Lundi à Monte-Carlo, Dominic Thiem a fêté sa première victoire en Masters 1000 depuis près de deux ans. Pour la première fois depuis son sacre en finale de l’US Open, son seul titre du Grand Chelem à ce jour, l’Autrichien est enfin apparu au meilleur de sa forme.
ITW : Thiem de retour sur le devant de la scène
Passé par des moments difficiles durant sa convalescence, l’Autrichien est bien décidé à retrouver son meilleur niveau.
Pour en arriver là, cependant, il lui a fallu parcourir un long chemin et surmonter de nombreux obstacles. En août 2021, à court de forme et de motivation après son triomphe sur le sol américain, le numéro 5 mondial de l’époque subit une grave blessure au poignet droit durant un match sur le gazon de Majorque. Cet accident le tient éloigné des courts pendant neuf mois. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que son retour n’a rien d'un long fleuve tranquille.
Au cours de l’été 2022, Thiem disparaît purement et simplement du Top 350. La deuxième moitié de l’année se déroule un peu mieux pour lui, mais une nouvelle baisse de régime durant les premiers mois de 2023 ravive de douloureux souvenirs. Pour la première fois de sa carrière, il décide donc de faire appel à un psychologue du sport. En dépit de ces coups durs, l’Autrichien assure qu’il n’a jamais cessé de croire à son retour au plus haut niveau.
"C’est vrai, il y a eu énormément de moments très difficiles mais au fond de moi, j’étais certain d’avoir quelque chose de spécial. Je ne voulais pas abandonner sans avoir tout essayé, explique Thiem dans une interview accordée à rolandgarros.com après sa victoire sur le Français Richard Gasquet au premier tour de Monte-Carlo. Si je n’avais pas eu cette certitude ancrée en moi, j’aurais probablement laissé tomber".
À 29 ans, Thiem peut encore nourrir de grandes ambitions. Il a six ans de moins que le numéro un mondial, Novak Djokovic, et sept de moins que Rafael Nadal, l’homme qui l’a battu à deux reprises en finale de Roland-Garros, en 2018 et 2019. Sa longue blessure pourrait même s’avérer être un mal pour un bien. Survenue à un moment où notre interlocuteur traversait une mauvaise passe et éprouvait une sensation de vide après avoir réalisé l’ambition de sa vie, elle lui a paradoxalement permis de souffler.
"Avec le recul, je me dis que cette blessure n’est peut-être pas un hasard. Après l’US Open, j’ai eu beaucoup de mal à me motiver pour aller à l’entraînement ou pour voyager. Je ne m’étais jamais aussi peu entraîné qu’à cette période. Après ma défaite au premier tour de Roland-Garros (en 2021, contre Pablo Andujar), je me suis remis à travailler très dur. Mon corps n’était peut-être pas prêt. Pendant des années, j’ai passé mon temps à repousser mes limites et là, je m’étais relâché d’un coup. C’est à ce moment que je me suis blessé. Comme je le disais, ce n’est sans doute pas une coïncidence. C’est dur à dire, mais pendant cette période compliquée, j’ai vu cette blessure comme quelque chose de positif. J’étais content de pouvoir prendre du recul pendant six, sept semaines. Je me pensais que je reviendrais plus fort après".
Même dans les pires moments, Thiem n’a jamais cessé de croire en lui. "J’ai frôlé le précipice. Vu de l’extérieur, je pouvais donner l’impression de perdre les pédales. Mais au fond, il y avait toujours cette petite lueur, cette petite voix. Sans ça, j’aurais très certainement décroché".
Son retour à la compétition à Marbella en 2022 se révèle plus compliqué que prévu : inquiet, l’Autrichien craint de voir son poignet céder à nouveau. Ses retrouvailles avec le haut niveau commencent donc par une série de sept défaites consécutives, dont un revers contre Hugo Dellien au premier tour de Roland-Garros. Pour la deuxième année de suite, Thiem est recalé d’entrée. Vaincre la peur n’a pas été chose facile, comme il l’admet lui-même.
"Il m’a fallu du temps. Ça fait six mois environ que je me sens libéré. Je peux vraiment me livrer à fond, tout le temps, dans toutes les situations et sur toutes les balles. Je n’ai plus peur, même dans des circonstances qui ressemblent à celles qui ont provoqué ma blessure. Je n’ai plus aucun problème. Au bout du compte, il m’aura fallu tout une année".
À la veille du tournoi de Monte-Carlo, Thiem a annoncé la fin de sa collaboration avec Nicolas Massu, qui remontait à quatre ans. Alors qu'il entame une période d’essai avec Benjamin Ebrahimzadeh, Thiem explique que la décision a été prise d'un commun accord.
"Nous étions sur la même longueur d'onde, ce qui a facilité les choses. Nous avons discuté après le match à Estoril (la semaine dernière) et Nico m’a dit que si je n’avais pas fait le premier pas, il aurait lui-même abordé le sujet. L’un dans l’autre, c’était très positif. Indépendamment de la qualité d’une relation et du niveau de performance, je pense que dans la vie d’un sportif, il est parfois nécessaire d’essayer autre chose. C’est la situation dans laquelle je me trouve. Je me sens bien. Je ne garde que de bons souvenirs du temps passé avec Nico et j’aborde la suite avec beaucoup d’optimisme".
Thiem espère qu'il aura retrouvé son meilleur niveau à temps pour Roland-Garros, un tournoi qu’il est passé tout près de remporter à deux reprises. La partie s’annonce toutefois difficile : entre Nadal et Djokovic - en quête d’un 23e titre du Grand Chelem - et Carlos Alcaraz qui rêve de bousculer une nouvelle fois la hiérarchie, la compétition ne manquera pas.
Thiem a assisté à l’ascension du Murcien en simple spectateur, durant sa convalescence. Impressionné par ses performances, il a craint d’être dépassé par la concurrence.
"Parfois, je me disais que le tennis avait évolué sans moi. La première fois que j’ai vu la nouvelle génération à la télévision et quand j’ai fait mon retour, j’ai compris que le tennis mondial avait énormément progressé. C’est normal. Je suis resté dix mois sans jouer. Pendant ce temps-là, tout le monde a travaillé d’arrache-pied. C’est logique. Maintenant, mon but est de les rejoindre, de me mettre à leur niveau".