Daniil Medvedev semble imperméable à la pression. Finaliste sortant, vainqueur de l’US Open en septembre, numéro deux mondial et joueur le mieux classé du tableau, le Russe fait logiquement figure de grand favori à Melbourne cette année. Un statut qui ne semble pas l’inhiber, au contraire.
Medvedev, la confiance d'un favori
Finaliste l’an dernier, Daniil Medvedev vise un premier titre à Melbourne.
Habitué à occuper le devant de la scène depuis sa première finale en Grand Chelem à New York en 2019 (défaite contre Rafael Nadal), Daniil Medvedev ne se laisse plus impressionner. Ni par les attentes qu’il suscite, ni par les manifestations du public lorsqu’il joue.
Sa prestation contre Nick Kyrgios jeudi au deuxième tour de l’Open d’Australie en est un parfait exemple. Face au fantasque Australien, chouchou du public, Daniil Medvedev a gardé son calme du premier au dernier point. Même quand Kyrgios a tenté (et réussi) des coups dont lui seul a le secret, même quand il est revenu à deux sets à un devant un public en délire ou quand certains spectateurs ont parfois manifesté entre les deux balles de service… Le protégé de Gilles Cervara est resté impassible. Jusqu’à signer son 15e succès à l’Open d’Australie. Là, et seulement à ce moment-là, il a réagi face au public. Car on le sait, s’il peut rester maître de ses nerfs pendant le match, Daniil Medvedev n’hésite jamais à dire ce qu’il pense, quitte à provoquer légèrement ceux qui lui font face.
"Il n’y a pas le choix, quand le public siffle entre le premier et le deuxième service, il faut rester calme", a-t-il répondu au micro de Jim Courier lors de l’interview d’après-match. Avant d’ajouter, taquin, "Les gars je n’entends rien de ce qu’il dit. Montrez un peu de respect pour Jim Courier. Il a gagné ici, merci. Au moins, respectez quelqu’un, respectez Jim Courier."
Une petite pique adressée aux spectateurs de la Rod Laver Arena qui ne devraient pas lui en tenir rigueur. Lui-même gardera plutôt de bons souvenirs de ce match spectaculaire. "J’ai aimé gagner, a-t-il souri en conférence de presse. Ce n’était vraiment pas facile. Ce n’est pas facile de jouer contre le public. Les matchs de ce genre ne sont pas faciles à jouer mais ça reste des matchs marrants avec le recul, parce qu’au final on a offert un beau spectacle."
Plus tôt, sur le court, Daniil Medvedev avait une nouvelle fois montré toute l’étendue de son talent et de son efficacité pour s'offrir sa 9e victoire consécutive en Grand Chelem. Très à l’aise sur la surface qui sied le plus à son jeu tout en puissance et en relâchement, le numéro deux mondial a engrangé encore un peu plus de confiance en se sortant de ce deuxième tour "piège".
"C’était vraiment important de bien jouer parce que ce n’était pas du tout un bon tirage. Parfois dans un Grand Chelem, en tant que tête de série bien placée, vous avez des premiers tours pour vous régler, que vous pouvez aborder sereinement. Je ne dirai pas qu'ils sont "faciles" car chaque adversaire est dur mais ce sont des matchs où vous savez que vous avez la tactique pour gagner ou alors vous vous sentez meilleur physiquement que votre adversaire... Contre Nick ce n’est pas pareil. On sait qu’il peut très bien servir, ce qui est déjà très compliqué. J’ai en plus trouvé qu’il retournait très bien aujourd’hui et c’était très difficile de le breaker. Mais d’un autre côté gagner ce genre de match dans les premiers tours donne beaucoup de confiance. On se dit 'Ok si je continue à jouer comme ça, je peux aller loin.' Je suis content d’avoir relevé ce challenge."
Sa victime du jour, Nick Kyrgios ne tarissait d’ailleurs pas d’éloges à l’égard du Russe après leur match, faisant de lui le favori numéro un à la victoire finale.
"Je pense que beaucoup de personnes le désigneraient comme meilleur joueur du monde en ce moment. Sa constance est impressionnante. Il répond présent sur chaque match, chaque jeu. Peu importe le score ou la pression qu’on lui met, il ne s’énerve jamais. Il a vraiment beaucoup de confiance en son jeu. Il est tellement en confiance en ce moment, c’est pour moi le favori pour gagner cet Open d’Australie."
Opposé à Botic van de Zandschulp au prochain tour, seul joueur qui lui avait pris un set à Flushing Meadows, Daniil Medvedev aborde effectivement assez sereinement la suite de la compétition grâce à la confiance accumulée ces derniers mois, notamment à travers sa victoire à l’US Open, le premier titre en Grand Chelem de sa carrière.
"Depuis l’US Open, je sais que je suis capable de jouer sept très bons matchs d’affilée sur le même court ou dans le même stade, en battant les meilleurs joueurs du monde, en servant bien. Je sais que si je joue bien, il est très difficile de me battre. Parfois je joue moins bien mais je reste capable de gagner des matchs et c’est ça qui me donne cette énorme confiance. Je sais que c’est possible."
Possible de gagner un autre titre en Grand Chelem… Mais pas seulement ! Maintenant qu’il a goûté aux joies des plus grandes victoires, Daniil Medvedev ne veut pas s’arrêter là. "Plus vous grimpez au classement, plus haut vous voulez aller. Je suis n°2 depuis un moment. Je joue plutôt bien alors bien sûr je veux devenir n°1 mondial, gagner 25 Grands Chelems ou tout ce genre de choses", confiait-il récemment. Ses futurs adversaires et concurrents au sommet de la hiérarchie sont prévenus. Daniil Medvedev rêve grand, très grand.