Un seul moment peut-il résumer à lui tout seul toutes les émotions traversées pendant une finale de Grand Chelem ?
Peut-être bien, après tout.
ÉPISODE 4/10. Dix jours, dix joueurs ou joueuses, dix histoires. Retour sur la saison écoulée.
Un seul moment peut-il résumer à lui tout seul toutes les émotions traversées pendant une finale de Grand Chelem ?
Peut-être bien, après tout.
C’est en tout cas ce que l’on continue à se dire, un peu plus de six mois plus tard, quand on repense à l’instant où Ashleigh Barty a réalisé qu’elle venait tout juste de s’imposer à Roland-Garros.
De gagner son premier titre du Grand Chelem.
Ce smash frappé après une défense terminée en marchant par Marketa Vondrousova, en étant concentrée comme elle ne l’avait peut-être jamais été, avec, on l’imagine rien qu’en la regardant, le bras, les jambes, tout, qui tremble(nt).
Et puis, ce sourire les bras levés adressés à son clan, au premier rang desquels se trouve son coach Craig Tyzzer. Juste avant de se prendre la tête entre les mains, lesquelles sont encore occupées à tenir la raquette avec laquelle “Ash“ vient de renvoyer une dernière fois la balle.
Dire qu’à l’heure de démarrer sa saison 2019, la native du Queensland avait formalisé ses craintes quant à la terre battue ; celles de “se planter“.
Or elle a bel et bien survolé Roland-Garros. À commencer par la finale, opposant deux grosses cotes. L’expérience et le style Barty ont payé, face à Marketa Vondrousova, elle aussi exemplaire dans son parcours parisien, mais trop tendre pour s’imposer dans le sprint final.
Contrairement à “Ash“, auteure de 27 coups gagnants, montée 20 fois au filet (avec 75% de réussite) et pas maladroite en retour non plus (33/64). “C’est incroyable, j’étais très nerveuse, n’en revenait toujours pas l’intéressée lors de la remise des trophées, mais j’ai réussi le match parfait.“
Un match “parfait“, venu couronner une quinzaine au cours de laquelle elle aura par deux fois seulement tremblé : en huitièmes de finale face à l’Américaine Sofia Kenin (6/3, 3/6, 6/0) et, surtout, en demies contre une autre Américaine, Amanda Anisimova (6/7, 6/3, 6/3).
Mais un match “parfait“ venu couronner bien plus que cela, en fait : la validation d’un retour au plus haut niveau, mais plus généralement, au tennis, après une pause de dix-huit mois, dans la foulée de l’US Open 2014, pour se consacrer à l’une de ses autres passions… le cricket.
"Je voyageais depuis mon plus jeune âge, avait-t-elle expliqué lorsqu’elle avait repris le chemin des courts de tennis mi-2016. Je voulais faire l’expérience d’une vie normale, avoir la vie normale d’une adolescente." Ce qu’elle en a retiré ? “Je suis revenue en étant une meilleure personne, sur et en dehors du court. Mais je pense que j’étais une joueuse moyenne et que je suis bien meilleure au tennis."
Dont acte. Il a fallu que l’Australienne s’en persuade. Et cela a sans doute pris trois ans. Trois ans qui l’ont menée à ce 8 juin 2019 sur le court Philippe-Chatrier de Roland-Garros. Un court, un moment et un titre qui ont constitué un déclic pour Ashleigh Barty.
Devenue n°1 mondiale quinze jours plus tard à Birmingham -une première pour une Australienne depuis Evonne Goolagong-Cawley en 1976- elle le redeviendra quelques mois plus tard et, surtout, conservera ce rang en fin de saison. Après avoir conclu son année avec une victoire au Masters, à Shenzhen, et une finale de Fed Cup, face à la France à Perth.
En 2019, Ashleigh Barty a été celle qui a signé le plus de victoires sur le circuit (56), dont 12 sur des top 10 (record, là aussi), et gagné le plus de titres (4), à égalité avec Karolina Pliskova, qui plus est sur toutes les surfaces.
De quoi ne plus jamais craindre de “se planter.“
“J’ai le sentiment de jouer du très bon tennis, prévient-elle, et je sais que quand j’évolue à mon top, je peux me mesurer aux meilleures mondiales.“