Bénéficiaire d’une wild-card à Wimbledon suite à sa formidable aventure du côté de ’s-Hertogenbosch, Tim van Rijthoven n’est toujours pas redescendu de son petit nuage. Tombeur de Federico Delbonis lors de son entrée en lice, il affrontera ce mercredi Reilly Opelka, porté par un rêve un peu fou : celui d’affronter Novak Djokovic sur le Centre Court en huitièmes de finale. Voici ce qu’il faut savoir sur le phénomène néerlandais.
Wimbledon 2022 : Tim van Rijthoven, éclosion tardive
Focus sur la sensation masculine du début de saison sur gazon : Tim van Rijthoven.
Première victoire sur le circuit ATP à… ‘s-Hertogenbosch !
Si Carlos Alcaraz, Coco Gauff, Iga Swiatek ou encore Holger Rune prouvent à chaque tournoi que la valeur n’attend point le nombre des années, Tim van Rijthoven a davantage pris son temps avant d’éclabousser le circuit de son talent. Loin du profil du prodige arrivé en fanfare pour remettre en cause l’ordre établi, le Néerlandais a attendu ses 25 printemps pour remporter son premier match ATP.
Pro depuis 2015, il n’avait même jusqu’ici jamais passé les qualifications d’un tournoi, excepté lors de l’édition 2016 de Winston-Salem où, repêché en tant que lucky loser, il s’était incliné dès le premier tour face à Jiri Vesely. Loin de se démobiliser malgré un manque certain de réussite et plusieurs blessures, il a écumé les tournois ITF (huit titres) et Challenger (deux finales) avant de connaître la plus belle épopée de sa carrière début juin.
Il a "détruit" Medvedev
C’est le terme employé par le vainqueur de l’US Open 2021 à l’issue d’une finale dominée de la tête et des épaules par son adversaire. "Bravo Tim pour ton incroyable semaine. C’est ta première finale dans un tournoi ATP et tu détruis le numéro deux mondial en deux sets, ça doit être un sentiment sympa !". Un bel hommage qui vient récompenser un parcours surréaliste et inimaginable à bien des égards. Invité par le tournoi, le 205e joueur mondial s’est en effet offert Matthew Ebden (sa première victoire sur le circuit ATP), Taylor Fritz (son premier top 20), Hugo Gaston, Félix Auger-Aliassime (son premier top 10) et donc Daniil Medvedev (son premier top 5) ! "Je n'ai jamais pensé que je gagnerais le tournoi. J’espérais remporter un match mais battre tous ces joueurs et soulever le trophée, c'est tout simplement incroyable" a confié le natif de Rosendaal, surpris lui-même par son jeu et ses exploits.
Car s’il a dû passer par des duels en trois sets et des tie-breaks étouffants tout au long de son aventure, ses innombrables coups gagnants et son efficacité redoutable au service ont laissé ses opposants et son public pantois. Sa finale expéditive face au désormais numéro un mondial (6/4, 6/1 en 1h05) en dit également long sur son sang-froid et sa capacité à passer outre l’enjeu et le prestige de son vis-à-vis. Avec 84% de points gagnés derrière sa première et six breaks effectués tout au long de la rencontre, il n’a pas laissé la moindre ouverture. De quoi rêver plus grand pour celui qui a d’ores et déjà gagné 99 places au classement suite à ce conte de fées. "Mon prochain objectif ? Gagner un autre titre ! Et entrer dans le top 100 serait un bel accomplissement"
Wimbledon, un bon souvenir en juniors
S’il ne gagnera pas de points lors de cette édition particulière de Wimbledon, il peut néanmoins rêver d’une belle épopée, en atteste sa victoire très convaincante face à Federico Delbonis au premier tour. Avec 15 aces, 35 coups gagnants pour seulement 18 fautes directes et 91% de points remportés derrière sa première balle, il reste sur la lancée de son sacre. Et s’il n’a aucune expérience dans un tableau final de Grand Chelem, il pourra toujours puiser dans ses souvenirs en juniors.
Ancien 13e mondial dans cette catégorie, il avait atteint les quarts de finale à Londres en 2014, s’offrant notamment le scalp d’Andrey Rublev en huitièmes (7/6, 4/6, 7/5) pourtant lui-même tombeur de Matteo Berrettini au tour précédent. Une édition au cours de laquelle il s’était également hissé en demi-finale en double. Des performances dont s’est d’ailleurs souvenu Daniil Medvedev lors de discours de félicitations : "Je me souviens de toi chez les juniors, tu as le talent, alors maintenant tu dois faire plus de matchs comme ça et plus de tournois comme ça !".
Le tennis dans les veines
Si Tim van Rijthoven a connu une éclosion tardive, il semblait toutefois prédestiné à évoluer au plus haut niveau. Il a en effet été bercé à la balle jaune dès sa plus tendre enfance par ses parents, Marieke et Vermaas, tous deux professeurs de tennis. Un entourage qui l’a notamment aidé à surmonter des saisons 2017 et 2018 marquées par les blessures. "J'ai réussi à m'en sortir grâce aux personnes qui m’entourent. La Fédération néerlandaise a continué de croire en moi et à m’aider comme elle pouvait. Ma mère a toujours été là pour me soutenir. J’ai gagné un trophée et je suis très heureux d’avoir traversé tout ça" confiait-il à l’ATP suite à son récent titre.
Une traversée du désert durant laquelle l’accompagnait son modèle et compatriote Richard Krajicek, spécialiste du service-volée et vainqueur de Wimbledon en 1996 après avoir notamment éliminé Pete Sampras à la surprise générale en quarts de finale. Un parcours forcément inspirant pour le joueur de 25 ans, désormais coaché par Igor Sijsling et qui a également été le protégé de Paul Haarhuis – autre bête noire de Sampras – et ancien numéro un mondial en double, catégorie dans laquelle il a glané six titres du Grand Chelem.
Fan de Federer, il rêve d’affronter Djokovic
Avec de tels coachs, on comprend mieux son amour pour le gazon. Pour compléter le tout, le site officiel de l’ATP nous apprend qu’il est un fan inconditionnel de Roger Federer. Muni de bonnes prédispositions physiques (1,88m), son service et son coup droit sont des armes redoutables sur cette surface. "Je suis un joueur très agressif. J’ai un gros coup droit, j'aime aller de l'avant et dicter les points" résume-t-il lui-même. Inspiré par les succès du Suisse, il aimerait désormais se frotter à une autre légende de son sport : Novak Djokovic. "Disputer Wimbledon, c’est quelque chose de fantastique et d’incroyable. C’est indescriptible. Enfant, je voulais être ici et maintenant je vais réaliser ce rêve. Puisqu’il n’y a plus de points en jeu, ce serait formidable de jouer Novak Djokovic au premier tour" a-t-il avoué après son titre à ’s-Hertogenbosch. Le hasard du tirage au sort ne l’a pas placé face au triple tenant du titre dès son entrée en lice mais en cas de très beau parcours, il pourrait croiser sa route en huitièmes de finale. Une motivation supplémentaire pour aller loin…
Golf, nouilles et Peaky Blinders
Outre le tennis, Tim van Rijthoven est un grand passionné de golf. Supporter de Tiger Woods, il suit aussi les prestations d’autres tennismen comme le finaliste de Roland-Garros Casper Ruud. "Je suis accro au golf, j’adore ça ! Je suis la page Instagram de Casper. Je pensais d’ailleurs jouer quelques trous ce soir !" confiait-il à l’ATP le 12 juin. Il occupe également son temps libre en regardant des séries comme Game of Thrones ou Peaky Blinders. Enfin, plus surprenant, le Néerlandais de 25 ans a toujours rêvé d’être patron de restaurant : "Si je devais choisir, je serais probablement patron d’un restaurant de nouilles, parce que j’adore ça !". En attendant une reconversion toute trouvée, il est temps de briller encore davantage au cours d’une seconde carrière tennistique qui s’offre à lui.