Un sacre annoncé, attendu et inévitable. Sept ans après son dernier titre, Novak Djokovic est devenu ce dimanche le vainqueur le plus âgé de l’histoire des ATP Finals (35 ans). Une sixième couronne pour le seul invincible de cette semaine italienne, qui a conclu son récital par une finale maitrisée face à Casper Ruud. Le point d’orgue d’une saison très particulière pour l’ancien numéro un mondial, appelé à étendre son règne dès 2023.
ATP Finals : Novak Djokovic, le coup de maître
Au terme d’un parcours exceptionnel, le Serbe a égalé le record de Roger Federer en remportant son sixième Masters.
Une fin de saison en apothéose
Le cauchemar s’est transformé en rêve. Privé de l’Open d’Australie puis de l’US Open et éliminé en quarts de finale de Roland-Garros par son rival historique Rafael Nadal, Novak Djokovic aurait pu traverser 2022 comme un fantôme.
Mais le Serbe au mental d’acier et aux capacités physiques hors normes est parvenu à glaner un 21e titre en Grand Chelem à Wimbledon avant d’écraser la concurrence pour s’offrir un 6e Masters. "Ce qui s’est passé en Australie a été un choc et ça m'a pris plusieurs mois pour m'en remettre et retrouver un équilibre optimal, pour commencer à rejouer mon tennis, a-t-il analysé. J’y suis parvenu vers la fin de la saison sur terre battue, j'ai de nouveau gagné de grands trophées, dont Wimbledon évidemment. Et ensuite, les trois derniers mois de l'année ont été fantastiques pour moi, j'ai retrouvé mon rythme et la motivation était toujours là".
Vainqueur à Tel Aviv et Astana puis finaliste du Rolex Paris Masters, c’est un "Djoker" retrouvé qui s’est présenté en favori à l’occasion du dernier rendez-vous majeur de l’année. Un statut pleinement assumé par le nouveau n°5 mondial, auteur notamment d’une performance hallucinante en phase de poule dans une rencontre pourtant sans enjeu contre Daniil Medvedev (6/3, 6/7(5), 7/6(2) en 3h11). Seul ancien vainqueur présent dans le dernier carré, il s’est ensuite montré plus solide dans les moments importants face à Taylor Fritz (7/6(5), 7/6(6)) avant de donner une leçon de réalisme et de maîtrise à Casper Ruud en finale (7/5, 6/3).
Des émotions, pas de suspense
Un dernier rendez-vous à l’issue inexorable malgré une belle résistance du finaliste de Roland-Garros et de l’US Open. Impérial sur sa mise en jeu (85% de points gagnés derrière sa première, 69% derrière sa seconde), "Djoko" n’a lâché que onze petits points sur son engagement, en onze jeux. Des statistiques renforcées par une pression constante sur le service adverse et une capacité à ne jamais rien lâcher, à l’image de cet avant-dernier point de 36 coups pour s’offrir une première balle de match, concrétisée par un ace.
Qu’on ne s’y trompe pas, le Norvégien n’a pas manqué son rendez-vous, il est simplement tombé sur (beaucoup) plus fort que lui. "Une finale se décide toujours sur quelques points et la marge est faible, a tempéré le maître. Ça a encore été le cas aujourd’hui et même si un break dans chaque set a suffi, Casper jouait vraiment bien. J'étais très tendu à la fin, surtout durant le point à 30-30 sur mon engagement dans le dernier jeu. Il faut rester concentré du premier au dernier point, parce que la dynamique peut changer à tout moment et très vite. J'ai raté deux coups droits dans ce fameux jeu, donc j'étais vraiment nerveux mais j'ai été capable de conclure sur un ace, avec la manière".
Demi-finaliste des deux dernières éditions, Novak Djokovic n’avait plus connu un tel dénouement depuis 2015. Une disette relative qui rend ce sacre encore plus spécial : "Sept ans, ça faisait un bail ! Mais le fait d’avoir dû attendre si longtemps, c’est encore plus savoureux et important. C’est un soulagement et une belle satisfaction. J'ai hâte d'avoir quelques semaines de repos, car j'ai été très sollicité tout au long de l'année, que ce soit pour les tournois ou pour obtenir des autorisations pour aller quelque part. Donc, je suis vraiment content d'avoir réussi à terminer de manière positive".
Un dernier trophée en 2022 qu’il a évidemment célébré en compagnie de sa famille, soutien indéfectible tout au long de son aventure dans le Piémont. "Je suis très reconnaissant envers ma femme et mes enfants. Je n'ai pas souvent l'occasion de vivre ces moments avec eux sur le circuit, alors j'essaie bien sûr d'en profiter au maximum, a-t-il poursuivi. La pression et les attentes sont énormes quand on dispute un grand tournoi comme celui-là et le fait de passer du temps avec ma famille m’apaise. Je suis plus serein et ça me permet de me recalibrer et de jouer mon meilleur tennis lors du match suivant. J'espère qu'en grandissant, ils se rendront encore plus compte des moments spéciaux que nous vivons ensemble".
2023 en ligne de mire
Recordman du nombre de semaines passées sur le trône (373 semaines), recordman du nombre de titres en Masters 1000 (38) et désormais recordman du nombre de sacres au Masters (6, à égalité avec Roger Federer), Novak Djokovic ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. A 35 ans, le Serbe nourrit d’incroyables ambitions pour le prochain exercice. "Je me considère toujours comme le meilleur joueur du monde. Peu importe qui est en face, la surface ou la saison, j’ai ce genre de mentalité et d’approche. J’ai eu une fin d’année incroyable et les ambitions sont aussi élevées que possible. Je ne sais pas ce que l'avenir me réserve, mais je sais que j’ai faim de trophées" conclut-il sur le sujet.
Dès janvier, le Serbe – qui n’a aucun point à défendre – se rendra à Melbourne et visera un 22e Grand Chelem, le 10e à l’Open d’Australie. Si Rafael Nadal, Carlos Alcaraz, Daniil Medvedev ou encore les nombreux concurrents de la Next Gen ne l’entendront probablement pas de cette oreille, ils sont toutefois prévenus : le maître est de retour et son appétit est sans limite.