Au bout d'un bras de fer monumental et d'une soirée extraordinaire achevée à 1h15 du matin, Rafael Nadal a fait plier son grand rival Novak Djokovic (6/2, 4/6, 6/2, 7/6(4) en 4h12), tenant du titre, pour se qualifier pour les demi-finales de Roland-Garros, ce mardi. Qu'on se le dise : le roi n'est pas mort !
Nadal galactique
Au terme d'un nouveau match d'anthologie entre les deux hommes, Rafael Nadal a essoré Novak Djokovic en quatre sets.
Il n'y a à peu près qu'un seul record que Novak Djokovic et Rafael Nadal n'ont pas battu ce mardi soir : celui de la fin de match la plus tardive à Roland-Garros. Il était 1h15 du matin lorsque les deux hommes se sont serré la main après un monument de 4h12 remporté par l'Espagnol en quatre sets 6/2, 4/6, 6/2, 7/6(4), et il s'en est donc fallu de quelques minutes pour que ce dernier ne batte sa propre marque établie à 1h26 lors d'un autre quart de finale, en 2020, face à Jannik Sinner.
À vrai dire, il s'en est même fallu d'un seul point : ces deux balles d'égalisation à deux sets partout que Djokovic a obtenues sur son service à 5 jeux à 3 dans le 4e set. Deux balles sur lesquelles le Serbe s'est montré un poil timoré (revers dans le filet, puis montée au filet trop timide punie d'un passing de revers), affichant par là-même les premiers signaux d'un léger fléchissement physique à l'approche de la dernière ligne droite.
On avait imaginé beaucoup de scénarii possibles pour ce 59e "Djokodal" de l'histoire, le 18e en Grand Chelem et le 10e à Roland-Garros, trois records absolus. Mais peut-être pas que Nadal, arrivé à Paris dans le doute et l'incertitude après le réveil de sa douleur au pied à Rome, retrouve un tel niveau de jeu face à son meilleur ennemi. Jusqu'à finir par l'essorer au combat, au terme d'un nouveau morceau de légende entre les deux hommes, émaillé de rallyes sensationnels.
Nadal, un départ stratosphérique
Peut-être parce qu'il se sentait en sursis, l'Espagnol a pris le taureau par les cornes d'entrée de jeu, affichant dès les premiers échanges un niveau d'intensité et d'agressivité absolument phénoménaux. Son coup droit, long de ligne notamment, pétaradait comme à ses plus beaux jours. Le reste de son jeu était au diapason. Nadal virevoltait sur la terre et récitait son tennis de gala dans une nuit enchanteresse. Il aurait bien fallu deux Djokovic, et peut-être bien deux Borg en plus voire une armée de boucliers pour résister à de tels assauts : jusqu'à 6-2, 3-0, double break, il n'y avait pas photo.
Il n'y avait pas photo mais il y avait un match, malgré tout. Et l'on sentait bien qu'il ne fallait pas grand-chose non plus pour que le duel s'équilibre. De fait, ça s'est équilibré. Djokovic s'est accroché aux branches et a fini par recoller à 3-3 au terme d'un jeu marathon de plus d'un quart d'heure lors duquel, pour la première fois, Nadal a affiché quelques petites scories dans son jeu. Il n'en fallait pas plus pour que le "Djoker" ressorte de sa boîte. Un set partout, après 2h16 de jeu. On n'était pas couchés.
Rafael Nadal avait-il, alors, touché ses limites physiques du moment ? Telle était la question. Il y apporta une cinglante réponse en remettant tout de suite les gaz dès l'entame du 3e set. Djokovic lui-même ne s'attendait sans doute pas à un tel retour en grâce. Le temps qu'il réalise, ce 3e set lui avait déjà plus ou moins filé sous le nez. Le Serbe, dès lors, était dos au mur.
Évidemment, il réagit de nouveau par un break d'entrée de 4e set qui laissait augurer d'un nouvel épilogue en cinq sets entre les deux hommes. Voilà qui aurait rajouté une couche supplémentaire de légende à ce match d'anthologie. Mais Nadal n'était pas d'humeur à cela. Soutenu par un public massivement resté jusqu'à la fin, tenu en haleine par ce récital, il jeta corps et âme ses (dernières ?) forces dans la bataille pour revenir au score et l'emporter au jeu décisif.
Mené 6 points à 1 dans ce tie-break, Djokovic, qui semblait presque résigné, sauva bien en mode "désespéré" trois premières balles de match. Mais il plia sur la quatrième, un revers plein de hargne décoché par Nadal au bout d'un nouvel échange à couper le souffle. Un large sourire éclaira alors la nuit parisienne : celui du Majorquin, qui venait de prendre une magistrale revanche en effaçant un autre chef-d'œuvre au terme duquel Djokovic l'avait terrassé l'an dernier en demi-finales. Mais où s'arrêteront donc les deux légendes ?
Surtout, où s'arrêtera Rafael Nadal, qualifié pour sa 15e demi-finale de Roland-Garros, stade auquel il retrouvera Alexander Zverev, vainqueur juste avant lui d'un autre monument face à Carlos Alcaraz ? Réponse vendredi. En attendant, il va falloir reprendre un peu son souffle…