Une très belle surprise et une étincelante confirmation. Voilà comment pourrait se résumer ce dernier week-end sur les courts abrasifs de Miami, tournoi de catégorie 1000 marqué par les triomphes de Danielle Collins et Jannik Sinner. Un magnifique bouquet final avant le passage tant attendu sur terre battue.
Miami : Sinner et Collins sur un nuage
Intouchables durant 10 jours, l’Italien et l’Américaine ont parfaitement conclu un "Sunshine Swing" particulièrement enthousiasmant.
Le meilleur, c’est Sinner
Quatre tournois disputés, trois titres et un bilan pharaonique de 21 victoires pour une seule défaite : difficile de ne pas être admiratif au moment de dresser le bilan du début d’exercice 2024 de Jannik Sinner. Loin d’être déstabilisé par son premier faux-pas de l’année dans le dernier carré à Indian Wells, le protégé de Simone Vagnozzi et Darren Cahill est reparti au combat comme si de rien n’était. A l’exception de Tallon Griekspoor – seul joueur à lui avoir pris un set, au troisième tour –, il a étrillé tous ses adversaires en Floride, y compris Daniil Medvedev (6/1, 6/2 en 1h09) et Grigor Dimitrov (6/3, 6/1 en 1h13).
Le Bulgare, pourtant tombeur d’Hubert Hurkacz, Carlos Alcaraz et Alexander Zverev au cours de sa très belle campagne, n’a rien pu faire face à la puissance et la précision chirurgicale de son ultime adversaire (6/6 au filet, 88% de points gagnés derrière sa première, 15 coups gagnants pour seulement 4 fautes directes). "Je pense qu’en ce moment, Jannik joue un tennis exceptionnel, a déclaré le finaliste malheureux à l’issue du match. On voit à quel point il est concentré et déterminé. Il est au-dessus, il n’y a aucun doute et c’est inutile de le comparer à un autre joueur. C’est son moment, il joue son meilleur tennis. Est-ce qu’il peut jouer encore mieux ? Je ne sais pas, c’est à lui de le démontrer mais il a été capable d’enchaîner de nombreux matchs à ce niveau donc tout le mérite lui revient. C’est le meilleur joueur du monde à l’heure actuelle."
Finaliste ici-même en 2021 et 2023, l’Italien a passé un nouveau cap en glanant son deuxième Masters 1000 après celui remporté à Toronto l’an passé. Un 13e titre en carrière qui lui permet également de gravir un nouvel échelon au classement puisqu’il pointe désormais au 2e rang mondial. Un très bel accomplissement dont il souhaite profiter, même si son esprit semble d’ores et déjà focalisé sur l’ocre. "Au fil du tournoi, je me suis senti de mieux en mieux, j’essaie juste de m’améliorer et de profiter de l’instant présent, a-t-il confié en compagnie de son nouveau trophée. On ne sait jamais si c’est la dernière fois ou pas donc il faut apprécier cette journée avant de se tourner vers le nouveau chapitre qui s’ouvre : la saison sur terre battue, qui est complètement différente. Voyons comment je vais jouer à partir de maintenant mais ce qui est sûr, c'est que la saison sur dur a été très bonne jusqu’à présent."
Son jeu de plus en plus complet, sa vélocité et son sang-froid lui permettront-ils de scintiller dans la poussière orangée ? La poursuite de son ascension fulgurante passe par là. Rappelons toutefois que l’actuel homme à battre ne compte pour le moment qu’un seul sacre sur cette surface, à Umag en 2022. Une anomalie qu’il souhaitera sans doute corriger, et ce dès le Masters 1000 de Monte-Carlo, du 7 au 14 avril.
Collins, la très belle histoire
En janvier, Danielle Collins a officiellement annoncé qu’elle prendrait sa retraite à l’issue de la saison 2024. "Je vis avec une maladie inflammatoire chronique qui affecte ma capacité à tomber enceinte, c’est une situation profondément personnelle, a-t-elle réexpliqué la semaine passée. C’est mon choix d’arrêter et cela va bien au-delà du tennis et de ma carrière." Atteinte de polyarthrite rhumatoïde et d’endométriose, l’Américaine de 30 ans espérait sans doute simplement profiter de ses derniers tournois et de sa tournée d’adieux. Une mission d’ores et déjà plus que réussie puisqu’elle s’est adjugée ce week-end le plus beau titre de sa carrière, chez elle en Floride, en prenant le meilleur sur Elena Rybakina en finale (7/5, 6/3 en 2h02). "C'est incroyable d'être ici aujourd'hui et de ressentir l'énergie des fans, a-t-elle souri. J'ai eu l'impression de jouer devant des milliers de mes meilleurs amis, c'est surréaliste. Pour cette raison, je n'oublierai jamais cette journée !"
Après avoir concédé le set inaugural lors de son entrée en lice face à sa compatriote Bernarda Pera, la finaliste de l’Open d’Australie 2022 a enclenché le mode machine, faisant tomber une pluie de frappes dévastatrices sur Miami pour écarter Sorana Cirstea, Caroline Garcia ou encore Ekaterina Alexandrova de son passage. Rarement aussi puissante et efficace, elle a également fait preuve de son inénarrable caractère pour sauver cinq balles de break dans la première manche contre Rybakina, alors même qu’elle n’avait plus battu une Top 5 depuis octobre 2022.
"Jouer à ce niveau durant ces deux semaines est un rêve devenu réalité, a-t-elle confirmé. J’ai toujours voulu gagner tous les tournois auxquels j’ai participé mais je pense que comme c’est ma dernière année, je me disais que j’allais vraiment essayer de gagner un WTA 1000. C’était très important pour moi et c’est quelque chose dont j’ai beaucoup parlé avec mes proches. C’était un objectif et je peux désormais le rayer de ma liste."
Un parcours tout aussi magnifique qu’inattendu pour la championne la moins bien classée de l’histoire du tournoi, qui passe ce lundi du 53e au 22e rang mondial ! Une grosse progression loin d’être anecdotique puisqu’elle est désormais la 5e Américaine dans la hiérarchie WTA, derrière Coco Gauff (n°3), Jessica Pegula (n°5), Madison Keys (n°19) et Emma Navarro (n°20). Rappelons qu’à l’issue de Roland-Garros, les quatre premières seront qualifiées pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Nul doute qu’une participation à cet événement majeur pour sa dernière année en tant que joueuse professionnelle figure en bonne position sur sa fameuse liste d’objectifs.