 1000 de Monte-Carlo, du 8 au 16 avril.