AO 2023 – J10 : la surprise Linette, Paul défiera Djokovic

Linette, le tableau de chasse s’étoffe

Attristés par les défaites précoces d’Iga Swiatek et Hubert Hurkacz, les supporters polonais du monde entier – et en particulier ceux qui ont fait le déplacement à Melbourne Park – ont trouvé une nouvelle coqueluche. Et ils se sont faits entendre ce matin dans la Rod Laver Arena pour la porter dans sa quête de dernier carré. A 30 ans, Magda Linette vit un rêve éveillé et Karolina Pliskova n’a pas eu les armes pour la faire redescendre de son petit nuage.

Tout comme face à Caroline Garcia, la 45e joueuse mondiale a été breakée tôt dans la rencontre, sans pour autant paniquer. Son plan pour dérégler la machine tchèque a parfaitement porté ses fruits, la faisant logiquement basculer en tête après seulement 35 minutes de jeu (6/3). Double finaliste en Grand Chelem (US Open 2016 et Wimbledon 2021), l’ancienne n°1 mondiale se devait de réagir pour ne pas quitter précipitamment un tableau déserté de plusieurs têtes de série ces derniers jours.

Mais la grande serveuse n’a pas réellement pu s’appuyer sur son arme fatale (7 double-fautes et seulement 64% de premières) et son adversaire n’a jamais cessé de l’agresser en retour. A force de persévérance, Magda Linette a tenu son engagement avant de breaker à 6-5 pour conclure sur sa première tentative (6/3, 7/5 en 1h27). "Je suis juste parvenue à rester calme, surtout dans ma tête a expliqué la native de Poznan en conférence de presse. Quand ça devenait difficile sur mon service, elle est devenue très agressive. Je n'ai pas réussi toutes mes premières, mais je n’ai pas paniqué, je suis restée dans l'échange et je pense que c'est ce que j'ai le mieux réussi".

Au vu de son parcours contre les têtes de série (victoires face à Anett Kontaveit (n°16), Ekaterina Alexandrova (n°19), Caroline Garcia (n°4) et donc Karolina Pliskova (n°30)), il est évident qu’elle a pleinement mérité de disputer sa première demi-finale en Majeur.

Mais après les émotions affichées au moment de sa balle de match, Magda Linette semblait déjà tournée vers sa prochaine rencontre. "Je n'arrive toujours pas vraiment à y croire. Mais j'ai aussi pas mal d'expérience sur les grands courts parce qu’en Grand Chelem j'ai presque toujours joué au moins un match sur un grand court d'une manière ou d'une autre. J'ai déjà joué contre tellement de grandes joueuses, ça n'est pas vraiment nouveau pour moi, c'est juste un match de plus. Bien sûr, c'est une étape supplémentaire dans le tableau, mais le ressenti est le même" a-t-elle conclu.

Et maintenant Sabalenka

Annoncée, la montée en puissance d’Aryna Sabalenka aurait pu connaître un sérieux coup d’arrêt face à Donna Vekic. Mais si elle a été moins précise sur son engagement que depuis le début du tournoi, le suspense n’a finalement duré que six longs jeux dans la première manche.

Derrière, la finaliste du Masters a pilonné la Croate aussi bien sur son service qu’en retour, s’offrant la bagatelle de cinq breaks sur la totalité de la rencontre. Plus sereine que par le passé, elle a pleinement confirmé son statut de favorite de la compétition en s’imposant sans trembler 6/3, 6/2 en 1h49 face à une adversaire désemparée, qui n’avait perdu qu’un seul de leurs six duels précédents.

Grâce à ce succès, Aryna Sabalenka disputera ce jeudi sa quatrième demi-finale en Grand Chelem, la première à Melbourne.

Titrée à Adélaïde en préparation de cet Open d’Australie, elle reste sur neuf victoires consécutives sans perdre le moindre set depuis le début de l’année 2023. Ajoutons qu’elle a battu Magda Linette lors de leurs deux précédentes confrontations, ne perdant au passage que sept jeux. Vous avez dit favorite ?

Paul, l’opportuniste

Il y avait un coup à faire dans la partie basse du tableau masculin et Tommy Paul n’a pas laissé passer sa chance. Grand espoir du tennis américain depuis sa victoire à Roland-Garros et sa finale à l’US Open chez les juniors en 2015, il avait jusqu’ici quelque peu déçu les observateurs depuis son arrivée chez les professionnels. Au contraire de son adversaire lors de ces deux grands rendez-vous, Taylor Fritz, sur une pente ascendante depuis deux saisons. Mais entre les deux Américains, c’est bien le natif du New Jersey qui disputera sa première demi-finale de Grand Chelem ce vendredi.

Opposé à l’incroyable Ben Shelton en quarts de finale, Tommy Paul a fait preuve de justesse et d’autorité pour mettre un terme au très beau parcours de son cadet. La première différence s’est faite au tie-break de la première manche, alors que les deux compatriotes étaient jusqu’ici très costauds sur leur mise en jeu. Un coup au moral doublé d’une meilleure maîtrise du fond de court qui lui a permis d’avoir un pied dans le dernier carré.

S’il n’a pas réussi à enfoncer le clou dans le troisième malgré un break d’avance, il a confirmé sa supériorité dans la quatrième manche pour s’imposer en 3h06 (7/6(6), 6/3, 5/7, 6/4) dans une rencontre qui n’a pas toujours tutoyé les sommets. "Ce n'était pas le plus beau match du monde aujourd'hui, mais c'était comme ça que je devais le jouer a-t-il d’ailleurs lancé en préambule de sa conférence de presse. Je suis excité, c’est vraiment cool et jouer Novak ici en Australie, ce sera vraiment incroyable !". Qu’importe le flacon tant qu’on a l’ivresse pour le joueur de 24 ans, qui a battu Jan-Lennard Struff, Alejandro Davidovich Fokina, Jenson Brooksby, Roberto Bautista Agut et donc Ben Shelton pour atteindre le Top 4.

Djokovic, 10e rugissante

A chaque fois que Novak Djokovic a atteint le dernier carré à Melbourne, il a soulevé le trophée. Et au vu de sa démonstration de tennis face à Andrey Rublev, la prophétie pourrait bien une nouvelle fois se réaliser Down Under. Déjà impressionnant et rassurant face à Alex de Minaur, le "Djoker" a envoyé un nouveau message clair à la concurrence : il est chez lui et le titre ne lui échappera pas.

Impeccable en fond de court, véloce et toujours en capacité de faire jouer un coup supplémentaire à son challenger, il a étrillé le tombeur d’Holger Rune en trois petites manches (6/1, 6/2, 6/4 en 2h03). "Je ne peux pas être plus heureux de mon tennis, j'ai joué très solidement du fond du court et j'aime vraiment jouer dans ces conditions, a-t-il expliqué après sa victoire. Dans tous les moments importants, j'ai pratiqué mon meilleur tennis et c'est ce qui me rend le plus heureux".

Une 26e victoire consécutive à Melbourne qui lui ouvre les portes des demi-finales dans un Grand Chelem pour la 44e fois dans sa carrière. S’il a montré quelques signes d’agacement envers son clan malgré son incontestable domination sur le court, le Serbe a aussi beaucoup souri et s’est montré détendu après la rencontre. Au fond, il sait sans doute qu’il a son destin en main.