AO 2022 : Barty - Collins, dernier sommet avant la gloire

Barty, l’espoir de tout un pays

Il ne lui reste plus qu’une marche à gravir, assurément la plus difficile. Favorite de "son" Grand Chelem, Ashleigh Barty a répondu jusqu’ici avec brio à toutes les interrogations. Déjà titrée à Roland-Garros en 2019 puis à Wimbledon en 2021, la numéro un mondiale n’a pas laissé place aux doutes ou à la nervosité durant une campagne traversée à la vitesse de l’éclair. Pour rallier sa première finale à Melbourne, la native d’Ipswich n’a eu besoin que de 6h06 et n’a laissé filer que 19 petits jeux en cours de route. Mieux, elle a remporté 46 de ses 47 jeux de service. Des statistiques étourdissantes pour l’idole de tout un peuple, qui attend un sacre national depuis 1978 et la victoire de Chris O’Neil.

Car si ses détracteurs clameront qu’elle a bénéficié d’un tableau très favorable jusqu’ici (son adversaire la mieux classée étant Jessica Pegula, 21e mondiale), encore fallait-il parvenir à déployer son plan de jeu à tous les matchs et à résister à l’immense pression qui pèse sur ses épaules depuis quinze jours. "Être en finale de Grand Chelem à domicile, c'est ce dont beaucoup de joueurs australiens rêvent. Ça va être une expérience incroyable samedi, j'ai hâte d'y être et d'en profiter !" a-t-elle simplement commenté face à la presse.

La question est désormais de savoir si elle parviendra à aussi bien dicter sa loi en finale, face à une joueuse très puissante et en confiance. Intraitable sur sa mise en jeu, elle a jusqu’ici usé avec brio de ses variations et de son slice pour éviter au maximum d’être débordée et avoir le temps de préparer ses coups droits destructeurs. Elle a d’ailleurs confié après sa demie victorieuse contre Madison Keys qu’elle ne modifiait pas son approche initiale en fonction de l’adversaire mais qu’elle était désormais capable de s’adapter. "Parfois, c'est vraiment bien de pouvoir se concentrer sur ce que l'on doit faire. Je sais que si je fais les bonnes choses de mon côté, ça mettra mon adversaire mal à l'aise. Mais de temps en temps, c'est bien de regarder de l'autre côté du terrain et de voir comment l'adversaire réagit […] Je pense que je suis capable de faire les deux et c’est quelque chose que j’aime faire" a-t-elle poursuivi.

Egalement interrogée sur le profil de Danielle Collins, "Ash" n’a pas tari d’éloges concernant son ultime opposante sur le chemin de la gloire. "C'est une attaquante exceptionnelle. C'est quelqu'un qui se tient sur la ligne de fond et qui peut frapper à tous les endroits du terrain depuis n'importe quelle position. Je pense que le défi sera d'essayer de la déséquilibrer […] Ce sera un gros challenge pour moi d'essayer de la neutraliser du mieux que je peux, mais c'est évidemment agréable de la voir évoluer ici en donnant le meilleur d'elle-même" a conclu la numéro un mondiale en conférence de presse.

Collins, première retentissante ?

Après les six premières démonstrations d’Ash Barty dans ce tournoi, il est forcément un peu facile de prétendre que Danielle Collins sera son adversaire la plus coriace. Mais au vu de la puissance et de la maîtrise de l’Américaine lors de ses deux derniers tours face à Alizé Cornet et Iga Swiatek, cette affirmation prend tout son sens.

Pas forcément attendue à ce stade de la compétition, la Floridienne de 28 ans a tout de même remporté 32 de ses 39 derniers matchs depuis juillet, s’octroyant notamment les tournois de Palerme et San José. Déjà demi-finaliste à Melbourne en 2019 puis quart de finaliste à Roland-Garros l’année suivante, elle entrera quoi qu’il arrive dans le Top 10 ce lundi, devenant au passage l’Américaine la mieux classée du circuit.

Un parcours et des lauriers qui récompensent l’abnégation et la combativité d’une joueuse qui n’a pas été épargnée par d’importantes douleurs tout au long de sa carrière. Eloignée des terrains en avril 2021 suite à une opération pour soigner son endométriose, elle semble désormais avoir pleinement retrouvé ses sensations et s’en réjouit. "Je suis devenue plus forte physiquement ces deux dernières années. Et je pense que ça se retrouve dans mon tennis, notamment au niveau du service et de l’énergie que j’ai sur le court. J’ai plus de puissance et de vitesse" avait-elle confié après son quart de finale.

Dotée d’une agressivité étourdissante pour toutes ses adversaires – à l’image des 18 points sur 21 gagnés sur la seconde balle d’Iga Swiatek en demi-finale – elle possède également un mental à toute épreuve qui lui a notamment permis de renverser des situations compromises face à Clara Tauson et Elise Mertens plus tôt dans le tournoi. Qualifiée pour la première finale de Majeur de sa carrière, elle semble vouloir simplement profiter de tous les moments passés sur le court, sans ressentir la moindre pression : "Ce tournoi a été une aventure incroyable. Je me suis beaucoup amusé sur le terrain, j'ai rencontré des adversaires difficiles et je me suis battu. Arriver en finale est vraiment incroyable".

Menée 3-1 par Ash Barty dans leurs confrontations, Danielle Collins n’oublie pas que sa dernière défaite à Adélaïde en 2020 s’est jouée dans le tie-break du troisième set et qu’elle a depuis pris sa revanche à Adélaïde l’an passé. "A chaque fois que nous nous sommes jouées, on s’est battues et c’était amusant. Même les matchs que j’ai perdus font partis de mes moments les plus mémorables sur le court. Ce que j’admire dans le jeu de Ash, c’est sa variété, elle a un style différent de celui de la plupart des joueuses. Il n'y en a pas beaucoup qui utilisent le slice comme elle et qui ont un gros service. Je pense que nous allons livrer une belle bataille et offrir un beau spectacle à tout le monde. Je vais étudier nos confrontations et réfléchir à ce qui a bien fonctionné pour mettre au point le meilleur plan de jeu possible" a-t-elle conclu sur le sujet en conférence de presse.

Une ambition et une tranquillité d’esprit dont elle aura grandement besoin pour espérer l’emporter face à la grande favorite du tournoi, soutenue par tout un peuple.