Ce Roland-Garros était donc placé sous le signe de l'Italie et il le restera jusqu'au dernier week-end : Jasmine Paolini y jouera en effet, à 28 ans, sa première finale en Grand Chelem après avoir remporté ce jeudi la demi-surprise face à Mirra Andreeva, rattrapée par sa jeunesse et battue en deux sets 6/3, 6/1 en 1h13. Troisième Italienne à atteindre la finale à Paris après Francesca Schiavone (2010, 2011) et Sara Errani (2012), elle y aura la tâche la plus difficile qui soit puisqu'elle défiera la patronne des lieux, Iga Swiatek, tout aussi expéditive dans la première demi-finale face à Coco Gauff.
Le grand jour de Paolini
L'Italienne, victorieuse d'une Mirra Andreeva quelque peu crispée par l'enjeu, jouera à 28 ans sa première finale de Grand Chelem. Elle aura l'honneur d'y défier la "boss" ultime, Iga Swiatek.
Si la présence de Swiatek était plus qu'attendue, celle de Paolini relève d'une vraie surprise, malgré son éclosion tardive lors de cette saison 2024, marquée notamment par un premier titre en WTA 1000 à Dubaï. Dans cette partie basse du tableau, tout le monde attendait, dans ce dernier carré, un duel entre Aryna Sabalenka et Elena Rybakina. Paolini et Andreeva les en avaient privées, pour disputer l'une contre l'autre la demi-finale avec le plus grand écart d'âge à Paris depuis un Evert-Sabatini en 1985. Une demi-finale, forcément, sous haute pression entre deux joueuses pas habituées à de tels sommets.
29 fautes directes pour Andreeva
Et à ce petit jeu, la force de l'expérience a donc parlé. Saluée – à juste titre – depuis le début du tournoi pour sa maturité et sa gestion incroyable des émotions, Andreeva a cette fois été rattrapée par sa jeunesse comme par l'événement. La protégée de Conchita Martinez, les yeux rougis par les larmes pendant le deuxième set – comme Coco Gauff avant elle –, est passée à côté de son rendez-vous, commettant 29 fautes directes dont 19 côté revers, son habituel point fort.
Breakée dès le quatrième jeu, Andreeva, qui avait pourtant battu son adversaire du jour récemment à Madrid, a bien sûr tout essayé pour revenir et lancer la machine. Mais elle a aussi souffert d'un manque de réalisme, ratant ainsi trois balles de débreak à 1-3, puis deux autres à 2-4 (0 sur 6 en tout). Rien, décidément, n'allait dans son sens et c'est aussi ce qui a contribué à lui mettre la tête sous l'eau. Passé le gain du premier jeu du deuxième set, elle s'est ensuite écroulée, jusqu'à perdre les six suivants. Et le match.
C'est qu'en face, il ne faudrait pas l'oublier, Paolini a fait ce qu'il fallait pour l'empêcher de sortir la tête de l'eau. La Toscane, elle aussi tendue lors des premiers jeux, a réussi à se relâcher point après point, comme elle l'a confié ensuite au micro d'Alex Corretja. Plus puissante du fond de court malgré son gabarit de poche (1,63 m), distillant parfaitement le jeu avec son coup droit délié et très à l'aise dans l'art de l'amortie (une arme décidément toujours aussi efficace sur terre battue), la numéro 12 mondiale - elle sera au moins 7e lundi – a géré sa partie à la perfection. Habituée à perturber ses adversaires sur le plan tactique, Andreeva avait trouvé, cette fois, à qui parler.
Toujours en lice pour un doublé
Au bout d'1h13, Jasmine Paolini pouvait laisser éclater sa joie à son retour aux vestiaires, où elle a été accueillie par sa compatriote et partenaire de double Sara Errani, qui était donc la dernière Italienne avant elle à avoir atteint la finale de Roland-Garros, et avec laquelle elle disputera vendredi la demi-finale du double dames. Un beau passage de témoin pour une superbe histoire. Et, surtout, un exploit magistral à portée de raquette, avec un possible doublé qu'avait aussi réalisé Barbora Krejcikova en 2021.
En attendant, la voilà face au défi ultime : affronter Iga Swiatek en finale de Roland-Garros. A fortiori pour sa première finale en Grand Chelem. A fortiori face à une joueuse qui l'a déjà battue deux fois en deux confrontations, à Prague en 2018 et à l'US Open en 2022. Mais c'était un autre temps. Aujourd'hui, Jasmine Paolini n'est plus la même joueuse. Et elle est portée par une vague italienne qui semble ne jamais devoir cesser de déferler sur ce Roland-Garros.