Billie Jean King Cup : la grande première du Canada !

Un parcours parfait

Un dernier passing de revers gagnant pour sceller un match maîtrisé de bout en bout et Leylah Fernandez a pu jeter sa raquette vers le ciel et courir dans les bras de sa capitaine et de ses coéquipières. En patronne, la finaliste de l’US Open 2021 a conclu en beauté la magnifique aventure des Canadiennes à Séville.

Victorieuses de la Belgique en avril (3-2) pour se qualifier pour la phase finale, elles ont survolé leur poule (3-0 contre l’Espagne puis 3-0 contre la Pologne) afin d’atteindre le dernier carré pour la première fois depuis 1988. Opposées à la redoutable Tchéquie – sacrée à 11 reprises – en demi-finales, elles ont inversé la tendance grâce aux succès de leur n°1, en simple (face à Marketa Vondrousova) et en double, en compagnie de Gabriela Dabrowski (contre Barbora Krejcikova et Katerina Siniakova).

Qualifiées pour la première finale de leur histoire, elles n’ont pas été impressionnées par l’enjeu contre l’Italie. Et comme un symbole, c’est Marina Stakusic qui, à 18 ans seulement, a parfaitement lancé son équipe en prenant le meilleur sur Martina Trevisan (7/5, 6/3). Une première victoire face à une joueuse du Top 50 dont la 258e mondiale se souviendra longtemps. "Ce n’est certainement pas ce que j’avais imaginé en venant ici, a déclaré celle qui a remporté trois de ses quatre matchs en simple lors de la phase finale. Au fur et à mesure de la semaine et des entraînements avec les filles, je savais qu’on gagnait en confiance et qu’on croyait vraiment en nous. Ça a fini par payer, cette aventure a été incroyable et je suis très heureuse d’avoir pu la partager avec elles."

Même son de cloche du côté de sa capitaine Heidi El Tabakh, très fière à l’issue de la finale : "On peut légitimement dire qu’une championne est née cette semaine ! Elle a dépassé les attentes de tout le monde et je suis très fière d’elle et de la manière dont elle s’est montrée déterminante pour l’équipe."

Fernandez, l’élément clé

Mais encore fallait-il parvenir à confirmer ce premier point acquis avec la manière. Une mission taillée pour les épaules de Leylah Fernandez, tombeuse pour la troisième fois en trois rencontres de l’actuelle 30e mondiale, Jasmine Paolini (6/2, 6/3). Véritable leader, la gauchère a porté ce groupe vers les sommets depuis la phase qualificative, en remportant l’intégralité de ses matchs (6 en simple et 2 en double).

Une détermination sans faille et un retour à son meilleur niveau qui ont grandement fait la différence. "Je suis extrêmement heureuse, folle de joie même, a-t-elle confié. C’est la première fois que le Canada remporte la Billie Jean King Cup et je peux enfin dire que nous sommes championnes du monde et que nous le méritons ! Nous avons travaillé très dur ces dernières années et, comme je l’ai déjà dit, nous nous améliorons à chaque édition et ça se voit sur les courts, dans les autres tournois et désormais sur la plus grande scène du monde."

Un travail de longue haleine parfaitement illustré par la présence active de Gabriela Dabrowski, appelée pour la première fois en février 2013 et dont la participation a été déterminante, notamment lors du double décisif dans le dernier carré. "C’est un moment incroyablement spécial que l’on partage avec tous ceux qui sont assis ici, a analysé la joueuse de 31 ans. Tout le monde a versé du sang, de la sueur et des larmes, littéralement. C’est un énorme soulagement mais de la manière la plus positive qui soit. C'est comme si un poids avait été enlevé de nos épaules. J'ai l'impression que nous sommes une équipe de haut niveau depuis de nombreuses années, mais pouvoir concrétiser ça avec ce titre, c’est incroyable."

Au terme de cette aventure enrichissante sur les plans sportif et humain, Leylah Fernandez, Marina Stakusic, Rebecca Marino, Eugenie Bouchard et Gabriela Dabrowski ont toutes pu poser tout sourire avec le trophée, succédant ainsi aux Suissesses, sacrées en 2022. "Je suis tellement fière, ça a été un tel plaisir de partager cette aventure avec elles toute la semaine. Toutes les personnes ici présentes ont été un atout considérable pour l'équipe canadienne au fil des années. Nous ne serions pas là sans chacune d'entre elles" a conclu Heidi El Tabakh.

Un an seulement après le titre masculin acquis en Coupe Davis, le Canada confirme donc sa très grande forme dans les compétitions par équipe. De très bon augure, à quelques mois des Jeux Olympiques de Paris 2024…