Elle est l’une des surprises de cette quinzaine. Victorieuse de Ons Jabeur en quarts de finale (3/6, 7/6(5), 6/1), Beatriz Haddad Maia vit la plus belle aventure de sa carrière sur les courts de Roland-Garros. La récompense d'un travail de longue haleine.
Haddad Maia, la belle histoire
A 27 ans, la Brésilienne va disputer sa première demi-finale en Grand Chelem après sa qualification face à Ons Jabeur.
Des records en pagaille
C’est la semaine de tous les records pour Beatriz Haddad Maia ! En battant Ekaterina Alexandrova au troisième tour (5/7, 6/4, 7/5), elle est devenue la première Brésilienne à atteindre les huitièmes de finale depuis 1979. 44 ans donc que le Brésil n’avait pas eu de représentante féminine dans le Top 16. La dernière fois, c’était Patricia Medrado à Roland-Garros. A cette époque-là, le tournoi ne comptait que 64 joueuses dans le tableau et Medrado était allée jusqu’au troisième tour.
Mais Haddad Maia ne s’est pas arrêtée en si bon chemin. En battant Sara Sorribes Tormo à l'occasion du troisième match féminin le plus long de l'histoire de Roland-Garros (6/7(7), 6/3, 7/5 en 3h51) puis Ons Jabeur (3/6, 7/6(5), 6/1), elle a continué de rédiger une très belle page dans le livre des records du tennis mondial. Elle est devenue la première joueuse brésilienne à atteindre les demi-finales à Roland-Garros depuis le début de l’ère Open.
"Une très belle personne"
Une performance majuscule accomplie grâce à un succès renversant contre la tête de série n°7, pourtant sérieuse prétendante à la victoire finale Porte d’Auteuil. Patience et abnégation sont les qualités qui lui ont permis d'éliminer ses trois dernières adversaires de la même manière. Menée d’une manche, elle a inversé la tendance pour s’imposer en trois sets. Mais Beatriz Haddad Maia est coutumière du fait, comme l’a expliqué sa dernière victime en conférence de presse. "C’est une gauchère qui sait faire mal à ses adversaires et elle a vraiment l’esprit de la gagne."
En faisant preuve de calme et de sérénité, elle a su élever son niveau de jeu, pour arriver là où elle en est aujourd’hui. "On se connaît depuis quelques années, j’ai vu qu’elle avait changé quelques petites choses dans son jeu, a poursuivi la Tunisienne. Depuis qu’elle l’a fait, elle a vraiment progressé et elle a eu d’excellent résultats, notamment sur gazon. C’est une très belle personne sur et en dehors du court, comme il n'y en a pas beaucoup sur le circuit."
Surprenante, sa place dans le dernier carré est loin d'être imméritée. En tout cas, la joueuse de 27 ans est l’incarnation du célèbre adage : le travail finit par payer. Doucement, mais sûrement, elle a fait son entrée dans le top 20 l’été dernier après avoir remporté deux tournois consécutifs à Nottingham et Birmingham, puis en disputant la première finale WTA 1000 de sa carrière, à Toronto (défaite contre Simona Halep 3/6, 6/2, 3/6). Une montée en puissance confirmée en 2023 avec quatre quarts de finale et une demi-finale disputés sur le circuit.
Le tennis dans les gènes
Quand on lui parle de ses efforts pour en arriver là, Beatriz Haddad Maia refuse de parler de hasard. Fille et petite fille de joueuses de tennis au Brésil, elle a pris la raquette en main pour la première fois à l’âge de 5 ans. Depuis 2010, date à laquelle elle a joué son premier tournoi sur le circuit ITF au Brésil, elle a parcouru un long chemin. "Je travaille dur depuis que je suis jeune pour arriver à ce niveau et c'est dans ma mentalité de ne pas abandonner et de toujours essayer de me donner encore une chance. Une dernière chance, même quand les choses ne se passent pas comme prévu."
La patience, assurément sa qualité première sur un court. Il lui en a fallu avant d’entrer dans le top 100 en 2017. "Il n’y a pas si longtemps encore, il y a deux ans et demi, trois ans, je jouais les qualifications, les $25 000, les Challengers, j’essayais encore de me qualifier dans les grands tournois... C’est comme ça que j’ai construit mon jeu, je suis devenue plus agressive. Rien n’arrive du jour au lendemain, tout se passe avec du travail et du temps et j’ai dû travailler très dur et me préparer. Je consacre beaucoup de temps au travail avec mon équipe. Quand je vois les résultats, je me rends compte que c'est le travail quotidien qui paie. Je gagne contre des joueuses mieux classées que moi et ça me permet aussi de gagner en confiance."
De confiance, elle en aura besoin ce jeudi, face à la n°1 mondiale, Iga Swiatek. Même si - et c'est assez rare pour être souligné - son bilan face à la reine du circuit est à son avantage. Lors de leur seule confrontation à Toronto en 2022, la Brésilienne s'était imposée 6/4, 3/6, 7/5. Alors la marche sera-t-elle trop haute cette fois-ci dans le jardin de la Polonaise, titrée à deux reprises Porte d'Auteuil ? Réponse dans l'après-midi.