Débutée avec la qualification tranquille de Simona Halep pour les demi-finales après sa victoire contre Amanda Anisimova, cette journée de mercredi s'est terminée avec la victoire, dans la douleur, de Rafael Nadal contre Taylor Fritz au terme d'un quart de finale indécis jusqu'au super tie-break du cinquième set. On vous raconte tout ce qu'il ne fallait pas manquer de cette dixième journée à Wimbledon ici.
Wimbledon - J10 : Nadal inusable
Touché aux abdominaux et vainqueur à l'arraché contre Taylor Fritz, Rafael Nadal retrouvera Nick Kyrgios en demies.
Rafael Nadal au bout de lui-même
Jusqu'au bout le suspense est resté total dans ce dernier quart de finale masculin de Wimbledon. Vainqueur 3/6, 7/5, 3/6, 7/5, 7/6(10-4) contre Taylor Fritz après 4h21 d'un combat acharné, Rafael Nadal est revenu de très très loin ce mercredi sur le Centre Court.
14 ans jour pour jour après sa mémorable finale remportée contre Roger Federer sur ce même court, l'Espagnol est encore une fois passé par toutes les émotions sur le gazon londonien. Touché aux abdominaux depuis quelques jours, il a montré des signes de douleur dès le premier set perdu 6/3 avant de sortir du court pour se faire soigner à 4-3 en sa faveur dans la deuxième manche.
Alors que son clan lui faisait signe d'arrêter, on ne donnait pas cher des chances du Majorquin dans ce quart de finale. Mais c'est en guerrier que l'homme aux 22 titres du Grand Chelem est revenu sur le terrain.
"Ils m’ont dit d’abandonner. C’était dur pour moi de faire ça au milieu du match sur le Centre Court de Wimbledon en quarts de finale, même si j’y pensais depuis un moment. Il fallait décider si ça méritait de souffrir jusqu’au bout du match. Il y avait pas mal de choses dans ma tête. C’est difficile d’abandonner, je l’ai fait quelques fois dans ma carrière et je déteste ça. Et je me sentais bien au niveau du jeu alors j’ai continué à essayer."
Courageux, "Rafa" s'est accroché pour revenir à une manche partout (7/5). La bataille ne faisait alors que commencer. Contraint de changer sa façon de servir, comme il l'a admis à l'issue du match, il a fait avec les armes du jour. "Ça a été vraiment dur pendant deux heures, de 3-1 dans le premier set jusqu'au milieu du troisième. Je n’avais pas mal dans l’échange mais juste après avoir servi j’avais mal sur une ou deux frappes donc ça m'handicapait beaucoup. Après j'ai trouvé un moyen de servir qui ne me faisait plus aussi mal."
Avec une moyenne de 169 km/h en première balle dans les trois derniers sets et pas un seul service à plus de 183 km/h dans les troisième et quatrième manches, l'Espagnol s'est logiquement fait breaker à de nombreuses reprises (8 fois sur l'ensemble du match) mais il n'a jamais renoncé, recollant à chaque fois avant de faire la différence dès l'entame du super tie-break du cinquième set.
Profitant d'un certain manque de lucidité de Taylor Fritz qui n'a pas réussi à profiter du manque de puissance des premières balles adverses, Rafael Nadal, très agressif, a rapidement pris les devants en se détachant 5 points à 0 avant de conclure sur un coup droit gagnant sur sa deuxième balle de match.
Le vainqueur de l'Open d'Australie et de Roland-Garros cette année est donc toujours en lice pour tenter de poursuivre sa quête du Grand Chelem calendaire. Mais ce problème aux abdominaux avec lequel il compose depuis plusieurs jours déjà pourrait bien freiner son ambition. "Je joue bien, je me fais plaisir. Si on met de côté ce problème - ce qui est compliqué -, en termes de tennis, de sensations, je me sens très bien. Mais j'ai ce problème depuis plusieurs jours et c'est pour ça que j'évitais de servir à l'entraînement, et ça s’est aggravé aujourd’hui en termes de douleur et de gêne dans mes mouvements alors évidemment je suis inquiet et je passerai des examens demain. Il faut accepter les choses comme elles sont et prendre les décisions qui s’imposent avec toutes les informations nécessaires, a-t-il répondu à la question de savoir s'il serait en mesure d'entrer sur le terrain contre Nick Kyrgios vendredi pour leur demi-finale.
Première demie pour Kyrgios
Il était attendu. Il n’a pas laissé passer sa chance. Vainqueur en trois sets contre Cristian Garin en quarts de finale, Nick Kyrgios tient enfin sa première demi-finale en Grand Chelem.
Alors qu’il s’était fait soigner l’épaule lors de son précédent match contre l’Américain Brandon Nakashima, Nick Kyrgios n’a pas semblé souffrir particulièrement ce mercredi sur le Centre Court. Ses 69% de premières balles, 73% des points remportés derrière celles-ci et 17 aces réussis sont d’ailleurs le signe d’une épaule solide. Elle a en tout cas parfaitement tenu lorsqu’il a dû sauver des balles de break (8/9) et c’est lui qui a fait craquer son adversaire à trois reprises avant de conclure 7 points à 5 au tie-break du troisième set pour s’imposer 6/4, 6/3, 7/6(5).
Visiblement très ému à l’issue du match, Nick Kyrgios l’a confirmé en conférence de presse. "Je n’ai jamais cru que je serai là. Je pensais que le train était passé. Surtout vu où j’en étais il y a deux ans. Mais avec tout ce que j’ai surmonté je me sens extrêmement fier de moi et de mon équipe."
Halep sur sa lancée
Invaincue à Wimbledon depuis sa victoire en 2019, Simona Halep, qui n’avait pas disputé l’édition 2021 a signé sa 12e victoire consécutive sur le gazon londonien et n'a toujours pas perdu un set dans ce tournoi.
Sa victime du jour, l’Américaine Amanda Anisimova, complètement dominée jusqu’à 6/1, 5-2 a bien tenté de réagir. Soudain beaucoup plus efficace au retour, la tête de série n°20 a débreaké une première fois avant de se procurer trois occasions de recoller à 5-5 en menant 0-40 sur le service de Simona Halep.
"Ce n’était vraiment pas facile car j’avais l’impression qu’elle n’avait plus rien à perdre et elle frappait très forte sur chaque frappe. Mais j’ai refusé de la laisser revenir à 5-5. A 0-40 j’ai été un peu dure avec moi-même, je me suis motivée. J’ai très bien servi et j’ai vraiment cru en ma capacité à finir le match 6/4."
Une conviction payante puisque c’est effectivement sur ce score que la Roumaine a bouclé le deuxième set et donc le match (6/1, 6/4) pour se qualifier pour sa troisième demi-finale à Wimbledon. Cette victoire en quarts fait d’elle la première joueuse à atteindre au moins trois demi-finales sur gazon (Birmingham, Bad Homburg et Wimbledon) lors d’une même saison depuis Johanna Konta en 2017.
En demi-finales, demain, l’ex-n°1 mondiale qui figure cette semaine à la 18e place mondiale sera opposée à Elena Rybakina.
Rybakina tout en sérénité
La Kazakh, novice à ce stade de la compétition s’est qualifiée en dominant l’Australienne Ajla Tomljanovic, 44e mondiale. C’est pourtant cette dernière qui avait pris le meilleur départ dans ce quart de finale en empochant la première manche 6/4. Mais, comme l’an dernier, elle s’est finalement arrêtée en quarts de finale battue par une adversaire plus opportuniste (5 balles de break converties sur 9 contre seulement 3/9 de son côté. Il faut dire qu’Elena Rybakina a de quoi avoir confiance en son service. Avec 212 aces réussis cette saison (dont 15 ce mercredi), elle est la joueuse qui en a frappé le plus depuis le début de l’année. Une arme particulièrement efficace sur gazon même si la tête de série n°17 de cette édition n’avait pas dépassé le deuxième tour d’un tournoi sur la surface cette saison.
Qualifiée pour sa première demi-finale en Grand Chelem après sa victoire 4/6, 6/2, 6/3, Elena Rybakina n’a pas semblé particulièrement émue mais cela ne veut pas dire que cela ne représente rien pour elle comme elle l’a expliqué un peu plus tard en conférence de presse. "Je suis juste quelqu’un de très calme. Je ne montre pas mes émotions. J’ai toujours été comme ça mais évidemment à l’intérieur ça bouillonne. Je sais juste que j’ai un match demain donc j’essaie de rester concentrée. J’ai déjà oublié ce qu’il vient de se passer et je vais préparer le prochain match."