Déjà passionnant, ce premier Grand Chelem de la saison a connu un petit séisme ce vendredi avec l'élimination de la tenante du titre Naomi Osaka. De leur côté, Barty, Badosa et Krejcikova seront bien au rendez-vous des huitièmes. Chez les hommes, Nadal a lâché un set, Monfils confirme et Berrettini a sorti les muscles face à Carlos Alcaraz.
AO 2022 - J5 : Osaka out, Nadal monte en puissance
Osaka déjà éliminée, Nadal qui monte en puissance et Berrettini vainqueur d'un bras de fer face à Alcaraz : voici les infos à retenir de ce vendredi australien !
Le match du jour : Osaka tombe dans le piège Anisimova
La terre a tremblé à Melbourne en session de soirée ! La tenante du titre Naomi Osaka a été éliminée par Amanda Anisimova. En feu depuis le début de la saison, la jeune Américaine a plus que validé son come-back en inversant brillamment la tendance dans ce troisième tour (4/6, 6/3, 7/6(5)).
Breakée d’entrée et incapable de recoller dans la première manche, la joueuse conseillée depuis peu par Darren Cahill aurait pu rapidement baisser pavillon contre une adversaire de cette trempe. Mais en plein renouveau tennistique et mental, elle a su trouver les ressources et s’est montrée très agressive dès l’entame du set suivant. Plus entreprenante, elle a continué ses efforts malgré cinq opportunités de break manquées (1 convertie sur 10 au total). Un état d’esprit payant pour s’offrir un set décisif.
Alternant coups gagnants (46 pour Anisimova, 21 pour Osaka !) et erreurs évitables (44-45), les deux joueuses ont ensuite tenu leur engagement, jusqu’au super tie-break. Mais il s’en est fallu de peu pour que l’histoire soit bien différente. Alors qu’elle servait pour rester dans la rencontre à 5-4, Amanda Anisimova a eu à sauver deux balles de match, certes manquées par Osaka. Un déclic de plus pour aborder la fin de rencontre avec confiance et remporter sa plus belle victoire depuis très longtemps.
"La semaine passée a été parfaite pour moi mais j’ai toujours hâte de disputer les gros tournois. Ici, à l’Open d’Australie, il y a toujours une atmosphère incroyable. C’est pour ça que je m’entraîne, j’avais la chair de poule dans le jeu décisif ! J’ai toujours ce ressenti et je me dis ‘allez, allons-y’. Je travaille de manière acharnée pour vivre des moments comme aujourd’hui" a expliqué Anisimova en conférence de presse.
A noter qu’avec sa défaite prématurée, Naomi Osaka devrait pointer au-delà de la 80e place mondiale lors de la publication du prochain classement !
La finale avant l’heure entre la Japonaise et Ashleigh Barty n’aura donc finalement pas lieu. Et ce n’est pas de la faute de la numéro un mondiale, de nouveau très tranquille contre Camila Giorgi (6/2, 6/3 en 1h01). Jamais mise en danger, la chouchou du public a joué sa partition sans aucune fausse note, encore bien aidée par une première balle très efficace (0 balle de break à sauver, 93% de points gagnés !). Elle sera probablement davantage challengée par celle qu’elle avait éliminée en demi-finale de Roland-Garros 2019…
Nadal hausse le ton
S’il a bel et bien lâché un set face à Karen Khachanov, Rafael Nadal a paradoxalement réalisé son meilleur match depuis son retour à la compétition (6/3, 6/2, 3/6, 6/1 en 2h50). Opposé à un adversaire plus dangereux que les deux précédents, le Majorquin a retrouvé d’excellentes sensations. Son premier set quasi parfait durant lequel il n’a perdu qu’un petit point sur son service en est la preuve. Le deuxième – dont le score est tout de même sévère pour le Russe (6/2) – a confirmé sa capacité à faire visiter le terrain à son adversaire et à serrer le jeu quand il le faut.
Son coup de pompe dans le troisième set, combiné à la libération de Khachanov a probablement crispé ses fans. Ces derniers ont dû être pleinement rassurés par la qualité exceptionnelle de son quatrième set. De nouveau très mobile, il a complètement étouffé son partenaire de jeu, en accumulant les points magnifiques. Son explosion de joie au moment de réaliser un nouveau break dès le début de cette manche est caractéristique de son envie et de son implication.
"C’est une semaine très spéciale. Revenir de là où je viens… Chaque moment passé sur le court ici est important pour moi […] Pour le moment, mon pied me laisse tranquille. J’ai eu des moments difficiles et aujourd’hui, être ici représente beaucoup, j’accumule de l’énergie pour continuer de me battre tous les jours. Tout ce qu’on a fait avec mon équipe et ma famille pour en arriver là, ça compte énormément. Je suis très heureux, merci à tous" a-t-il lancé sous l’ovation du public. Comme à son habitude, il n’a pas non plus manqué de saluer son adversaire : "Cette nuit, j’ai joué contre un grand joueur et un bon ami sur le circuit. C’est sans aucun doute mon meilleur match depuis mon retour et je lui souhaite tout le meilleur pour le reste de la saison".
Mannarino – Karatsev : match le plus long et point du jour !
Jusqu'au bout de la nuit ou presque ! Après avoir déjà éliminé Hubert Hurkacz, signant ainsi l'une de ses plus belles victoires en Grand Chelem, Adrian Mannarino s'est offert le scalp d'une nouvelle tête de série en la personne d'Aslan Karatsev. Après 4h38 d'un combat extrêmement rude (7/6(4),6/7(4),7/5, 6/4), le Français s'est qualifié pour le premier huitième de finale de sa carrière à Melbourne.
Et que ce fut intense ! Les deux hommes ont envoyé du lourd jusqu'à la fin de la rencontre, multipliant les points spectaculaires et ne se faisant aucun cadeau sur leurs mises en jeu respectives comme le montrent les chiffres concernant le nombre de balles de break de "Manna" (5 converties sur 24).
Et alors que dire des statistiques globales de la rencontre : 77 coups gagnants pour Karatsev contre 32 pour Mannarino et 86 fautes directes pour le Russe contre seulement 22 pour le Français !
Au bord de l'épuisement, après avoir déjà beaucoup donné la semaine passée et lors de son premier tour face à Jaume Munar, le demi-finaliste de la dernière édition a tout de même obtenu des balles de débreak dans la dernière manche mais son physique et la solidité du Français ont eu raison de son courage. "J’ai vraiment pris du plaisir. J’aime courir et je me sentais en forme aujourd’hui, je regardais parfois l’horloge et je me disais ‘c’est pas vrai’. Je suis assez épuisé mais c’était cool ! J’étais extrêmement concentré sur ce que je faisais, à chaque point je me disais qu’il fallait que j’aille chercher le suivant" a confié épuisé mais avec le sourire Adrian Mannarino en bord de court.
Le représentant tricolore, deuxième qualifié pour le tour suivant avec Gaël Monfils (voir ci-dessous), a gagné le droit de disputer un match de prestige face à Rafael Nadal, qu'il n'a jamais battu en deux confrontations.
Badosa réussit son premier gros test
En balade depuis le début de ce premier Grand Chelem de l’année – seulement sept jeux perdus lors de ses deux premiers tours – Paula Badosa a dû davantage s’employer face à Marta Kostyuk pour rejoindre les huitièmes de finale. Une première pour l’Espagnole, qui a tremblé sans toutefois dégoupiller lorsque son adversaire est revenue au score. Pourtant menée 6/2, 4/2, la huitième de finaliste de Roland-Garros 2021 s’est en effet lancée dans une entreprise de démolition pour obtenir le droit de disputer un troisième set. Les deux joueuses sont alors parvenues à élever leur niveau de jeu, enchaînant les frappes surpuissantes, pour le bonheur de spectateurs déjà conquis.
Malgré un plus grand nombre de points gagnants (30 contre 25 pour Badosa) et quatre balles de matchs sauvées avec panache, l’Ukrainienne de 19 ans s’est finalement inclinée après 2h19 d’un superbe combat (6/2, 5/7, 6/4). "Je m’attendais à ce genre de match, c’est une joueuse dingue, qui a énormément de potentiel ! Elle sera l'une des meilleures joueuses du monde dans les années à venir, sans aucun doute. […] J’ai tout donné aujourd’hui, j’ai fait un bon match et j’en avais vraiment besoin face à elle. Je suis en confiance et je suis très heureuse d’avoir gagné", a confié l’Espagnole après une très belle accolade avec son amie.
Titrée à Sydney et sur une série de huit victoires consécutives, Paula Badosa affrontera une adversaire dans la même forme qu’elle en huitièmes. Si elle a dû en passer par un super tie-break face à Qiang Wang (4/6, 6/3, 7/6(2)), Madison Keys a également enchaîné une huitième victoire de rang après son titre à Adélaïde et ses deux victoires face à Sofia Kenin et Jaqueline Cristian dans cet Open d'Australie 2022.
Azarenka éteint Svitolina
Première qualifiée du jour pour la deuxième semaine, Victoria Azarenka n’a fait qu’une bouchée d’Elina Svitolina (6/0, 6/2 en 1h07 !). Plus percutante et incisive, elle a surtout été beaucoup plus précise, ne commettant que 9 fautes contre 26 pour l’Ukrainienne. Sacrée à deux reprises ici (en 2012 et 2013), elle n’a perdu que 9 jeux pour se hisser dans le Top 16. De très bon augure avant de se mesurer à Barbora Krejcikova.
Opposée à Jelena Ostapenko dans un duel entre gagnantes de Roland-Garros, la Tchèque s’est fait une grosse frayeur. Menée 3-1 dans le deuxième set après avoir concédé sèchement le premier 6/2, elle semblait dépassée par les coups gagnants adverses (40 au total). Mais qui dit prise de risque, dit également déchet pour la Lettonne qui a eu le malheur de laisser la porte ouverte pour finalement se faire renverser en 2h10 (6/2, 4/6, 6/4). De quoi permettre à Barbora Krejcikova de se qualifier pour son premier huitième de finale en simple à Melbourne.
De leur côté, Maria Sakkari (6/4, 6/1 contre Veronika Kudermetova) et Jessica Pegula (7/6(3), 6/2 contre Nuria Parrizas Dias) ont eu moins de mal à obtenir leur ticket et se retrouveront dans le dernier huitième de finale de cette partie haute du tableau.
Monfils glisse en huitièmes
Pour la 20ème fois de sa carrière, Gaël Monfils sera bien au rendez-vous des huitièmes de finale d’un tournoi du Grand Chelem. S’il n’a toujours pas concédé le moindre set depuis le début du tournoi, le Français s’est tout de même fait peur, la faute à une cheville qui a tourné suite à une chute alors qu’il menait 3-1 dans la première manche. Moins à l’aise après cet événement, il a été poussé dans son premier tie-break par Cristian Garin, inscrivant six points consécutifs alors qu’il était initialement mené 4-1.
En empochant cette première manche, la "Monf" a clairement fait le plus dur, face à un adversaire qui avait déjà passé 9h14 (!) sur le court en deux rencontres. En confiance après un début de saison très réussi, il a pu s’appuyer sur une bonne qualité de service (14 aces, 72% de points gagnés sur sa première) tout en réalisant plus de coups gagnants (30/22) et moins de fautes (27/45) que son vis-à-vis.
"Honnêtement, Je n’ai pas très bien joué, j’ai fait un match solide mais pas un bon match. J’ai été passif, Cristian a fait des fautes, il était forcément beaucoup plus fatigué. Après, que tu joues bien ou pas, si tu te sens bien, t’essaies de faire au mieux et ça passe. La confiance fait que j’arrive à gagner en ne faisant pas un bon match" a-t-il confié en conférence de presse.
En confiance après un début de saison très réussi, Monfils peut légitimement viser plus haut puisqu’il affrontera Miomir Kecmanovic au tour suivant même s’il se méfie : "Contre lui à Bercy, je m’en étais très bien sorti ! Ce ne sera pas un match facile, il joue rapidement depuis le fond de court, il ne se pose pas beaucoup de questions, il a un bon revers et agresse bien ses adversaires. Il n’a rien à perdre et l’envie de bien faire. Ce sera encore un gros match pour moi". Le Serbe, qui devait initialement affronter Novak Djokovic en ouverture, a d’ores et déjà réalisé sa meilleure performance dans un grand tableau. Ce vendredi, il a pris le meilleur sur l’Italien Lorenzo Sonego (6/4, 6/7(8), 6/2, 7/5).
Berrettini en costaud, Zverev attend Shapovalov
Le premier gros choc de cogneurs de la quinzaine a tenu ses promesses ! Pourtant, après des premiers jeux très accrochés durant lesquels Carlos Alcaraz s’est procuré cinq balles de break sans parvenir à les convertir, la partie aurait pu tourner court. Auteur d’erreurs inhabituelles et rédhibitoires face à un adversaire du calibre de Matteo Berrettini, le protégé de Juan Carlos Ferrero a perdu sept jeux consécutifs avant de parvenir enfin à stopper l’hémorragie. Pas suffisant toutefois pour recoller au score, l'Italien se montrant plus efficace dans le tie-break de la deuxième manche.
En position de force et lancé sur le chemin d’une victoire en trois sets, le Romain n’a pas su profiter d’un nouveau temps fort et a laissé son adversaire reprendre confiance. Des coups plus puissants et plus précis et une rage toujours intacte ont permis à la pépite espagnole de revenir dans la rencontre et de transformer ce rendez-vous en véritable immanquable. Poussés par un public aux anges, les deux joueurs ont tout donné, à l’image de cette torsion de cheville de Berrettini dans la manche décisive.
Plus de peur que de mal pour la tête de série n°7, qui a pu reprendre le combat, achevé au super tie-break dans un climat électrique. Alcaraz, qui avait jusqu’ici remporté les trois premiers thrillers en cinq sets de sa carrière était parvenu à sauver une première balle de match sur son service à 6-5 contre lui. De quoi de nouveau haranguer frénétiquement la foule. Mais c’était reculer pour mieux sauter, le joueur le plus constant s’imposant finalement au bout du suspense et sur une double-faute adverse (6/2, 7/6(3), 4/6, 2/6, 7/6(5)) en 4h10.
"Il est incroyable, à son âge je crois que je n’avais même pas de points ATP ! Il est impressionnant et il le prouve à chaque fois en jouant ce genre de match. Il a montré à tout le monde son potentiel et même si j’ai gagné, bravo à lui […] J’étais confiant et j’étais à quelques jeux de la victoire, à 4-3, 0-30 sur son service dans le troisième set et puis ça a tourné en quelques secondes. Il est bien revenu à deux sets partout mais j’ai réussi à me remobiliser" a déclaré l’Italien au micro de Jim Courier.
Matteo Berrettini disputera son cinquième huitième de finale consécutif en Grand Chelem (le huitième au total) face à Pablo Carreño Busta, tombeur de Sebastian Korda. Sans faire de bruit, le médaillé de bronze aux derniers Jeux Olympiques poursuit son joli bonhomme de chemin.
Dans les autres matchs du tableau masculin, Sascha Zverev a poursuivi son parcours sans accroc en dominant aisément Radu Albot (6/3, 6/4, 6/4). Le n°3 mondial connaîtra son premier gros choc à l’occasion du prochain tour puisqu’il y retrouvera Denis Shapovalov. Alors qu’on lui promettait un enfer de tie-breaks, le Canadien n’en a disputé qu’un seul contre Reilly Opelka, dans une rencontre finalement remportée en quatre sets (7/6(4), 4/6, 6/3, 6/4).