Nadal-Thiem : opus 4

Dominic Thiem est actuellement le seul homme au monde qui peut se targuer d'estoquer le roi Nadal une fois sur deux. Leur dernière rencontre, le 27 avril en demi-finales du tournoi ATP 500 de Barcelone, a été l'occasion d'assister à un nouveau régicide (6/4, 6/4).

"Peut-être que les choses sont plus ouvertes. L'année dernière, Nadal était presque imbattable. Peut-être qu'il ne l'est pas cette année. Pour nous autres, ce serait très sympa", avait alors déclaré l'Autrichien, qui doit maintenant prouver qu'il peut aussi le faire sur la distance des trois sets gagnants.

Jusqu'ici, sur ce ring Philippe-Chatrier dont Nadal est l'indiscutable patron, Thiem a toujours été renvoyé dans ses cordes : en trois rencontres ici (2014, 2017 et 2018), il n'a inscrit que 23 jeux, soit une moyenne de 7,6 par match.

Nadal vise la "double Borg"

En mathématiques, le 12 est considéré comme un "nombre sublime". C’en est un aussi en tennis tant il est rare de réaliser douze fois le même travail d’Hercule.

Rafael Nadal nous fait donc explorer des contrées méconnues en visant une duodécima à Roland-Garros. Si les six titres du Suédois Björn Borg sont déjà irréels, que dire de la "double Björn Borg" que pourrait décrocher l’Espagnol dimanche ? On pourrait l’appeler aussi la "quadruple Ivan Lendl" ou la "quadruple Gustavo Kuerten".

Si Nadal s’impose dimanche en finale, il comptera en effet autant de titres que Björn Borg, Ivan Lendl et Gustavo Kuerten réunis. L’équation suivante deviendrait également valable : Rafael Nadal = Novak Djokovic + Roger Federer + Andre Agassi + Rod Laver + Guillermo Vilas + Jim Courier + Mats Wilander + Ilie Nastase.

"Oui, c'est incroyable, pour être honnête." concède l'intéressé. "Mais il ne faut pas que je pense à ça. Pour moi, c'est réel. Même si c'est au-delà de ce que je pouvais imaginer il y a quelques années. C'est un objectif, un accomplissement d'être encore en finale de Roland-Garros, en particulier en revenant de situations difficiles, avec toutes les blessures, et de pouvoir retrouver le niveau que j'ai eu ces dernières semaines. J'en suis très fier."

Thiem, le quatrième homme ?

Vainqueur en 1995, l'Autrichien Thomas Muster est l'unique joueur de son pays à avoir inscrit son nom en simple au palmarès d'un tournoi majeur. Voilà Dominic Thiem, comme en 2018, tout proche de le rejoindre. Tout proche mais aussi très loin si l'on regarde le palmarès.

Depuis 14 ans, seuls quatre hommes, Juan Martin Del Potro, Marin Cilic, Andy Murray et Stan Wawrinka, ont réussi à s'immiscer dans les rares interstices de l'incroyable domination du trio Federer/Nadal/Djokovic. Et à Roland-Garros, un seul l'a fait depuis 14 ans : Stan Wawrinka, vainqueur à Paris en 2015.

Plus serré que l'an passé ?

La victoire de Dominic Thiem (n°4) sur Novak Djokovic (n°1) est sa première sur un numéro un mondial en Grand Chelem, et sa première en cinq sets à Roland-Garros.

"C'était un match épique avec tellement de hauts, de bas, la pluie, revenir aux vestiaires, revenir sur le court. Et j'ai eu l'impression que je menais tout le temps dans le match, à la fin, c'était si difficile, on aurait pu gagner tous les deux ! J'ai pris le meilleur heureusement à la fin."

Certes, l'Autrichien aurait sûrement préféré avoir un jour off, comme Rafael Nadal. Mais ce succès contre Djokovic obtenu dans des conditions hostiles le fait encore grandir. Suffisamment pour prendre enfin un set à l'Espagnol à Paris ? Thiem l'espère, s'il arrive à surfer sur la même vague.

"Jouer Nadal sur terre, c'est vraiment le défi ultime et l'un des plus grands défis que le sport en général puisse donner. J'ai joué un très bon match contre lui à Barcelone il y a six semaines. Je vais essayer de faire la même chose, même si c'est encore plus difficile de le jouer ici. Mais je vais essayer de garder toutes les émotions positives que j'ai grâce à ce match formidable contre Djokovic et à entrer dans le match avec un bon état d'esprit, positif."

Rendez-vous dimanche à 15 heures sur le court Philippe-Chatrier, pour le quatrième épisode parisien du duel Nadal/Thiem. L'an dernier, le score de la finale avait été assez sec (6/4 6/3 6/2). C'était pourtant son meilleur match ici contre l'Espagnol...