Quatre joueuses, quatre profils différents mais un objectif commun : succéder à Ashleigh Barty au palmarès de Wimbledon. Ce jeudi, Ons Jabeur défiera sa grande amie Tatjana Maria puis Simona Halep et Elena Rybakina prendront possession du Centre Court pour se livrer un duel alléchant.
Wimbledon 2022 : une championne, une favorite et deux novices
Ons Jabeur, Tatjana Maria, Simona Halep et Elena Rybakina ne sont plus qu’à une marche de la grande finale.
Jabeur – Maria : demie entre amies
Le tennis réserve (souvent) de belles surprises. Amies dans la vie, Ons Jabeur et Tatjana Maria vont se retrouver sur le Centre Court ce jeudi pour disputer la première demi-finale de leur histoire en Grand Chelem. Une confirmation pour la numéro deux mondiale, favorite de cette partie de tableau et éliminée au stade des quarts l’an passé. Un exploit pour l’Allemande de 34 ans, 103e joueuse au classement WTA et maman de deux petites filles nées en 2013 et 2021. Des enfants dont "tante Ons" comme l’appelle Tatjana, est très proche. "J’ai demandé en rigolant à Charlotte (l’ainée) si elle allait me soutenir moi ou sa mère, a plaisanté la Tunisienne en conférence de presse. J’essaie de mettre les enfants de mon côté, d’utiliser la famille ! Ils sont vraiment adorables. Je suis heureuse pour Tatjana, elle obtient ce qu’elle mérite, je sais qu’elle a beaucoup lutté. Ce n’est pas facile de revenir après avoir eu deux bébés. Ce sera un grand match entre nous, avec beaucoup de respect, c’est sûr".
Tatjana Maria, la belle histoire
En 45 tentatives jusqu’ici (en comptant ses participations aux qualifications), Tatjana Maria n’avait jamais passé le cap du troisième tour en Grand Chelem. Pour entrer dans le cercle très fermé des joueuses de plus de 34 ans à accéder au dernier carré de Wimbledon – avec Billie Jean King, Martina Navratilova, Chris Evert, Venus et Serena Williams – l’Allemande a réalisé un parcours admirable, prenant notamment le meilleur sur les têtes de série Sorana Cirstea (n°26), Maria Sakkari (n°5) et Jelena Ostapenko (n°12).
Sa science du jeu et du slice lui a permis de contrer la puissance de ses prestigieuses adversaires et de ne jamais abdiquer, y compris lorsqu’elle a dû sauver deux balles de matchs face à la Lettonne en huitièmes de finale. De nouveau dos au mur en quarts face à sa compatriote Jule Niemeier, elle est parvenue à renverser la situation dans une rencontre très spectaculaire où les deux joueuses n’ont pas hésité à multiplier les montées au filet (118 au total sur la rencontre !). "Quand je suis rentrée sur le court, j’étais très nerveuse. Mais heureusement, j’ai réussi à faire descendre la pression et à retrouver mon jeu. Au final, nous avons joué un match incroyable et génial à regarder, je pense" a-t-elle expliqué en conférence de presse.
Mais au-delà de cette très belle série de victoire, c’est bien évidemment le contexte qui rend cet accomplissement particulièrement magnifique. "Je n’avais fait qu’un troisième tour ici et je n’avais jamais passé le deuxième tour dans les autres Grands Chelems, a-t-elle poursuivi. J’ai toujours cru que j’avais quelque chose en moi, que je pouvais le faire. J’y ai toujours cru mais le faire maintenant… Il y a un an, j’ai donné naissance à ma deuxième fille alors si quelqu’un m’avait dit que je serai en demi-finale de Wimbledon… C’est fou !".
L’heure de Ons Jabeur
Désormais, c’est l’une des meilleures joueuses du monde qui se dresse face à Tatjana Maria. Déçue par son élimination précoce au premier tour de Roland-Garros, Ons Jabeur avait pris ce revers avec philosophie, affirmant vouloir retourner au travail pour aborder de la meilleure manière possible un événement coché depuis très longtemps dans son agenda. Une édition 2022 de Wimbledon préparée sereinement grâce à un titre acquis à Berlin puis une participation rafraîchissante en double à Eastbourne en compagnie de Serena Williams. Très attendue dans la partie basse du tableau, la numéro deux mondiale et tête de série n°3 a parfaitement tenu son rang, ne concédant pas le moindre set jusqu’en quarts de finale et ne disputant qu’un seul tie-break étouffant face à Elise Mertens au tour précédent (7/6(9), 6/4).
Celle qui continue, tournoi après tournoi, de faire la fierté du monde arabe, a ressenti la pression et le poids de l’histoire sur ses épaules lors du premier set face à Marie Bouzkova. Tendue (14 fautes directe dans la manche inaugurale) et en difficulté sur sa mise en jeu (52% de premières), Jabeur a logiquement cédé face à l’agressivité de la Tchèque, se remémorant alors sans doute son échec aux portes du dernier carré l’an passé contre Aryna Sabalenka. "Au début j'étais vraiment stressée et je n'avais pas l'impression que c'était réellement moi qui jouais sur le court, a-t-elle précisé en conférence de presse. Mais j'ai réussi à me libérer et à trouver plus d'angles gênants pour elle. J'ai beaucoup mieux joué dans les deuxième et troisième sets".
Une première alerte dans cette quinzaine mais pas de panique pour la dauphine d’Iga Swiatek qui a retrouvé son jeu, ses effets et la diversité de ses trajectoires dans les deux manches suivantes pour finalement s’imposer (3/6, 6/1, 6/1). Largement suffisant pour devenir la première joueuse arabe à atteindre les demi-finales d’un Grand Chelem. "Ça représente tellement pour moi. Ça faisait longtemps que j’espérais arriver à ce stade, a-t-elle poursuivi avec le sourire. J’ai eu quelques difficultés en quarts de finale mais je suis heureuse d’avoir réussi. J’ai parlé avec Hicham Arazi (ancien joueur professionnel marocain, quart de finaliste à l’Open d’Australie et Roland-Garros, ndlr) et il m’a dit ‘les joueurs arabes perdent toujours en quart de finale et il y en a marre ! S’il te plait arrête ça’. Après le match, il était très content et m’a dit ‘Merci d’être enfin parvenue en demi-finale, maintenant tu peux vraiment aller chercher le titre’ ".
Pour écrire encore davantage l’histoire, elle tentera ce jeudi de prendre le meilleur sur "sa copine de barbecue".
Halep – Rybakina : expérience et détermination
Simona Halep, la confiance retrouvée
La deuxième demi-finale opposera deux joueuses très impressionnantes depuis le début de la quinzaine. Seule membre du dernier carré à ne pas avoir perdu la moindre manche lors de ses cinq premiers matchs, Simona Halep a retrouvé ses ambitions et ses sensations à l’occasion de ce Wimbledon 2022. Déstabilisée moralement par des résultats en dent de scie ces derniers mois, la Roumaine a trouvé un nouvel équilibre en compagnie de Patrick Mouratoglou, coach auréolé de succès lors de son association avec Serena Williams. "Chaque jour bien sûr, j’y crois. Et il y croit aussi. Il m'a donné cette confiance et ce sentiment que je peux encore être au top. Ça ne veut pas dire que ça va arriver mais je dois juste me donner une chance de donner le meilleur de moi-même. Et nous verrons, je suis sereine et motivée pour le faire" confiait-elle avant son rendez-vous londonien.
Celle qui n’avait plus disputé de rencontres au All England Club depuis son sacre en 2019 a retrouvé la recette qui lui avait permis d’atteindre les sommets du tennis mondial par le passé. Efficace sur sa mise en jeu et très agressive sur sa ligne de fond de court, elle n’a laissé que des miettes à ses vis-à-vis, à l’image de son succès express face à Paula Badosa, pourtant tête de série n°4 (6/1, 6/2 en un heure).
Opposée en quart de finale à Amanda Anisimova – qui l’avait battue au même stade lors de l’édition 2019 de Roland-Garros – la 18e joueuse mondiale n’a jamais été inquiétée malgré un léger sursaut de la jeune Américaine en fin de deuxième manche (6/2, 6/4). "Je joue mon meilleur tennis (depuis 2019). J’ai beaucoup lutté l’année dernière et maintenant j’essaie juste de retrouver de la confiance. Le tennis est là donc je peux simplement y croire. J’ai commencé à le faire et ça fait du bien" a-t-elle confié après son match.
Une humilité, une confiance et un état d’esprit dont elle aura besoin face à Elena Rybakina.
Elena Rybakina, reine de l’ace
Quelques minutes après la double championne en Grand Chelem, c’est Elena Rybakina qui a validé son billet pour sa première demi-finale dans un tournoi de cette ampleur. La reine des aces (44 durant ce tournoi, 212 au total depuis le début de la saison) a certes lâché le premier set de sa campagne face à Ajla Tomljanovic mais n’a pas pour autant perdu son sang-froid légendaire. Ajoutée à sa puissance et à la maîtrise de son engagement, sa capacité à ne jamais sortir de son match lui a permis de ne pas douter durant son parcours, à l’image des trois tie-breaks remportés lors de ses trois premiers matchs. "Je suis très heureuse de ma performance et d’être en demi-finale. Je vais juste essayer de faire de mon mieux et de profiter" a-t-elle timidement détaillé au début de sa conférence de presse.
Au vu du niveau de jeu affiché par Halep depuis le début de ce Wimbledon, la dernière marche à gravir s’annonce haute pour la Kazakh, qui a perdu leurs deux dernières mémorables confrontations à Dubaï en 2020 puis à l’US Open en 2021. "Des matchs très difficiles. A Dubaï, j’avais perdu sur un tie-break très serré. A l’US aussi, et j’étais un peu blessée. Je sais juste que je dois bien jouer jusqu’au bout, parce que c’est une grande combattante a-t-elle justement analysé. Peu importe le score, je vais devoir rester concentrée sur mon jeu, sur mon plan".
Alors back-to-back gagnant ou grande première ? Réponse ce jeudi.