Le prince du Rocher, c’est lui ! Déjà vainqueur en 2021 et 2022, Stefanos Tsitsipas a de nouveau inscrit son nom au palmarès du Rolex Monte-Carlo Masters ce week-end. Un 11e sacre en carrière aux airs de renaissance et de libération pour le joueur de 25 ans, qui compte capitaliser sur ce succès dans les prochaines semaines.
Monte-Carlo : Tsitsipas III, le retour du prince
En proie aux turbulences ces derniers mois, le Grec s’est relancé en décrochant une troisième couronne en Principauté.
"Je suis capable de grandes choses"
Allongé sur l’ocre, les mains sur le visage, Stefanos Tsitsipas n’a pas tenté de contenir ses émotions à l’issue d’une semaine royale au Monte-Carlo Country Club. Vainqueur du combat des finalistes de Roland-Garros face à Casper Ruud ce dimanche (6/1, 6/4 en 1h37), le Grec est entré dans la cour des très grands en devenant le cinquième joueur à soulever au moins trois fois ce prestigieux trophée. Il rejoint ainsi Rafael Nadal (11 titres), Björn Borg (3), Thomas Muster (3) et Ilie Nastase (3), tous par ailleurs titrés Porte d’Auteuil.
De quoi donner des idées au Grec, à un peu plus d’un mois de l’édition 2024 du Majeur parisien ? "Cette semaine prouve que je peux être constant et que je suis capable de grandes choses, a expliqué le champion à l’issue de la finale. Je dois juste garder l’esprit ouvert et continuer de m’améliorer. Si vous ne vous améliorez pas, les résultats fluctuent et vous vous écartez du chemin que vous avez tracé. Aujourd’hui, j’ai noté plusieurs points sur lesquels je pense pouvoir m’améliorer. Je dis généralement ça après les défaites mais même après les victoires, il y a beaucoup à apprendre. Ce que je retiens, c’est qu’il y a quelques éléments que je peux ajouter à mon jeu et qui peuvent m’aider à être encore meilleur."
Une attitude très positive et un contraste saisissant avec le début de saison, durant lequel celui qui retrouve le Top 10 ce lundi (à la 7e place mondiale) semblait promener son spleen sur les courts en dur australiens et américains. "J’avais besoin d’une semaine comme celle-là, surtout après les mois difficiles que j’ai traversés depuis la fin de l’année 2023, a-t-il confié. Ça n’a pas été la meilleure période pour moi et je ne suis pas arrivé ici avec l’objectif de remporter le titre, c’est venu naturellement. Je n’aurais jamais pu imaginer gagner ce tournoi trois fois même si cet endroit est spécial depuis ma première victoire. Réussir la Sainte Trinité, comme je l’appelle, c’est quelque chose que je vais chérir et dont je vais pleinement profiter !"
La meilleure version de lui-même
Ce triomphe inattendu, l’Athénien l’a construit au talent, au courage et à l’envie. Avant son dernier match face au Norvégien, il avait aussi écarté des adversaires redoutables comme Alexander Zverev, Karen Khachanov et bien sûr, Jannik Sinner. Un duel au meilleur des trois manches (le seul de sa semaine monégasque) au cours duquel il est parvenu à faire étalage de sa palette technique et mentale pour inverser la tendance dans le dernier set. "En demi-finale, j’ai affronté un joueur de classe mondiale, sur une magnifique série et qui refuse de perdre contre qui que ce soit, a-t-il poursuivi. Le fait d'avoir surmonté cet obstacle est un signe que mon tennis progresse et que je suis capable de rivaliser avec ces joueurs. C’est un bien meilleur adversaire qu’il ne l’était avant. Il m’a poussé dans mes retranchements et j’ai dû atteindre un niveau physique que je n’avais pas ressenti depuis longtemps."
Mais encore fallait-il confirmer cette magnifique performance contre un autre "revenant", tombeur pour sa part du numéro un mondial Novak Djokovic dans le dernier carré. Très agressif et en réussite, il a notamment sauvé les huit opportunités de break de Ruud et enchaîné sept jeux consécutifs en début de partie pour s’ouvrir un boulevard. Une mise en orbite rapide et parfaitement orchestrée par un coup droit puissant et clinique (23 coups gagnants au total sur la rencontre) et des montées salvatrices (21/29 au filet). "Lorsque le premier set s’est terminé, je me suis dit que le score était bien différent de ce que je ressentais sur le court, a analysé le Grec. En même temps, je savais qu’il n’allait pas jouer plus mal et ce n’était pas facile pour moi de maintenir mon niveau. Je me devais d’être prudent et de suivre les mouvements et les changements tactiques qu’il pouvait imposer."
Entre son tennis spectaculaire retrouvé et son impressionnante maîtrise tactique et émotionnelle, Stefanos Tsitsipas est redevenu la meilleure version de lui-même l’espace d’une semaine de rêve. Mais comme toujours dans le tennis, un tel accomplissement mérite d’être confirmé. Cela tombe bien, une nouvelle occasion en or se présentera rapidement à lui du 24 avril au 5 mai au Masters 1000 de Madrid. En cas de brillante performance, il intègrerait alors de nouveau inévitablement la short-list des favoris à la victoire finale à Roland-Garros…