Si les surprises et sensations ne manquent pas depuis le début de cette édition 2023, l'élimination d'Iga Swiatek a fait trembler Melbourne Park une bonne partie de la journée. Des secousses qui n'ont pas vraiment diminué avec les sorties de route de Coco Gauff et Félix Auger-Aliassime. En soirée, Stefanos Tsitsipas a évité cet écueil en dominant Jannik Sinner au meilleur des cinq manches.
AO 2023 – J7 : Swiatek et FAA s’arrêtent là, Tsitsipas s'en sort
Un dimanche loin d'être de tout repos pour les têtes de série engagées en huitièmes de finale de l'Open d'Australie !
Pas de retrouvailles entre Swiatek et Gauff
En ouverture ce dimanche sur la Rod Laver Arena, les organisateurs proposaient un sommet entre les championnes des trois derniers tournois du Grand Chelem. Et au-delà des promesses tenues, le choc a accouché d’une surprise difficilement prédictible : l’élimination en deux sets secs d’Iga Swiatek (6/4, 6/4 en 1h29). En quasi roue libre depuis le début de sa campagne down under, la numéro un mondiale est apparue crispée, sans solution et donc frustrée face au plan offensif et sans faille d’Elena Rybakina.
Breakée d’entrée après avoir reçu un avertissement pour avoir pris trop de temps avant le premier point de la rencontre, la Polonaise s’est retrouvée dans une position de chasseuse difficile à assumer face à une serveuse de la qualité de la Kazakh. D’autant qu’au-delà des 80% de points gagnés derrière sa première sur l’ensemble de la rencontre, cette dernière n’a jamais desserré l’étau en agressant constamment 1ga en retour. "Quand vous jouez contre la n°1 mondiale, je pense que vous n'avez vraiment rien à perdre. Je savais que je devais être agressive dès la première balle, parce qu’elle est très mobile et qu'elle défend très bien. J'ai donc essayé de l'attaquer sur sa première balle, et ça a vraiment bien marché" a-t-elle expliqué face à la presse.
Même menée 3-0 en début de deuxième set, elle a fait preuve de relâchement pour recoller, au contraire de son adversaire dont la nervosité était toujours palpable.
Présente en conférence de presse, la demi-finaliste de la précédente édition n’a pas caché sa fatigue psychologique vis-à-vis de la pression qu’elle s’inflige. "Les deux dernières semaines ont été difficiles, j’ai eu du mal à prendre sur moi et j'ai besoin de prendre du recul par rapport à la manière dont j'aborde ces tournois, a-t-elle confié sans langue de bois. J'ai ressenti beaucoup de pression, j’ai entamé mes matchs en me disant que je ne voulais pas les perdre, au lieu de vouloir les gagner".
En attendant, cette victoire sans conteste offre un nouveau statut d’épouvantail à la joueuse titrée au All England Club en juillet, d’autant que le haut de tableau a également perdu Coco Gauff. La finaliste de Roland-Garros est tombée sous la puissance de Jelena Ostapenko (7/5, 6/3). Une nouvelle surprise mais un score logique pour la Lettonne, qui n’avait plus atteint ce stade de la compétition en Grand Chelem depuis Wimbledon 2018. Les deux coupeuses de têtes du jour se retrouveront mardi pour une place dans le dernier carré.
Lehecka au défi Tsitsipas
L’élimination de Félix Auger-Aliassime par Jiri Lehecka a également constitué une double sensation ce dimanche. D’abord parce qu’au vu de sa fin de saison et de ses défaites "encourageantes" en quarts de finale ici même et à Roland-Garros l’an passé, le Canadien faisait partie des joueurs à suivre. D’autre part parce qu’avant cet Open d’Australie 2023, le Tchèque n’avait jamais remporté de match en Grand Chelem. Et si sa finale au Masters Next Gen a fait naître de très nombreux espoirs, personne ne pouvait lui prédire un si beau destin dès le premier Majeur de la saison. Bourreau de Borna Coric, Christopher Eubanks et Cameron Norrie, il a parfaitement utilisé son coup droit pour déstabiliser FAA, lui-même en manque de sérénité depuis son entrée en lice.
Egalement efficace sur sa mise en jeu (83% de points gagnés derrière sa première balle), il a eu les nerfs solides pour remonter un handicap d'un set et remporter les tie-breaks des deux dernières manches (4/6, 6/3, 7/6(2), 7/6(5) en 3h13). Au prochain tour, un autre défi de taille attend le joueur de 21 ans puisqu'il sera aux prises avec la tête de série n°3, Stefanos Tsitsipas, vainqueur de leur unique duel l'an passé en demi-finale à Rotterdam.
Si le Grec a bien failli faire partie de la liste des favoris privés de Top 8, il s'en est finalement sorti au meilleur des cinq sets face à un renversant Jannik Sinner (6/4, 6/4, 3/6, 4/6, 6/3 en 4h). D'abord largement dominateur, le demi-finaliste de la dernière édition a légèrement baissé le pied au contraire de son adversaire, plus agressif sur sa ligne de fond dans les troisième et quatrième manches. Un scénario, un score et une incroyable ambiance en tribunes qui auraient pu faire basculer ce huitième de finale dans la folie mais Tsitsipas en a décidé autrement grâce notamment à une première balle totalement retrouvée dans le dernier acte. Nul doute que l'Italien regrettera longtemps les 22 balles de break non converties (sur 26 !) durant la totalité de la rencontre...
Pegula prend de la hauteur
Si Iga n’est plus là, Jessica Pegula, elle, a de nouveau fait forte impression face à Barbora Krejcikova sur la John Cain Arena. Contre une adversaire clinique depuis le début du tournoi, la n°3 mondiale a encore un peu plus élevé son niveau de jeu pour s’imposer en deux sets (7/5, 6/2). Malgré deux opportunités gâchées de conclure la première manche sur le service de la Tchèque à 5-3, la joueuse titrée à Guadalajara ne s’est pas démobilisée et a remis un coup d’accélérateur en toute fin d’acte avant de définitivement dérouler. Égérie de la constance depuis un an, elle s’est qualifiée pour son quatrième quart de finale sur les cinq derniers Majeurs. "Je veux absolument atteindre une demi-finale, ce serait ma première et je crois que j'ai une bonne opportunité ici, a-t-elle souhaité en conf' de presse. Je probablement mieux que lors de tous mes autres quarts de finale en Grand Chelem. Je pense que ça aide".
Avant de penser au dernier carré, elle devra gérer son quart de finale face à Victoria Azarenka, tombeuse de la surprise Lin Zhu dans la nuit de Melbourne après un combat acharné de 2h40 (4/6, 6/1, 6/4). Un succès au caractère pour la championne des éditions 2012 et 2013, qui met ainsi fin au très beau parcours de la Chinoise, tombeuse notamment de Maria Sakkari au troisième tour.
Nouvelle perf’ pour Korda
Précis et dominateur face à Daniil Medvedev au 3e tour, Sebastian Korda a prouvé face à Hubert Hurkacz qu’il savait également faire le dos rond. Au cours d’un match au niveau fluctuant, le fils de Petr a manqué d’imagination dans la première et la quatrième manche mais s’est montré solide physiquement et mentalement pour sauver des opportunités de break à 5-5 dans le set décisif avant de faire la différence dans le super tie-break (3/6, 6/3, 6/2, 1/6, 7/6(7)). Proche de certains exploits par le passé, cette victoire à l’arrachée lui ouvre enfin les portes d’un premier quart en Grand Chelem. "Je pense que je suis bon pour aller de l'avant et apprendre de mes erreurs, a-t-il analysé face aux journalistes. Tous ces petits moments que j'ai traversés, en apprenant d'eux, en restant patient, en restant positif, en allant jusqu'au bout du processus, m'ont vraiment aidé à aller de l'avant".
L’Américain aura un joueur au profil différent en face de lui mardi en la personne de Karen Khachanov. La tête de série n°18 a fait vivre un véritable enfer à Yoshihito Nishioka en inscrivant 14 jeux consécutifs ! Le Japonais – qui n’avait inscrit que 13 points dans les deux premiers sets – a été ovationné lorsqu’il est enfin parvenu à débloquer son compteur. Un scénario assez fou qui s’est finalement terminé au tie-break pour le demi-finaliste du dernier US Open (6/0, 6/0, 7/6(4) en 1h58).