Belinda Bencic, l'outsider

Revenue d'une opération du poignet, la Suissesse est mûre pour faire son retour au sommet.

 - Guillaume Baraise

Elle n'a que 22 ans, mais Belinda Bencic a déjà connu bien des péripéties dans sa jeune carrière. N°1 mondiale juniors en 2013 avec des succès à Roland-Garros et Wimbledon, elle a brûlé les étapes dans le monde des grandes dès 2015 avec des titres à Eastbourne et Toronto (en battant au Canada les n°1, n°3, n°5 et n°6 mondiales !), un huitième de finale à Wimbledon et une incursion dans le top 20.

Un début de saison fracassant en 2016 l'a même propulsé dans le top 10 (7e mondiale en février).

Une blessure qui change tout

Formée par Mélanie Molitor, la mère de Martina Hingis, Belinda, joueuse tout terrain aux frappes de fond de court supersoniques, vivait alors un début de carrière doré. Mais les blessures se sont brutalement enchaînées. Une opération du poignet gauche en 2017 a stoppé son élan.





Redescendue au-delà des 300 premières places mondiales, Bencic réussit aujourd'hui un "come back" qui force le respect. Son succès à Dubaï est comparable à son exploit d'il y a quatre ans à Toronto. Dans les Emirats, elle a en effet dominé successivement quatre "top 10" sur la route de son troisième titre sur le grand circuit.
Et cette semaine à Indian Wells, elle poursuit sa série victorieuse. Naomi Osaka, la n°1 mondiale, n'a pas résisté à la confiance de la Suissesse en huitièmes de finale. Un joli cadeau d'anniversaire pour la Saint-Galloise, deux jours après ses 22 ans.

"Je suis sur une série victorieuse et ça aide pour la confiance, a commenté la 45e mondiale. Quand les matchs deviennent compliqués, cette confiance accumulée aide à frapper des bons coups dans les moments importants."


Une reconstruction par étapes


Les étapes de sa reconstruction ont été nombreuses et pas forcément linéaires. Cette jeune femme très active et pleine d'humour sur les réseaux sociaux nous a fait elle-même vivre les moments difficiles et les petits bonheurs qu'elle a connus ces derniers mois. Flash back.

Fin 2017 : la renaissance

Mi septembre, Bencic revient sur le circuit après une interruption de cinq mois.



Elle… gagne dès son tournoi de rentrée, sur le "100 000 dollars" ITF de Saint Pétersbourg.



Elle termine la saison par 28 succès sur 31 matchs.

"J'étais si heureuse de tout simplement pouvoir rejouer. Cela voulait dire tellement pour moi", disait l'intéressée après cette belle série.

Début 2018 : le mauvais rebond

Même si tout va bien physiquement, son début de saison est délicat. Certes elle permet à la Suisse de conserver son titre à la Hopman Cup aux côtés de son idole et ami Roger Federer.



Mais ses résultats individuels sont en deçà de ses attentes, à l'image d'une défaite au deuxième tour à l'Open d'Australie (après avoir pourtant battu d'entrée Venus Williams) et à Roland-Garros face à la Slovaque Magdalena Rybarikova. Le rebond d'après blessure intervient finalement plus tard que prévu pour cette grande fan d'Eminem qui est même de nouveau freinée par une blessure, au pied cette fois.





Un été en pente douce, un automne revanchard

Wimbledon est le début d'un mieux, avec un huitième de finale qui lui permet de revenir dans le top 50 mondial. Mais l'été américain, conclu par une défaite d'entrée à l'US Open, est sans grand relief. La lumière intervient à Luxembourg en octobre où elle se hisse jusqu'en finale après être sortie des qualifications.



2019, et soudain Dubaï

Eliminée par une grande Petra Kvictova à Melbourne, elle joue un rôle prépondérant pour permettre à son pays de battre l'Italie en Fed Cup dans le groupe mondial II.





Des résultats qui sont les prémices de son grand coup à Dubaï. Aryna Sabalenka, Simona Halep, Elina Svitolina et Petra Kvitova baissent successivement toutes les quatre pavillon au troisième set. Un symbole de la combativité et de la joie de jouer totalement retrouvée de Miss Bencic.



Belinda Bencic est donc définitivement de retour au sommet. Toujours souriante, elle s'épanouit dans la victoire... mais aussi et tout simplement en étant sur le court.


Le succès, mais pas que

"Gagner des grands tournois est si rare, cela provoque chez moi un émoi incomparable, disait-elle au soir de son sacre à Dubaï. Je ne suis pas Roger Federer, je ne gagne pas si souvent... Mon objectif dans les mois à venir sera simple : me battre sur le court et ne pas me prendre la tête. Au début de ma carrière, après Toronto notamment, j'ai vu cette frénésie autour de moi. Désormais je veux juste savourer le plaisir de jouer et de pouvoir gagner. Mais je ne veux pas mettre le succès au centre de tout."

La formule pourrait lui sourire à Roland-Garros où elle n'a encore jamais dépassé le deuxième tour. Son étiquette d'outsider lui ira à ravir... Naomi Osaka, Simona Halep et consorts ne diront pas le contraire.