Wimbledon : les enjeux de l’édition 2022

Découvrez les enjeux des tableaux dames et hommes de l’édition 2022 de Wimbledon.

Novak Djokovic & Matteo Berrettini / Wimbledon 2021©Corinne Dubreuil / FFT
 - Romain Vinot

Trois semaines seulement après un Roland-Garros particulièrement réjouissant, place à Wimbledon ! Une édition 2022 d’ores et déjà marquée par l’absence de plusieurs top joueuses / joueurs et la non-attribution de points actée par la WTA et l’ATP. Un Grand Chelem particulier donc mais loin d’être dénué d’attentes, dans les deux tableaux. Tour d’horizon des enjeux de ce troisième Majeur de l’année.

La quête folle de Nadal, Djokovic toujours en embuscade

Arrivé à Londres ce lundi après une semaine d’entraînement rassurante sur le gazon majorquin, Rafael Nadal a levé les derniers doutes concernant sa participation à Wimbledon. Brillant vainqueur de l’Open d’Australie et de Roland-Garros, l’homme aux 22 Majeurs est pour la première fois de sa carrière en position de réaliser un incroyable Grand Chelem calendaire. Une situation inimaginable il y a encore quelques mois, lorsque ce dernier mettait fin à sa saison 2021 sans aucune certitude sur la suite de son aventure au plus haut niveau.

S’il reste prudent quant à l’évolution de la douleur liée à sa blessure au pied et sa capacité d’adaptation au gazon londonien, sa rage de vaincre, son attitude, son tennis et son statut de tête de série n°2 lui confèrent un costume à sa taille : celui de favori pour le titre.

--> DIRECTION LONDRES POUR RAFAEL NADAL

Un statut qu’il partage avec Novak Djokovic, évidemment. Absent des débats à Melbourne et dépossédé de son titre Porte d’Auteuil ainsi que de son trône de numéro un mondial, le Serbe compte bien remettre les pendules à l’heure dans son "autre" jardin. Triple tenant du titre, sa défense et sa couverture exceptionnelle de terrain le rendent quasi invincible au All England Club, peu importe si sa saison 2022 est très éloignée de ses standards habituels.

Légitimement habité d’un sentiment de revanche, le "Djoker" - tête de série n°1 en l’absence de Daniil Medvedev et Alexander Zverev - n’a pas disputé le moindre tournoi de préparation afin d’être dans les meilleurs dispositions physiques possibles à Wimbledon. Une stratégie osée mais payante puisqu’il a remporté cinq de ses six trophées londoniens dans ces conditions…

A noter que les deux rivaux disputent tout de même une exhibition plus que rassurante à Hurlingham. Le Majorquin et le Serbe ont respectivement balayé Stan Wawrinka (6/2, 6/2) et Félix Auger-Aliassime (6/2, 6/1) pour leur première sortie sur gazon.

Swiatek, toujours invincible ?

Une réussite sans compétition préalable dont rêve probablement Iga Swiatek. Invaincue lors de ses 35 dernières apparitions, la numéro un mondiale n’a pas disputé de match depuis son deuxième sacre à Roland-Garros, la faute à une gêne récurrente à l’épaule. Si elle n’est vraisemblablement pas en manque de rythme, elle pourrait toutefois avoir besoin de temps pour trouver ses repères, sur une surface où ses coups forts et ses déplacements sont moins efficaces qu’à l’accoutumée.

Un déficit de préparation qui ne remet cependant pas en cause son statut de grandissime favorite, tant sa domination est écrasante depuis de nombreux mois. Assurée de conserver sa couronne au sommet de la WTA peu importe son résultat, la Polonaise de 21 ans a l’occasion de dépasser Monica Seles (36) et Martina Hingis (37) au petit jeu des victoires consécutives mais également de devenir la première joueuse depuis Serena Williams en 2015 à enchaîner Roland-Garros et Wimbledon la même année. Une perspective alléchante mais aussi un immense défi pour "1ga", qui n’a jamais dépassé les huitièmes de finale à Londres.

A ce stade en 2021, elle avait été éliminée en trois manches par Ons Jabeur. Première joueuse arabe à se hisser en quarts de finale sur le gazon londonien, la Tunisienne a bien l’intention de briser encore un peu plus le plafond de verre en s’octroyant un premier titre en Grand Chelem. "Wimbledon est l'un de mes principaux objectifs, je l’ai en tête depuis le début de l’année. Cela fait du bien de revenir sur une surface que j'aime tant" a-t-elle récemment affirmé à WTA Insider.

Sacrée à Madrid puis finaliste à Rome avant d’être précocement éliminée au premier tour de Roland-Garros, elle a d’ores et déjà repris sa marche en avant en remportant avec autorité le tournoi de Berlin, se hissant au passage à la 3e place mondiale (elle sera même 2e ce lundi). Des récentes performances et un nouveau statut qui font de cette joueuse extrêmement appréciée la principale rivale d’Iga Swiatek sur la ligne de départ de ce troisième Majeur de l’année. Choisie par Serena Williams pour disputer le double à Eastbourne, c’est une Ons Jabeur sur un petit nuage qui a épaté la reine par son jeu et son attitude. De bon augure avant, peut-être, d’écrire une nouvelle très belle page de son histoire.

Des outsiders plus ou moins en forme

Si la Tunisienne apparait comme une sérieuse candidate au titre, qu’en est-il des autres prétendantes ? Difficile d’y voir clair si on se réfère au tournoi d’Eastbourne qui a d’ores et déjà perdu huit de ses neuf premières têtes de série ! Ainsi, Badosa, Sakkari, Pliskova, Muguruza, Krejcikova, Rybakina, Teichmann et Keys ont toutes cédé avant les quarts de finale. Mais ces défaites précoces peuvent s’apparenter à de simples accidents de parcours et ne doivent pas faire oublier la capacité de ces joueuses à aller loin dans les grands rendez-vous.

Récente finaliste de Roland-Garros et demi-finaliste à Berlin (éliminée par Ons Jabeur), Coco Gauff aura également à cœur de briller dans un Grand Chelem qui l’a révélée aux yeux du grand public en 2019. Il faudra également surveiller l’actuelle numéro deux mondiale (jusqu’à lundi), Anett Kontaveit, qui a récemment stoppé sa collaboration avec Dmitry Tursunov pour s’engager dans une nouvelle aventure en compagnie de Torben Beltz, ancien coach d’Angélique Kerber et plus récemment d’Emma Raducanu. Enfin, n’oublions pas de citer Beatriz Haddad Maia qui comptabilise douze victoires consécutives et deux titres à Nottingham et Birmingham. Bien qu’elle n’ait jamais vraiment performé en Majeur, elle n’en reste pas moins la joueuse la plus brillante sur gazon cette saison, et de loin.

Chez les hommes, la hiérarchie des outsiders est plus claire : il y a Matteo Berrettini et les autres. Eloigné des courts pendant près de trois mois suite à une opération de la main droite, l’Italien s’est offert un retour à la compétition fracassant en s’adjugeant avec la manière les tournois de Stuttgart et du Queen’s. De quoi offrir sur un plateau le statut de troisième homme au finaliste de l’an passé, prêt à devenir le premier Transalpin sacré au All England Club. "Je ne pense pas être le favori, mais je sais que je peux le faire, a-t-il expliqué à Sky Italia. Mon objectif est de vivre un grand tournoi à Wimbledon et j’espère que ce seront deux semaines très intenses". Il faudra peut-être pour cela parvenir à gravir la montagne Djokovic, qui a remporté leurs quatre dernières confrontations dont les trois plus récentes l’an passé en Grand Chelem.

Nick Kyrgios, dont le classement ne reflète pas son niveau réel, fera comme souvent office d’épouvantail dans le tableau masculin. Contraint au forfait à Majorque, il a atteint le dernier carré à Stuttgart et Halle, régalant les spectateurs par ses facéties et ses coups imprévisibles. Sur les bords de la Saale, l’Australien a buté sur un Hubert Hurkacz toujours aussi solide sur herbe. Demi-finaliste l’an passé, le Polonais voudra faire au moins aussi bien, tout comme Félix Auger-Aliassime, de plus en plus performant dans ce type d’événements. Stéfanos Tsitsipas, Cameron Norrie, Denis Shapovalov ou encore bien sûr Carlos Alcaraz pourraient également bénéficier d’un tableau ouvert pour briller à Londres.

London surprise party ?

L’absence de certains top joueurs / joueuses et le manque de confiance de plusieurs têtes de série semblent constituer un terreau particulièrement fertile pour des surprises et autres éclosions de jeunes talents. C’est notamment le cas de Tim van Rijthoven, tombeur consécutivement d’Hugo Gaston, Félix Auger-Aliassime et Daniil Medvedev pour s’offrir un premier titre sur le circuit lors du Libema Open de ‘S-Hertogenbosch ! Une performance remarquable et remarquée puisqu’elle lui a offert une wild-card synonyme de premier tableau principal en Grand Chelem. S’il n’a pas connu la même réussite à Halle et Eastbourne qu’à Roland-Garros, il faudra également se méfier du Danois Holger Rune, qui a d’ores et déjà franchi des paliers à vitesse grand V cette saison.

Une édition 2022 qui se déroulera sans Sébastian Korda, dont le forfait a été récemment annoncé sur les réseaux sociaux. "J'ai dû malheureusement me retirer de Wimbledon après mon match à Eastbourne. Je joue malgré des terribles périostites tibiales et des pieds détruits depuis un certain temps maintenant, et je ne peux plus continuer comme ça. On m'a conseillé de me reposer et m'octroyer un temps de récupération" a confié l’Américain. Le diagnostic est différent mais l’issue est la même pour Leylah Fernandez, quart de finaliste Porte d’Auteuil et victime d’une fracture de stress au pied droit.

Son adversaire en finale de l’US Open et huitième de finaliste à Londres pour sa première participation à un Majeur sera bien présente. Devant son public, Emma Raducanu devra composer avec une pression bien plus grande que l’an passé puisqu’elle sera tête de série n°10. Enfin, si les jeunes seront scrutés avec attention, nul doute que le public suivra avec attention les performances des anciens et particulièrement de la reine Serena Williams et de l’enfant du pays, Andy Murray.

--> SERENA, ANDY ET STAN : LES ANCIENS FONT DE LA RESISTANCE