De simples mots ne suffiront pas à décrire la performance monumentale de Rafael Nadal en finale face à Daniil Medvedev. Mené deux sets à rien, le Majorquin a renversé la situation pour s’offrir son deuxième Open d’Australie après celui de 2009, son 21e titre du Grand Chelem. Une victoire à l’image de l’incroyable carrière du Majorquin, désormais le joueur le plus titré de l’histoire du tennis masculin dans cette catégorie.
AO 2022 - Monumental Nadal !
Au terme d’une finale absolument exceptionnelle, Rafael Nadal a remporté son 21e titre du Grand Chelem, le deuxième Open d’Australie de sa carrière.
"Je ne sais pas quoi vous dire, c’est juste incroyable. Il y a un mois et demi, je ne savais pas si j’allais pouvoir jouer au tennis et là devant vous tous, je soulève le trophée. C’est un des moments les plus émouvants de ma carrière, j’ai reçu énormément d’amour et de soutien pendant trois semaines et ça restera dans mon cœur le reste de ma vie". C’est par ces mots que Rafael Nadal a partagé son immense bonheur avec les spectateurs de la Rod Laver Arena après 5h24 d’un match extraordinaire, l’un des plus beaux moments de l’histoire. Revenu de l’enfer, l’Espagnol a été mené deux sets à rien, a sauvé trois balles de break dans la troisième manche avant de livrer un combat sublime pour renverser le numéro deux mondial (2/6, 6/7(5), 6/4, 6/4, 7/5).
Personne n’aurait pu imaginer un tel scénario, surtout au vu du début de match. Auteur de fautes inhabituelles (16 fautes directes dans le premier set) Rafael Nadal a dû s’employer dès son deuxième jeu de service pour ne pas être breaké. Des points exceptionnels qui ont donné le ton.
Plus tranquille sur son engagement (83% de points remportés derrière sa première), Daniil Medvedev a insisté en retour et un premier break blanc lui a donné raison. Bondissant et infranchissable, il n’a pas été déstabilisé par les slices et les montées plus fréquentes du Majorquin, contraint de s’adapter. Un deuxième break blanc et la première manche était pliée (6/2 en 42 minutes).
En panne sur sa première face à un adversaire très agressif, Rafa a serré le jeu et les dents en attendant son heure, comme face à Denis Shapovalov. Ou plutôt en faisant des efforts considérables, à l’image de cet incroyable échange de 40 coups pour s’offrir une première balle de break. La deuxième a finalement été la bonne, une opportunité capitale contre un Medvedev injouable jusqu’ici.
Plus équilibré, le match est devenu irrespirable lorsque le Majorquin s’est retrouvé en position de servir pour le gain de la deuxième manche, à 5-3. Capable d’amorties exceptionnelles mais également de fautes grossières, il a manqué une opportunité, sauvé quatre balles de break mais a fini par craquer. Difficile à digérer lorsqu’on parvient à prendre l’engagement d’un serveur de la trempe du Russe à deux reprises dans le même set. Toujours devant, même dans le tie-break, Nadal a vendangé trop d’occasions pour finalement perdre une manche qu’il « aurait dû » gagner (7/6(5) en 1h24).
Nombreux sont les joueurs qui se seraient écroulés après un tel scénario. Mais Rafael Nadal n’est pas fait du même bois que les autres. Au bord du gouffre, il a sauvé magnifiquement trois nouvelles balles de break à 3-2 contre lui. Le moment de crier sa rage et de haranguer la foule. De se libérer en quelque sorte, pendant que Medvedev – globalement plus précis et incisif que son vis-à-vis – commençait à s’agacer auprès des ramasseurs de balle et du public, largement acquis à la cause du Majorquin. Impensable quelques minutes auparavant, c’est bien le vainqueur de 20 tournois du Grand Chelem qui a fait le break pour remporter cette troisième manche (6/4 en 1h04) et se relancer complètement dans cette finale de plus en plus dingue.
Une intensité qui n’a absolument pas diminué dans la quatrième manche où les deux hommes se sont rapidement procurés deux balles de break chacun. Et c’est une nouvelle fois l’Espagnol qui s’est montré le plus opportuniste en prenant l’engagement sur une double faute adverse. Le Russe, tout proche de dégoupiller, s’est contenté d’applaudir le public, pas assez fair-play à son goût. Déjà incroyable, cette finale a basculé dans la folie lors du troisième break consécutif de la manche, obtenu à l’arrachée sur sa 7e tentative (!) par Nadal. Un nouveau coup sur la tête du protégé de Gilles Cervara, fatigué, agacé et incapable cette fois de revenir au score (6/4 en 1h02)
Ce sommet de tennis ne pouvait pas se terminer autrement qu’au meilleur des cinq manches. Mais comment les organismes allaient réagir après 4h12 d’un combat déjà énorme ? Les premiers échanges de ce set décisif et le break d’un coup droit long de ligne absolument exceptionnel de Nadal ont donné quelques indices. Les 13 minutes de son jeu de service suivant et les trois balles de break sauvées ont confirmé qu’on avait bien à faire à une finale historique.
Malgré l’intensité, la fatigue et la pression, tous les points ou presque disputés sur le service de l’Espagnol ont été une incroyable bataille. Beaucoup plus facile sur son engagement, le Russe a forcé son bourreau de l'US Open 2019 à servir pour le gain d’un 21e titre du Grand Chelem. Et puisque la dramaturgie n’était pas encore à son paroxysme pour les dieux du tennis, le Russe est revenu à 5-5 alors qu’il semblait beaucoup moins en jambes que son ainé et que ce dernier était à deux points du match.
Rafael Nadal allait-il passer à deux points d’un des plus grands exploits de l’histoire du sport ? Doté d’un mental d’acier, il est retourné au combat sans sourciller pour reprendre immédiatement le service de Medvedev. Une prouesse physique et psychologique qui lui a ouvert les portes de la victoire, concrétisée sur une dernière volée de revers, synonyme de 21e titre du Grand Chelem, le plus inattendu de sa carrière.
Sacré ici même en 2009, le Majorquin était depuis parvenu en finale à quatre reprises sans jamais réussir à soulever le trophée à nouveau. L’affront est effacé, après des mois de douleurs et d’incertitudes quant à la suite de sa carrière. Un succès magistral qui le fait entrer encore un peu plus au panthéon du tennis mondial. Il est désormais le seul joueur masculin à posséder 21 Grands Chelems et le deuxième joueur de l’ère Open (avec Novak Djokovic) à avoir remporté au moins deux fois chaque Majeur. Monumental.