Vingt ans qu’on n’avait plus vu ça. Alex De Minaur est devenu le premier Australien depuis Lleyton Hewitt en 2004 à atteindre le top 8 du Grand Chelem parisien. Une performance qui peut paraître surprenante mais qui, en réalité, n’a rien d’un exploit.
Le "Démon" surprise
Alex De Minaur va disputer face à Alexander Zverev le premier quart de finale de sa carrière à Roland-Garros.
Une éclosion discrète
À 25 ans, le droitier australien n’est pas un novice sur le circuit. Double finaliste de l’ATP Next Gen il y a quelques années, il s’est fait une place parmi les meilleurs grâce notamment à des performances régulières sur dur. Au total, il a remporté huit titres - le premier en 2019 à Sydney, se hissant même jusqu’aux quarts de finale de l’US Open en 2020.
Alors la surprise vient peut-être de la surface. Il est vrai que ce n’est pas sur terre battue qu’il s’est le plus souvent illustré. "Je suis un joueur complètement différent que par le passé sur terre, a-t-il analysé en conférence de presse à l’issue de son premier tour et sa victoire face à Alex Michelsen (6/1, 6/0, 6/2). Je me sens à l’aise, je m’en sens capable. Je fais de mon mieux parce que finalement, mon but en Grand Chelem, c’est toujours d’aller le plus loin possible."
À cet instant, il avait timidement évoqué la probabilité d’une deuxième semaine parisienne. Il avait vu juste. Et si l’ocre ne semble pas être sa surface de prédilection, il a trouvé le fameux "petit truc en plus" cette année pour le pousser encore plus loin. Un soutien indéfectible.
Paul, le lucky charm
C’est l’une des belles histoires de ce Grand Chelem parisien version 2024. À l'occasion de son troisième tour contre Jan-Lennard Struff (victoire 4/6, 6/4, 6/3, 6/3), Alex De Minaur a fait la rencontre de Paul. Le jeune garçon, licencié du club de tennis de Coulommiers, a donné de la voix à chaque changement de côté, encourageant pendant 2h54 son joueur favori, malgré une rencontre décalée à cause de la pluie.
"Il était là du premier point jusqu’au dernier, avec cinq heures de pause entre les deux à cause de la météo", a raconté l’Australien en conférence de presse. "En le regardant, je me suis dit : 'Si j’étais un fan, je serais sûrement rentré chez moi parce qu’il fait super froid !' Alors je n’ai pas bien compris ce que ce gamin faisait ici, mais il m’a donné de la force.”
À la fin de la rencontre, c’est avec un câlin et une serviette que De Minaur a récompensé son petit supporter. "Je voulais le remercier, c’est avec lui et grâce à son soutien que j’ai réussi à gagner. J’aurais pu lui donner tout ce qu’il y avait dans mon sac, il méritait tout !" a-t-il encore plaisanté.
Puis l’Australien a décidé qu’il avait besoin de lui dans son clan : grâce aux réseaux sociaux, il a pu le retrouver et lui garder une place au chaud, dans son box joueur, sur le court Suzanne-Lenglen pour le huitième de finale face à Daniil Medvedev. Une fois encore, Paul était au rendez-vous de l’événement.
"C’est un miracle !", a plaisanté l’Australien après le match. "Je vais finir par avoir besoin de l’emmener avec moi toutes les semaines sur le circuit !"
Ce soir contre Alexander Zverev, il faudra donner encore plus de voix pour le premier match de De Minaur sur le court Philippe-Chatrier.
Comme à la maison !
Mais la belle histoire ne s’arrête pas là. Alex De Minaur n’a pas simplement conquis Paul par son jeu dynamique et ses courses bondissantes en fond de court, tel un wallaby infatigable. En réalisant l’interview d’après-match dans un français - presque - parfait, il a aussi gagné la sympathie du public parisien.
Né d’une mère espagnole et d’un père uruguayen, il a toujours vécu entre Sydney, sa ville de naissance, et l’Espagne. Une éducation multiculturelle qui lui a permis d’apprendre également le français. De quoi séduire les locaux !
"J’ai appris à l’école, il y a très longtemps ! De mes 8 à mes 12 ans je dirais, a-t-il raconté en conférence de presse après sa qualification pour les quarts de finale. C’est resté dans un coin de ma tête. Je peux l’utiliser quand j’en ai besoin pour une conversation classique, mais c’est un peu plus difficile d’expliquer le tennis… J’ai trouvé ça compliqué quand on m’a demandé de raconter mon match techniquement, je n’ai pas encore le vocabulaire nécessaire, mais j’espère que le public a apprécié."
Alors si le capital sympathie est déjà acquis, on peut aussi aisément affirmer que sportivement, il monte également en puissance depuis son premier tour. Lors de son huitième contre Medvedev, il a servi d'une manière impressionnante qui a même surpris son adversaire. Cela fait 22 ans qu’un Australien n’a plus gagné un Grand Chelem, alors avec un petit supporter et le public à ses côtés, il pourrait bien avoir trouvé le combo gagnant pour rêver encore plus grand.