La saga des Héritiers, 6 : Stefanos Tsitsipas

Ils ont brillé en 2018 et sont l'avenir. Tennis, personnalité, hobbies : on vous dit tout. Sixième volet: Stefanos Tsitsipas.

Stefanos Tsitsipas at Roland-Garros 2018©Cédric Lecocq/FFT
 - Romain Vinot

À 20 ans, Stefanos Tsitsipas possède déjà le plus beau palmarès tennistique de l'histoire de la Grèce.

Récent vainqueur du tournoi de Stockholm et de l'ATP Next Gen, il est également le joueur qui a réussi la plus belle progression en 2018.

Si son père veut le voir remporter Wimbledon, lui espère désormais simplement franchir un palier dans l'un des quatre tournois du Grand Chelem. Présentation.

Cocon sportif


Comme d'autres joueurs de la Next Gen, Stefanos Tsitsipas a été bercé par le sport de haut niveau. Son grand-père, Sergueï Salnikov, était footballeur et a notamment fait les beaux jours de la sélection soviétique et des meilleurs clubs moscovites pendant de nombreuses années.

Mais s'il apprécie le ballon rond, son père Apostolos Tsitsipas, entraîneur et sa mère Julia Salnikova, ancienne joueuse de Fed Cup, lui ont montré le chemin vers le tennis.



"Mon premier souvenir de jeu, c'est à trois ans, je frappais des balles avec mon père entre deux leçons. Mais quand j'étais petit, je regardais des matchs à la TV. Je ne pourrais pas vous dire qui jouait mais je me souviens que je regardais", a-t-il confié au site grec Sport24.



Wimbledon, futur jardin ?

 

Au sein du club de son père en banlieue d'Athènes, Stefanos progresse vite et son intégration au circuit junior à 14 ans est naturelle. S'il ne flambe pas à ses débuts, il atteint tout de même la finale de l'Orange Bowl en 2014 alors qu'il ne figure pas encore dans le Top 100. L'année suivante, il récidive, intègre l'académie Mouratoglou et partage sa vie entre la Grèce et la France.

Mais c'est véritablement en 2016 qu'il explose avec deux quarts à l'Open d'Australie et Roland-Garros, deux demies à l'US Open et Wimbledon, tournoi qu'il remporte en double avec Kenneth Raisma. Depuis ce jour, son père a la certitude que Stefanos inscrira son nom au palmarès du tournoi senior.

"Il lui répète d'ailleurs toujours que le premier tournoi du Grand Chelem qu'il gagnera, ce sera Wimbledon. Le gazon va avec son jeu, il ne le sait peut-être pas encore assez, mais il peut être un joueur très offensif" a déclaré Kerei Abakar - son entraîneur au sein de l'académie Mouratoglou - à L'Equipe Magazine.

Stefanos Tsitsipas and Novak Djokovic laid back at pratice Wimbledon 2018©Corinne Dubreuil/FFT
Déjà au Panthéon


Sur le circuit pro, Stefanos semble reproduire le même schéma. S'il a écumé le circuit Challenger et a connu une première demi-finale en ATP 250 en 2017, il a franchi un énorme cap cette année. Finaliste à Barcelone après avoir notamment éliminé Dominic Thiem, il s'est hissé pour la première fois en finale d'un Masters 1000 à Toronto avec un tableau de chasse impressionnant : Thiem, Djokovic, Zverev et Anderson sont tombés sous ses coups droits de décalage et son revers à une main.

Mais battre quatre joueurs de cette trempe la semaine de ses vingt ans ne lui suffisait pas, il voulait également un titre. En octobre, il a soulevé le trophée à Stockholm et récidivé en novembre à Milan, en prenant le meilleur sur ses camarades de la Next Gen. Il a également reçu le trophée ATP du joueur ayant le plus progressé en 2018.



Des performances qui lui permettent déjà d'écrire l'Histoire de son pays. Il est en effet le premier Grec vainqueur d'un tournoi ATP ainsi que le premier à être classé dans les 100 meilleurs joueurs du monde (il a terminé l'année à la 15ème place).

"Mon pays n'est pas réputé pour son tennis... Quand j'ai commencé à jouer, Konstantinos Economidis était le meilleur joueur grec. Talentueux, discipliné, déterminé, il n'avait pas la structure pour suivre. Il reste un exemple pour moi car ce qu'il a pu accomplir sans coach et avec des moyens limités, c'est tout simplement remarquable", avait-il expliqué avant Roland-Garros 2018. À 20 ans seulement, il a donc déjà fait mieux que son modèle.



Talon d'Achille


Vainqueur de l'ATP Next Gen de Milan, Stefanos a eu l'occasion de tester le coaching audio pendant les rencontres. Mais vu de l'état de son casque à la fin de sa demi-finale contre Rublev, il est facile de comprendre qu'il n'apprécie que moyennement cette nouvelle règle qui pourrait être appliquée "chez les grands" dans le futur.

"Je pense que le joueur se doit de trouver des solutions lui-même. Je n’aime pas trop parler quand je suis sur le terrain", avait-il expliqué au début du tournoi. Passer ses nerfs sur son matériel audio lui a permis de ne pas s'en prendre à sa raquette ou... à l'arbitre !

Plus tôt dans la saison, à Metz, il avait pris un avertissement en brisant sa raquette puis un point de pénalité dans le deuxième set pour avoir délibérément visé un juge de ligne avant de servir. S'il veut continuer de briller, il devra davantage se maîtriser à l'avenir.



Se calmer en musique...


Les casques, le natif d'Athènes préfère les porter pour écouter de la musique. Assez ouvert dans ce domaine, il semble avoir un vrai penchant pour l'électro. À Stockholm, il a d'ailleurs dédié sa victoire à Avicii, DJ suédois décédé au mois d'avril.

"J’ai dédié mon premier titre ATP à Avicii, qui m’a inspiré avec sa musique. Une personne qui m’a fait rêver, dotée d’une attitude créative et dont je me souviendrai toujours" a-t-il publié en suédois sur son compte Twitter.



... Se défouler au sport


S'il n'a pas connu son grand-père, ancien joueur de foot, Stefanos a tout de même hérité de sa passion pour le ballon rond. S'il supporte l'AEK Athènes, il peut commettre quelques infidélités comme porter le maillot du PSG à l'occasion du tournoi de Monte-Carlo.

Il aime également jouer au basket, au tennis de table et nager : "Nager et jouer au bowling avec mes amis, voilà comment je m'occupe quand je suis à la maison".



Joueur 2.0

Si certains professionnels se lassent de leur mode de vie, ce n'est pour l'instant pas le cas de Tsitsipas. "J'adore voyager à travers le monde, découvrir de nouvelles cultures, rencontrer des gens, apprendre de nouvelles manières de vivre...".

Des expériences et découvertes que l'on retrouve sur son compte Instagram mais aussi et surtout sur sa chaîne Youtube comme il l'a raconté enjoué au site de l'ATP : "J'aime monter et créer mes vidéos et j'apprécie Youtube parce que c'est une bonne plateforme pour partager et regarder des vidéos de personnes qui créent des choses très différentes". S'il n'a plus tellement le temps, il aime également jouer aux jeux vidéo.

Un poil geek le Grec ? Plutôt un joueur en phase avec son époque.