WTA / ATP : Le break gagnant d’Anisimova

De retour sur le circuit depuis près d’un an, l’Américaine a décroché le plus gros trophée de sa carrière à Doha.

Amanda Anisimova, trophée / WTA 1000 Doha©Noushad Thekkayil / NurPhoto via AFP
 - Marion Theissen

Si le premier WTA 1000 de l’année a couronné une nouvelle championne, le circuit ATP a été tout aussi riche en émotions pour les protagonistes qui se sont hissés sur la dernière marche. L’étoile Joao Fonseca n’en finit plus de briller tandis qu’Ugo Humbert est sur le point de définitivement faire de l’Open 13 de Marseille sa maison. Miomir Kecmanovic n’est pas en reste : le Serbe a réalisé un doublé qu’il n’est pas près d’oublier.

Sa plus grande victoire

Il y a peu de certitudes avant un match de tennis, mais deux éléments l’étaient avant le début de cette finale : la gagnante s’apprêtait à soulever le plus grand trophée de sa carrière et ferait son retour dans le Top 20 – devenant ainsi la joueuse la moins bien classée à remporter ce tournoi depuis sa création, en 2001. Si Jelena Ostapenko et Amanda Anisimova étaient toutes les deux dans une forme impériale cette semaine, c’est l’Américaine qui a déjoué les pronostics en s’imposant 6/4, 6/3 en 1h21. "Il y a eu beaucoup de travail, beaucoup de larmes, cette semaine a été incroyable," a déclaré la joueuse qui ne s’était plus hissée aussi haut lors d’un tournoi depuis le Melbourne Summer Set en 2022.

Au terme d’une semaine de compétition réussie, elle a décroché six victoires contre des adversaires du Top 40 : une performance qui n’avait plus été accomplie depuis Serena Williams, à l’Open d’Australie 2007. Parmi ces succès, Paula Badosa – récente demi-finaliste à Melbourne – fait partie de ses victimes, ainsi que deux anciennes vainqueures de Grand Chelem (Victoria Azarenka et Jelena Ostapenko), une prouesse qu’elle n’avait encore jamais accompli sur une même compétition. Et puisque l’on évoque quelques chiffres marquants, en voici un de plus : Amanda Anisimova est devenue la première Américaine à remporter ce tournoi depuis Monica Seles en 2002. Celle qui pointait au-delà de la 200e place mondiale il y a un an à peine est de retour sur le devant de la scène.

Break gagnant

Il y a près de deux ans, Amanda Anisimova a décidé de faire une pause. Épuisée par les attentes du sport de haut niveau, elle a décidé de prendre le temps pour retrouver l’envie. Il faut dire qu’elle a été très tôt sous le feu des projecteurs. À 15 ans, elle était n°2 chez les juniors. À 16 ans, elle a remporté l’US Open juniors – en s’imposant contre une certaine Coco Gauff qui n’avait alors que 13 ans. À 17 ans, elle a disputé les demi-finales de Roland-Garros (défaite contre la future championne, Ashleigh Barty). Et puis, plus rien. Ou presque. Ils n'étaient pas les résultats attendus d'elle, alors elle a décidé de faire un break. "J’avais besoin d’une pause pour me reconcentrer sur moi-même pour un moment, a-t-elle confié à la WTA. J’ai fait un gros travail mental. J’essaie de profiter du chemin, du processus, de toutes ces heures passées sur le court, des entraînements aussi. Au fur et à mesure des années, les expériences sont différentes et on en apprend plus sur soi-même. J’ai grandi, gagné en maturité et appris. La vie sur le circuit est difficile mais j’arrive à en profiter et à l’apprécier. Je suis heureuse de la personne que je deviens, des qualités que je développe en tant qu’athlète et des progrès que j’ai fait."

Alors pendant quelque temps, la jeune joueuse s’est réfugiée dans la peinture, un art qu’elle a toujours apprécié. "Je voulais couper avec cette réflexion excessive, couper avec cette réalité, a-t-elle déclaré dans une interview accordée au Magazine de l’Équipe en janvier dernier. Ce que je voulais, c’était un temps où j’allais pouvoir ne plus avoir à penser à quoi que ce soit, être simplement dans le moment présent. La peinture m’a apporté ça. J’étais en pleine conscience, concentrée uniquement que ce que je faisais à ce moment-là. C’était une sorte de refuge vers lequel je suis revenue assez naturellement. J’ai toujours été créative. Petite, je ne m’ennuyais jamais, je trouvais toujours des activités."

Alors elle a peint, et vendu ses créations pour reverser les bénéfices à des associations qui défendent des causes qui lui tiennent à cœur. Pendant cette pause, elle a aussi pu assister à ses cours en présentiel – elle étudie en business et en psychologie – passer du temps avec ses proches, ses amis et sa famille, pour réaliser ce dont elle avait besoin pour réaliser une carrière épanouie. Une pause bénéfique pour celle qui n’a pas manqué son retour, à l’image de sa saison 2024 qui lui a servi de tremplin : des huitièmes de finale à l’Open d’Australie et au WTA 1000 de Beijing, un quart de finale à Washington et une première finale dans un tournoi 1000 à Toronto – perdue contre Jessica Pegula. "Je suis très contente de la manière dont j’ai réussi à m’en sortir ces dernières années, lorsque c’était particulièrement difficile pour moi. Prendre une pause et revenir, ça m’a beaucoup aidé. Heureusement que je suis toujours assez jeune et j’espère qu’il me reste encore quelques belles années sur le circuit". À 23 ans, c’est le moins que l’on puisse dire

Fonseca poursuit son rêve

Il y a un an encore, le nom de Joao Fonseca ne vous était peut-être pas familier. Le jeune Brésilien pointait à la 648e place du classement ATP, il avait à peine 17 ans et pas encore complètement affolé le monde de la petite balle jaune. Aujourd’hui, il semble impossible que son nom vous ait échappé. Champion de la dernière édition de l’ATP Next Gen, il a démarré sa saison 2025 de manière inoubliable : par une victoire en Challenger, à Canberra, sans perdre le moindre set, suivi d’un succès probant contre Andrey Rublev lors de l’Open d’Australie pour sa première apparition dans le tableau final d’un Grand Chelem et d’une entrée fulgurante dans le Top 100. Voici désormais une nouvelle case de cochée pour le vainqueur des Roland-Garros juniors Series en 2022 : un premier titre sur le circuit. À seulement 18 ans, 5 mois et 26 jours.

Cette victoire contre le chouchou du public, Francisco Cerundolo (6/4, 7/6(1)), a également propulsé le Brésilien dans le Top 10 des plus jeunes joueurs à remporter un premier titre. Il se classe en dixième position, loin derrière Lleyton Hewitt, champion à Adelaïde à 16 ans et 10 mois mais juste après Michael Chang, titré à Toronto en 1990 à 18 ans, 5 mois et 7 jours.

Au terme d’une semaine qui n’a pas forcément été de tout repos, il a su montrer toute sa qualité de jeu, notamment lorsqu’il était mené d’une manche lors du deuxième tour (contre Federico Coria) et en quarts de finale (contre Mariano Navone). Pour ce dernier match, il a servi à deux reprises pour le gain du titre, avant de finalement trouver la faille dans le tie-break. "Quelle semaine incroyable ! a-t-il déclaré après avoir soulevé son premier trophée avec émotion. Même ici, en Argentine, il y a des Brésiliens qui sont venus me soutenir. C’est juste incroyable ! Je veux remercier tous ceux qui m’ont aidé à accomplir mon rêve : jouer au tennis. Bien sûr, je veux être n°1, bien sûr, je veux gagner des Grand Chelem, des titres, mais mon rêve, c’est juste de jouer au tennis et c’est ce que je suis en train de faire." Alors pour son bonheur – et pour le nôtre – on lui souhaite de ne jamais se réveiller.

Humbert, (presque) invincible à la maison

Chez lui, Ugo Humbert est transcendé. À domicile, le n°1 français n’a jamais failli, ou presque. En indoor à la maison, il a remporté 18 victoires sur ses 19 derniers matchs : le titre à Metz en 2023, puis à Marseille en 2024, il a frôlé un premier sacre en Masters 1000 lors du dernier Rolex Paris Masters et enfin, cette nouvelle victoire ce dimanche, à l’Open 13 Provence. Des statistiques impressionnantes sur sa surface de prédilection qui montrent la régularité du Messin, qui est remonté ce lundi à la 14e place du classement ATP.

"Ça représente beaucoup pour moi parce que c’est à la maison, a-t-il détaillé après avoir une nouvelle fois embrassé cette Coupe qu’il connaît bien. C’est vraiment bien d’être de retour à Marseille, j’adore jouer ici. Les fans sont incroyables, ils m’ont donné toute l’énergie nécessaire pour gagner les quatre matchs !" Pour se hisser en finale, il a dominé sa semaine de compétition de bout en bout : aucun set perdu et une finale brillante, remportée 7/6(4), 6/4 contre Hamad Medjedovic grâce notamment à ses 92% de points gagnés derrière ses premières balles. "Ce n’était pas facile, il a vraiment très bien joué, mais je suis très heureux de conserver mon titre. J’en suis très fier, c’est peut-être le meilleur parce que j’étais un peu stressé au début du tournoi. Avoir un titre à défendre, ce n’est jamais facile à gérer, mais je suis très fier d’avoir réussi". Une semaine de plus réussie, un septième titre en carrière et la satisfaction d’être le premier Français à conserver son titre à Marseille dans l’histoire du tournoi.

Kecmanovic dans les pas de Djokovic ?

À Delray Beach, Miomir Kecmanovic est devenu le premier Serbe à remporter un tournoi sur le circuit depuis les Finales ATP en 2023 décrochées par un certain Novak Djokovic… S’il semble présomptueux de parler de successeur au joueur le plus titré de tous les temps, le droitier de 25 ans a cependant fait preuve du calme et du sang-froid des plus grands au moment de sauver deux balles de match contre Alejandro Davidovich Fokina en finale. Mené 6/3, 1/6, 5-2, il a finalement remporté les cinq derniers jeux de la rencontre pour s’imposer et décrocher le deuxième titre de sa carrière, le premier sur dur.

"C’est incroyable de gagner enfin, après avoir perdu mes deux dernières finales (dont une sur le même court, en 2023) et être mené 5-2, avec des balles de match. C’est un sentiment incroyable et je suis très fier de moi, a expliqué le 42e joueur mondial. Ça a été une semaine incroyable, j’ai travaillé très dur, tout ce que j’ai fait, je l’ai bien fait, ça ne s’était pas produit depuis longtemps mais j’ai continué de croire en moi et je suis heureux que ça paie". Quelques heures auparavant, il avait déjà décroché le titre en double aux côtés de Brandon Nakashima pour leur première association. Il est ainsi devenu le quatrième joueur à remporter la même édition du tournoi américain dans les deux tableaux et le premier Serbe à réaliser une telle performance.