Battre Rafael Nadal sur terre battue est déjà un immense défi ; le battre à Roland-Garros, encore plus. Pour preuve, seuls Robin Soderling en 2009 et Novak Djokovic en 2015 ont fait chuter l’Espagnol Porte d’Auteuil. Mais le battre en finale sur le court Philippe-Chatrier, ça, personne ne l’a fait. C’est dire l'ampleur du défi que doit relever Dominic Thiem.
Thiem, le grand défi
Face au décuple vainqueur de Roland-Garros, Dominic Thiem devra sortir le match parfait.
Le challenge est de taille mais si quelqu’un est en mesure de l'accomplir, c’est Dominic Thiem. L’Autrichien est le seul joueur à avoir battu Rafael Nadal sur terre battue ces deux dernières années. Deux fois, même, à Rome en 2017 et à Madrid il y a quelques semaines. Deux victoires sur lesquelles le protégé de Günter Bresnik compte bien s’appuyer. "Évidemment, il est largement favori contre n’importe qui, estime l'Autrichien. Mais je sais comment le battre. J’ai un plan et je vais tout faire pour qu’il fonctionne ici aussi. Mais je sais que ça sera plus difficile. Il préfère les conditions de jeu ici et un match en cinq sets, c’est aussi une autre histoire…"
Prêt physiquement
Battu deux fois par le Majorquin à Roland-Garros (deuxième tour 2014 et surtout demi-finale 2017), Dominic Thiem en a tiré les enseignements. Cette année, il a tout fait pour améliorer sa résistance physique. "La semaine précédant Roland-Garros, il a décidé de jouer en tournoi, ce qui n’est pas le cas de la plupart des joueurs qui visent la victoire à Paris, raconte Camille Pin, qui a assisté à son succès à Lyon. Et, en plus des matchs, il s’entraînait deux heures par jour. Il m’avait confié là-bas ne faire ça que certaines semaines, donc ça prouve bien qu’il tenait à se préparer spécifiquement pour pouvoir tenir une grosse intensité de jeu pendant cinq sets."
"Il s’est rajouté une charge de travail en amont pour pouvoir tenir physiquement. C’est très intelligent et ça prouve également une grande force mentale car il faut oser se fatiguer comme ça avant un Grand chelem. C’est aussi un certain risque, qu’il a visiblement bien mesuré et je suis ravie qu’il puisse avoir l’occasion de se tester face à Rafael Nadal en finale. Je pense qu’il a réussi son pari. Il a fait ça pour aller au bout de ce Grand chelem et il savait qu’il y aurait sûrement 'Rafa' sur sa route…"
Une tactique claire
Pour battre Rafael Nadal, Dominic Thiem avait montré toutes ses qualités de joueur de terre battue moderne. Avec son jeu puissant mais bombé, ses variations et ses incursions à la volée mais aussi son service particulièrement efficace sur terre, l’Autrichien possède une large palette. Et il compte bien s’en servir pour faire douter "l’ogre de la terre battue".
"Je pense qu’il sait que même s’il est très fort physiquement, s’il reste loin derrière sa ligne, ce qu’il peut se permettre face à des attaquants contre qui il contre et met du volume, face à 'Rafa', il va falloir de temps en temps venir dans le terrain, trouver des angles et aller au filet pour allier sa force physique et son talent, explique Camille Pin. S’il reste trop derrière sa ligne, il n’a aucune chance et je pense qu’il le sait."
Le mental au rendez-vous
Mené 6-3 dans son face-à-face avec le décuple vainqueur, Dominic Thiem, qui dispute sa première finale de Grand chelem, aura tout à gagner dimanche face au maître des lieux. "Dominic a fait des matchs incroyables toute la quinzaine, il a répondu présent quand il devait gagner, il a été impressionnant dans les moments importants, comme lors du tie-break face à Cecchinato, remarque Camille Pin. Il sait hausser son niveau de jeu quand il faut et son niveau moyen est bien plus haut qu’avant. S’il perd contre 'Rafa', il n’y a pas de problème donc je pense qu’il va tout de suite entrer dedans, à moins que 'Rafa' ne débute très fort. Et quand 'Rafa' est au top, il n’y a pas grand-chose à faire mais je suis sûre que ça sera un gros match, une grosse bataille dès le début." Contre 'Rafa', je ne suis pas celui qui a la pression", sourit Dominic Thiem…