Andy Murray est inusable (ou presque). Vainqueur en cinq sets contre Nikoloz Basilashvili au premier tour de l'Open d'Australie pour ses retrouvailles avec la John Cain Arena où on l'avait laissé en larmes il y a trois ans, l'Ecossais, qui joue désormais avec une hanche métallique, croit toujours en son retour au plus haut-niveau.
Andy Murray, guerrier inusable
De retour à Melbourne, trois ans après ses "presque" adieux au tennis, Murray a encore le feu.
Le 10 janvier 2019 devant les journalistes présents pour couvrir l’Open d’Australie, Andy Murray confiait sa peine et ses doutes quant à la suite de sa carrière lors d’une conférence d’avant-tournoi chargée en émotions.
"La douleur est vraiment trop forte, je ne peux pas continuer à jouer comme ça. J’ai presque tout tenté pour améliorer les choses et ça n’a pas fonctionné", regrettait alors l’ex-numéro un mondial, au bord des larmes, dans sa conférence d’avant-tournoi.
Trois jours plus tard, l’Ecossais rendait les armes après un combat en cinq sets et 4h09 contre Roberto Bautista Agut au terme de ce qu’il craignait être, à ce moment-là, le dernier match de sa carrière et les hommages, venant des quatre coins de la planète tennis, se multipliaient pour saluer une carrière alors riche de 45 titres dont 3 Grands Chelems, 1 Masters et 14 Masters 1000.
Mais Andy Murray aime trop le tennis pour renoncer sans avoir tout tenté. Peu après cet au-revoir déchirant, l’Ecossais est passé une deuxième fois sur la table d’opération (après une première intervention en janvier 2018) pour soigner une hanche martyrisée par des années d’entraînement et de compétition au plus haut-niveau. Après un retour sur le circuit fin 2019, avec au passage un 46e titre empoché à Anvers, le Britannique a depuis dû composer avec de multiples blessures.
Des larmes au sourire
Trois ans et deux opérations plus tard, Andy Murray est de retour à l’Open d’Australie avec une hanche en métal et une motivation intacte.
Opposé à la tête de série n°21 pour ses retrouvailles avec la John Cain Arena, Andy Murray a encore une fois livré un énorme combat pour s’imposer 6/1, 3/6, 6/4, 6/7(5), 6/4 en 3h52 contre Nikoloz Basilashvili.
"C’est génial ! Ces trois-quatre dernières années ont été difficiles. J’ai beaucoup travaillé pour revenir ici, s’est-il réjoui lors de l’interview d’après-match. J’ai très souvent joué sur ce court où l’ambiance est incroyable. J’ai toujours reçu beaucoup de soutien. C’est le court où j’ai pensé avoir peut-être disputé mon dernier match il y a trois ans mais c’est génial d’être de retour et de gagner une bataille en cinq sets comme ça. Je ne pourrais pas demander plus !"
Pourtant, Andy Murray a encore faim. Faim de victoires, de communion avec le public et d’émotions partagées. C’est pour ça qu’il se bat chaque jour sur le court et à l’entraînement.
"Gagner des matchs comme ça et rivaliser contre des gars qui sont autour de la 20-25e place mondiale, ça me rend fier, a-til ajouté en conférence de presse. Ce n’est pas facile. Je travaille énormément pour ça et depuis l’opération j’ai eu de nombreux problèmes mais des jours comme ça me confirment que ça vaut la peine !"
S'entraîner moins mais mieux
Fidèle à sa réputation d’énorme bosseur, Andy Murray ne compte pas les heures passées à prendre soin de son corps et de son tennis mais, depuis ses opérations, il a quelque peu modifié son approche de l’entraînement pour limiter les impacts infligés à son organisme mais n’a pas l’intention de changer son style de jeu même si celui-ci le pousse à disputer des matchs particulièrement longs.
A la recherche de son meilleur niveau
Depuis l’US Open 2020 (son premier Grand Chelem après sa deuxième opération de la hanche), l’Ecossais a remporté quatre matchs (trois en cinq sets et un en quatre).
"Si vous essayez de jouer différemment pour raccourcir les points, vous allez peut-être faire plus de fautes ou ne pas breaker aussi souvent et ça peut également prolonger les matchs. Donc je pense que jouer mon jeu mais le faire à un niveau plus élevé est ce qui me donnera le plus de chances de raccourcir les matchs. Quand je me penche sur la plupart de mes matchs en 2015 et 2016 quand j’étais plutôt précis et efficace, quand j’avais des opportunités et que j’étais au-dessus des gars, je les finissais rapidement. Aujourd’hui je ne joue pas à ce niveau donc les matchs sont un peu plus serrés. J’espère que si j’arrive à continuer à élever mon niveau, je serai capable de raccourcir les matchs. »
Une marge de progression sur laquelle compte Andy Murray pour atteindre les objectifs qu’il s’est fixés.
"J’aimerais aller loin. C’est quelque chose que je n’ai plus fait en Grand Chelem depuis que je suis revenu de blessure et c’est quelque chose qui me motive. J’ai parfois joué mon meilleur tennis ici et j’espère que je peux le refaire sur ce tournoi."
Opposé au Japonais Taro Daniel au prochain tour, Andy Murray, finaliste à Sydney la semaine dernière, aura l’occasion de rallier le troisième tour en Australie pour la première fois depuis…2017. "Ça sera un bon test pour voir comment je peux essayer de confirmer la performance d’aujourd’hui," prévenait-il mardi.
Respecté et admiré
Mais quel que soit son résultat sur ce tournoi et les suivants, Andy Murray a depuis longtemps gagné le respect de tous les amateurs de tennis et de ses pairs. A l’image de Grigor Dimitrov qui n’a pas tari d’éloges sur l’Ecossais en conférence de presse mardi.
"Je pense qu’il n’était pas prêt à dire au-revoir à tout le monde. Je savais qu’une grande partie de lui qui voudrait tenter l’impossible pour revenir. Il n’est clairement pas le genre de personne à abandonner. C’est extraordinaire de voir ce qu’il a réussi à faire depuis. J’ai vu comme il se déplace sur le court. Ce n’est évidemment plus comme avant mais c’est impressionnant. Le fait qu’il fasse autant d’efforts au quotidien avec les étirements, les soins et tout ce qu’il doit faire… ça lui prend sûrement trois ou quatre heures par jour. Être capable de faire ça tous les jours tout en gardant un équilibre avec une famille, des enfants et tout ce que ça implique, je trouve que c’est incroyable. Et je comprends qu’il ait envie de terminer sa carrière comme il l’entend. C’est le cas de tous les joueurs. Et aujourd’hui je pense qu’on peut juste admirer ce qu’il est capable de faire."