Après quelques petits pépins physiques et à l’occasion de leur grand retour sur la terre battue européenne, Iga Swiatek et Carlos Alcaraz ont déjà pleinement rassuré les fans en survolant les débats et en conservant leurs titres à Stuttgart et Barcelone. Même son de cloche du côté d’Holger Rune, de nouveau sacré à Munich après avoir sauvé quatre balles de match. De son côté, Dusan Lajovic a réussi la semaine de sa vie pour s’offrir un deuxième trophée en carrière à Banja Luka.
Swiatek, Alcaraz, Rune : glorieuses récidives
Les têtes de série n°1 ont réussi un joli back-to-back ce week-end en Allemagne et en Espagne.
Alcaraz, l’enchantement permanent
Favori à sa propre succession, Carlos Alcaraz a fait honneur à son statut ce week-end en dominant Stefanos Tsitsipas (6/3, 6/4) au terme d’une finale à sens unique, bouclée en 1h19. Breaké dès le troisième jeu du match, il n’a pas cédé aux sirènes de la nervosité, au contraire. Bien aidé par un excellent taux de conversion derrière sa première (81%) et seulement auteur de quatre fautes directes dans le premier set, il est parvenu comme souvent à tisser une toile dans laquelle le Grec est resté piégé.
"Carlos est le joueur le plus intelligent du circuit, a analysé le finaliste après avoir plaisanté sur le fait que l’Espagnol devait apprendre à partager. Je veux te féliciter pour ta progression depuis quelques années, c’est vraiment impressionnant. Et je crois qu’on peut se dire les choses honnêtement : on te voit tous comme un exemple, même si on est plus vieux que toi. Tu nous pousses à en faire davantage".
Au-delà de ce succès prestigieux – le quatrième en autant de face-à-face – c’est une nouvelle fois le jeu et le caractère du Murcien qui ont ébloui le public, acquis à sa cause dès son entrée en lice. "Jouer à ce niveau, ressentir cette énergie et soulever le trophée devant ma famille, mes amis et mon équipe, c’est incroyable" a-t-il confié lors de la cérémonie de clôture. Ses coups droits dévastateurs, ses amorties déposées derrière le filet, son sang-froid en toute circonstance et sa défense de fer ont eu raison de ses adversaires, plus ou moins spécialistes de la terre et tous écœurés en deux petits sets.
Un nouveau parcours de rêve pour s’offrir le premier back-to-back de sa jeune carrière. Cumulé aux absences d’ores et déjà programmées de Rafael Nadal, Novak Djokovic ou encore Jannik Sinner, ce neuvième titre ATP (le troisième en 2023) vient confirmer un sentiment unanimement partagé par les amateurs de la discipline : le prodige sera le grandissime favori au Masters 1000 de Madrid qui démarre cette semaine.
Et plus si affinités ? "On veut toujours gagner mais ce ne serait pas un échec si je n’y arrive pas. Il faudra voir mon niveau et celui des autres parce que tous les joueurs peuvent me battre, a-t-il expliqué avec humilité avant de se projeter un peu plus loin. Roland-Garros est un objectif clair. J’ai très envie d’y être mais je dois d’abord me concentrer sur Madrid et Rome. Gagner ici me donne encore davantage de confiance". Une très mauvaise nouvelle pour ceux qui croiseront la route de "Carlitos" dans les prochaines semaines.
Swiatek, le retour de la reine
Elle aussi sera la grande favorite à Madrid et Porte d’Auteuil. Très attendus, les premiers pas d’Iga Swiatek sur terre battue n’ont pas déçu. De retour sur le circuit après une tournée américaine écourtée à cause de côtes toujours douloureuses, la numéro un mondiale a également conservé son bien à Stuttgart malgré un tableau très relevé. Renversante face à Karolina Pliskova en quarts de finale (4/6, 6/1, 6/2), elle a malheureusement été privée d’un alléchant duel contre Ons Jabeur dans le dernier carré suite à l’abandon de cette dernière, alors que le tableau d’affichage indiquait 3-0 dans la première manche.
Sur la dernière marche, elle retrouvait Aryna Sabalenka, sa dauphine au classement, pour un remake de la finale 2022. Plus disputée que l’an dernier (la Polonaise avait terrassée son adversaire 6/2, 6/2), la rencontre s’est véritablement jouée en fin de premier set, lorsque la championne de l’Open d’Australie a commencé à s’agacer, cédant son engagement après plusieurs fautes directes. De nouveau breakée d’entrée de manche suivante, elle a dû courir après le score et n’a jamais pu inverser la tendance face à une joueuse impériale en défense (6/3, 6/4 en 1h50).
Cette invincibilité préservée en Allemagne synonyme de deuxième titre de l’année – le treizième en carrière, sur seize finales disputées – lance parfaitement la reine dans une nouvelle quête de gloire sur sa surface de prédilection. "Je voulais vraiment gagner mais je ne pouvais pas me concentrer là-dessus, je devais juste continuer à faire mon travail, comme lors des matchs précédents, a-t-elle expliqué. Je suis heureuse d’avoir gardé une bonne mentalité et d’être restée focus sur mon tennis". Avec 22 victoires en 23 matchs disputés sur terre battue depuis 2022, 1ga aborde la défense de ses titres à Rome et Roland-Garros en pleine confiance.
Rune se relève de tout
Un titre à défendre et une dernière affiche identique à celle de l’an passé : c’est aussi ce qu’ont vécu les heureux spectateurs de l’ATP 250 de Munich. Et quelle finale entre Holger Rune et Botic van De Zandchulp ! Le Danois, qui n’avait jamais perdu la moindre manche en Bavière en deux éditions, s’est écroulé dans le deuxième set avant de se retrouver dos au mur à 5-2 dans le troisième.
Diminué physiquement mais toujours aussi solide mentalement, il est parvenu à se remobiliser pour refaire son retard et remporter le tie-break décisif, le tout en sauvant quatre balles de match ! "Je me sentais vraiment épuisé mais je me suis battu jusqu’à la fin et j’ai fait tout ce que je pouvais pour revenir dans le match, a-t-il lancé le sourire aux lèvres. Je pense que pour le public, c’était la finale parfaite. Nous nous sommes poussés jusqu’à nos limites et je suis très heureux d’avoir réussi à défendre mon titre".
Seulement battu en finale par Andrey Rublev à Monte-Carlo la semaine passée, le 7e joueur mondial n’en finit plus d’impressionner par son jeu et son caractère. De bon augure pour les prochaines échéances, qui pourraient bien être plus ouvertes que prévues.
Le conte de fées de Lajovic
On ne pouvait pas clore ce chapitre des champions du week-end sans évoquer la formidable épopée de Dusan Lajovic à Banja Luka. Alors que tous les projecteurs étaient braqués sur cette ville de Bosnie-Herzégovine en raison de la présence du numéro un mondial Novak Djokovic dans le tableau, c’est bien son compatriote qui a finalement attiré toute la lumière. Il faut dire que le Serbe de 32 ans a mis les petits plats dans les grands pour s’offrir le deuxième titre de sa carrière après Umag en 2019.
Tombeur à la surprise générale du patron du circuit en quarts de finale (6/4, 7/6(6)), il a renversé Miomir Kecmanovic (4/6, 7/6(5), 6/4) pour s’offrir une nouvelle affiche de prestige face à Andrey Rublev, vainqueur sur le Rocher et sur une série de huit succès consécutifs. Pas de quoi faire trembler Lajovic, plus précis que son vis-à-vis et qui a finalement conclu sa semaine de rêve sur sa troisième balle de match, après avoir mené 5-1 dans le set décisif. "Ma dernière finale, c’était il y a quatre ans et j’ai vécu beaucoup de choses depuis, a déclaré l’heureux champion. C'était probablement la chose la plus inattendue pour moi cette semaine. Mais d'un autre côté, j'ai continué à croire en moi, même si je n’étais pas au mieux l’an passé. Cette victoire signifie beaucoup. Je suis ravi et comblé de remporter un titre ATP".
Des succès homériques qui lui permettent de faire un bond de trente places au classement (de la 70e à la 40e place mondiale) et qui sait, de pouvoir rêver plus grand.