Dernier qualifié pour le top 8 du simple masculin, Rafael Nadal monte petit à petit en puissance dans cette édition 2022. Arrivé avec peu de certitudes, le Majorquin est au rendez-vous des quarts de finale pour la huitième fois de sa carrière à Londres, où l’attend désormais Taylor Fritz, sur un petit nuage depuis son sacre californien. Novice à ce stade de la compétition, l’Américain fait face à l’un des plus grands défis de sa carrière.
Wimbledon 2022 : Nadal – Fritz, revanche ou consécration ?
Adversaires en finale à Indian Wells, Rafael Nadal et Taylor Fritz se retrouvent en quarts à Wimbledon.
Rafa, un schéma bien connu
Malgré son immense carrière, l’inédit est toujours permis avec Rafael Nadal. A 36 ans, il peut en effet toujours rêver d’un incroyable accomplissement, à la hauteur de sa légende : réussir le Grand Chelem calendaire. Alors que son grand rival Novak Djokovic l’a touché du bout des doigts jusqu’en finale de l’US Open l’an passé, la route est encore longue pour le Majorquin mais elle ne semble plus barrée par son physique. Si sa blessure au pied ne sera jamais totalement derrière lui, ses dernières prestations face à Lorenzo Sonego et Botic van De Zandschulp laissent à penser que tous les voyants sont au vert.
A l’image de ses sacres à l’Open d’Australie et Roland-Garros cette année, l’homme aux 22 Majeurs a débarqué au All England Club sur la pointe des pieds, réaffirmant ses incertitudes et sa volonté de ne pas se projeter plus loin que le fameux match d’après. "D'un point de vue personnel, après tout ce qui s'est passé au cours des deux derniers mois, être en quarts de finale à Wimbledon après trois ans sans jouer ici, c'est incroyable et je suis très, très heureux" a-t-il d’ailleurs confié suite à sa démonstration face à VDZ.
Mais pendant que ses fans se rongent les ongles à chaque sortie, Rafa rôde son jeu, engrange de la confiance et monte en puissance. Sa célébration lors d’un point magnifique et important contre le Néerlandais ne trompe pas, le roi de la terre battue est en mission sur le gazon londonien.
Taylor en pleine ascension
La pression et les attentes, Taylor Fritz y est confronté depuis de nombreuses années. Plus jeune finaliste américain d’un tournoi ATP depuis Michael Chang en 1988 lors de son magnifique parcours à Memphis en 2016, il a rapidement suscité la curiosité de tout un peuple, orphelin d’un vainqueur masculin en Grand Chelem depuis Andy Roddick à l’US Open 2003. Et s’il lui a fallu du temps avant de franchir les nombreux paliers du très haut niveau, son surprenant sacre à Indian Wells cette année l’a repropulsé sur le devant de la scène. Et force est de constater que le 14e joueur mondial y a pris goût.
S’il n’a pas réalisé une grande saison sur terre battue malgré un quart de finale prometteur à Monte-Carlo, le gazon est une surface sur laquelle son jeu et ses presque deux mètres (1m96) s’expriment à merveille. Trois ans après son premier titre glané à Eastbourne, Taylor Fritz a récidivé en juin. Ou comment se préparer parfaitement à l’aube d’entamer sa sixième campagne à Wimb' : "Je pense que je peux aller très loin. J'ai été très concentré ici toute la semaine, donc ça ne va pas être trop difficile pour moi de rester dans cet état d'esprit […] Je me sens vraiment bien pour Wimbledon".
Un parcours différent, une dynamique similaire
De la parole aux actes, il y a souvent un fossé dans lequel l’Américain de 24 ans n’est heureusement pas tombé. Après une entrée en lice convaincante face au talentueux Lorenzo Musetti (6/4, 6/4, 6/3), il n’a pas laissé beaucoup plus d’espoirs à Alastair Gray (6/3, 7/6(3), 6/3) et Alex Molcan (6/4, 6/1, 7/6(3)) éteignant à chaque fois toute tentative de rébellion par un tie-break maîtrisé. Un troisième tour plus satisfaisant que les précédents pour Fritz, en recherche constante de perfection. "Je suis plus heureux de mon niveau aujourd’hui, a-t-il expliqué après sa victoire face au Slovaque. J’ai été très agressif, j’ai frappé de gros coups et j’ai servi du mieux que j’ai pu. J’ai vraiment élevé mon niveau ".
Une montée en puissance confirmée en huitièmes de finale face au surprenant qualifié Jason Kubler. Un nouveau succès sans perdre le moindre set qui lui ouvre les portes d’un premier quart de finale en Grand Chelem. "C’est incroyable. A la fin du match, j’ai eu le sentiment que tout mon travail, tous mes efforts étaient en train de payer. Ça ne me semble même pas réel, je suis en quarts de finale à Wimbledon" a-t-il répété pour s'en convaincre après sa victoire contre l’Australien.
Une confiance dont il aura nécessairement besoin pour tenir la dragée haute à Rafael Nadal. Si le Majorquin a passé plus de temps sur les courts que son vis-à-vis (11h contre 7h30), ses deux manches lâchées en cours de route contre Francisco Cerundolo (6/4, 6/3, 3/6, 6/4) puis Ricardas Berankis (6/4, 6/4, 4/6, 6/3) sont déjà de l’histoire ancienne au vu de son niveau de jeu affiché lors des deux derniers tours. "C’est mon meilleur match depuis le début du tournoi, sans aucun doute. Par rapport aux précédents, j’ai bien mieux fait les choses et j’en suis très heureux. J’ai progressé en termes de détermination et d’agressivité, en montant à plusieurs reprises au filet" s’était-il déjà réjoui après son succès contre Sonego. Une impression parfaitement confirmée face à van De Zandchulp : "L’amélioration pendant le tournoi est nette, je suis heureux d’être de retour en quarts de finale après trois ans sans jouer ici".
Comme à chacune de ses participations à Wimbledon, le Majorquin profite de l’usure du gazon pour avoir de meilleurs appuis et accentuer l’effet de ses balles, qui rebondissent davantage. Celui à qui on avait promis l’enfer suite au tirage au sort a évité un écueil en première semaine et a vu son tableau se dégager (Auger-Aliassime précocement éliminé, Cilic et Berrettini forfait à cause du covid). Lors de ses neuf précédentes présences en seconde semaine à Londres, il a atteint sept fois le dernier carré et cinq fois la finale. Mais cette fois, en quarts, c’est peut-être son adversaire qui part avec un avantage psychologique.
Un précédent marquant
Si les deux hommes possèdent un bilan équilibré avec une victoire chacun, leur dernière confrontation a particulièrement marqué les esprits. Auteur du meilleur début de saison de son histoire, Rafael Nadal se présentait en finale du tournoi d’Indian Wells avec 20 victoires consécutives et trois titres en poche. Mais après un duel épique contre Carlos Alcaraz dans le dernier carré en Californie, l’Espagnol a ressenti une douleur aiguë au niveau des cotes face à Taylor Fritz. Une défaillance physique qui n’enlève rien à la performance de ce dernier, vainqueur en deux manches malgré une belle résistance (6/3, 7/6(5)). Un vrai déclic pour celui qui butait sur les tops joueurs jusqu’ici. "J'ai tellement perdu ces matchs contre les grands joueurs… J'avais l'impression qu'ils étaient imbattables, que c'était beaucoup trop haut pour moi" avait-il confié après la rencontre.
Ce mercredi, il devra une nouvelle fois sortir une performance de haut-vol pour espérer remporter son premier quart de finale en Grand Chelem, face à un adversaire qui disputera le 47e de sa carrière.