Ce week-end, la terre battue monégasque a sacré un nouveau prince en la personne d’Andrey Rublev. Un 13e trophée à la saveur particulière pour celui qui n’avait jusqu’ici jamais remporté de Masters 1000. Une récompense et une libération méritées pour un joueur très apprécié du grand public et du circuit.
Andrey Rublev, consécration princière
En prenant le meilleur sur Holger Rune en finale, Andrey Rublev a remporté le plus beau titre de sa carrière à Monte-Carlo.
Travail, mérite et détermination
Certaines victoires peuvent passer sous les radars. D’autres, font l’unanimité et restent gravées dans les mémoires. Celle d’Andrey Rublev ce dimanche sur le Rocher entre sans contestation possible dans la deuxième catégorie. Espéré depuis plusieurs années par le joueur de 25 ans et par de très nombreux amateurs de la discipline, ce sacre valait bien une célébration nadalienne et une standing ovation de la part des heureux spectateurs du court Rainier III.
Authentique, sincère et jamais dans la retenue lorsqu’il s’agit de partager ses émotions sur le court et en dehors, le protégé de Fernando Vicente a laissé les larmes l’envahir avant de mettre des mots sur cet accomplissement. "C’est un sentiment incroyable ! Après avoir perdu tant de fois en finale, en demie ou même plus tôt, j’ai tellement lutté pour gagner un premier titre en Masters 1000… Et j’y suis finalement parvenu, je l’ai fait à Monaco dans un tournoi vraiment historique" a-t-il confié.
Une récompense majeure qui arrive à point nommé pour l’un des protagonistes les plus réguliers de l’ATP. Parfois catalogué à tort comme un simple cogneur, sa progression et sa technique lui ont enfin permis de franchir un cap, lui qui comptait déjà sept quarts de finale de Grand Chelem et deux finales de Masters 1000 (Monte-Carlo et Cincinnati 2021) à son actif. Un plafond de verre brillamment brisé grâce à son travail et à celui de son équipe, qu’il n’a pas manqué de remercier. "Ce sont de bons amis et c’est très agréable de progresser avec eux parce qu’ils sont tous très humbles, a-t-il expliqué face aux journalistes. C’est important pour moi d’avoir une connexion en dehors du court car sans ça, je ne pourrais pas continuer à travailler, peu importe la qualité de l’entraîneur ".
Suspense et tension
À l’image de sa carrière, ce succès princier s’est dessiné au mental et au caractère. Tombeur notamment de son ami Karen Khachanov et de Jan-Lennard Struff en deux manches, Andrey Rublev s’est montré renversant face à Taylor Fritz (5/7, 6/1, 6/3) pour rallier une troisième finale de Masters 1000 en carrière. Mais comme le dit l’adage, le plus dur restait à venir face à Holger Rune. Le premier teenager à rallier la dernière marche à Monte-Carlo depuis Rafael Nadal en 2006 semblait sur le même nuage que lors de son sacre au Rolex Paris Masters, durant lequel il avait d’ailleurs pris le meilleur sur son adversaire du jour en huitièmes de finale.
Et si tennistiquement, ce grand rendez-vous n’a pas atteint les sommets espérés, la tension palpable et les rebondissements du premier au dernier point l’ont rendu mémorable. Conscients qu’une telle opportunité ne se présenterait pas tous les jours, les deux protagonistes ont dû lutter face à l’adversité aussi bien que contre leurs propres démons. Une situation parfaitement mise en lumière par la troisième manche, alors que le Danois semblait avoir fait un pas décisif vers la victoire. "Gagner un match comme ça, en étant mené 4-1, 0-30 puis en sauvant une balle de 5-1 et en étant capable de revenir, c’est un conte de fées" a analysé le champion.
Incapable de définitivement faire la différence, Rune s’est laissé envahir par la fatigue, la frustration et la fébrilité, ravivant du même coup une lueur d’espoir de l’autre côté du filet. Suffisant pour que Rublev revienne quasiment de nulle part pour égaliser à 5-5 : "Je me suis dit que si je devais perdre aujourd'hui, je devais au moins y croire jusqu'à la fin, et c'est ce que j'ai essayé de faire dans le troisième set, en espérant que j'aurais peut-être une chance supplémentaire de revenir, et j'y suis parvenu".
Plus intelligent tactiquement, ce dernier a tenté de rallonger les échanges pour faire craquer son jeune vis-à-vis. Une stratégie payante, à l’image de deux smashs manqués et d’une double-faute pour offrir sur un plateau la possibilité au futur champion de servir pour le gain du match. Et cette fois, le bras du 6e joueur mondial n’a pas tremblé pour conclure cette lutte mentale en 2h34 (5/7, 6/2, 7/5).
Objectif Roland-Garros ?
Chaleureusement félicité par son adversaire, par tout le public mais aussi par d’autres éminents membres du circuit, Andrey Rublev pouvait enfin réaliser la portée de cette victoire. Un succès qui suscite fierté et reconnaissance mais qui implique également de nouvelles responsabilités, comme celle de performer dans d’autres grands rendez-vous.
Lucide, le principal intéressé sait que le chemin est encore long mais que ce titre pourrait bien être synonyme de déclic. "J’ai l’impression que je peux encore beaucoup progresser et c’est ce que je ressens à l’entraînement. Le problème, c’est qu’on ne sait jamais quand ça paiera en tournoi. Mais en fin de compte, j’ai gagné ce titre. L’objectif est toujours le même : travailler dur, dans la bonne direction et essayer de progresser autant que je peux" a-t-il conclu.
Ce week-end, la patience et la persévérance ont enfin payé. De quoi offrir à ce joueur réputé pour sa sympathie, un statut de favori crédible au titre à Roland-Garros, dans un peu plus d’un mois.