Mais voici pourquoi le fait que Suzanne Lenglen assumait son atypisme nous semble toujours être quelque chose de radical en 2021. Elle n'a cessé de fasciner, et aujourd'hui, bien des années après sa disparition, son nom résonne toujours un peu plus au coeur du stade Roland-Garros…
Suzanne Lenglen: vous avez dit icône ?
Son image, ses performances et son style sont emblématiques, c'est indéniable.
Comment Suzanne Lenglen est devenue Suzanne Lenglen.
Nous sommes en 1919 à Wimbledon, papa Lenglen, assis en tribunes, jette aux pieds de sa fille prodigue un flacon en argent : c'est de l'eau-de-vie, Suzanne la boit, égalise et remporte finalement le match et devient la première Française à remporter les championnats sur herbe anglais.
Une histoire d'eau de vie, de jupe plissée et d'audace ! Et la Divine fut !
La Divine à l'époque, on la repère de loin ! À l'entrée du court de Wimbledon, la voilà : éclectique, prodigieuse, gracieuse, raffinée et aérienne toujours le bon geste et quelques smashs, services puissants et volées bien placées.
Sans corset ni jupons ! A tout juste 20 ans, pour la première fois de l'histoire du tennis, une joueuse entre maquillée sur le court, en manches courtes, jupe plissée juste au dessous du genou. Cette jupe plissée deviendra emblématique à plus d'un titre ! Designée par Jean Patou, dont elle deviendra égérie, cette pièce vestimentaire iconique s'impose encore de nos jours dans tous les vestiaires sportswear digne de ce nom.
Avec un style de jeu tourné vers la performance et fondé sur la puissance, la vitesse et la danse, Suzanne Lenglen sera la première sportive de l'histoire à considérer le sport comme un métier et surtout la première joueuse de tennis professionnelle de l'Histoire du sport.
Au compteur, la "French girl" génie précoce du tennis, comptabilise 81 titres en simple, 73 titres en double, 87 titres en double mixte, une médaille d'or en simple et une en double aux Jeux Olympiques d'Anvers.
En 1978, "la plus grande joueuse de tennis de tous les temps" fera son entrée, à titre posthume, en tant que première tenniswoman française à l'International Tennis Hall of Fame.
Suzanne Lenglen, femme d'influence, très certainement.
Dans les années 20, Suzanne Lenglen joue au tennis comme elle respire ! Au fil de sa carrière, elle ose briser les codes, souffler un vent de fraîcheur et d'audace sur le sport féminin, la mode, la musique et l'art en général.
Muse des plus grands artistes de son temps, écrivains, musiciens et compositeurs, elle inspirera notamment Claude Debussy qui composera un ballet inspiré par le jeu dansant et raffiné de la plus grande ballerine des courts.
Femme moderne, libre, émancipée et première sportive "starifiée", Suzanne Lenglen affirme avec audace l'indépendance de la Femme, symbolisant ainsi la figure de proue du mouvement d'émancipation féminin, autant par le biais de ses exploits, de son audace styliste ou de sa personnalité.
Le point commun entre Jacques Brugnon, René Lacoste, Henri Cochet et Jean Borotra ? Outre leurs splendides exploits sportifs ensemble, il y a… Suzanne Lenglen. Ces quatre légendaires "Mousquetaires" empruntent à leur tour le fabuleux sillage de la Divine : d'abord Jacques Brugnon qui relance sa carrière le jour où elle le choisit comme partenaire de double mixte et qui collectionnera par la suite tous les succès.
Puis vient le tour de René Lacoste, qui se laisse convaincre par la joueuse d'adopter une autre prise de raquette, un changement selon lui qui s'avérera décisif. Henri Cochet "le magicien" imitera sa fameuse course droite vers le filet. Quant à Jean Borotra, ébloui par le show de la championne sur un court, il admettra sans peine : "Il est certain que nous lui devons toutes nos victoires".
Ne dit-on pas souvent que derrière chaque grand homme se cache une femme d'exception, la preuve une fois de plus…
La redécouverte d'une icône avec un nouveau stade
Pionnière du tennis féminin et légende divine de Roland-Garros, Suzanne Lenglen laissera à tout jamais son empreinte Porte d'Auteuil, au sein même du stade. Avec le deuxième court le plus grand baptisé de son nom en 1996 et le trophée éponyme remis à la gagnante du simple dames chaque année.
Véritable apothéose de la métamorphose du stade Roland-Garros, le court Suzanne-Lenglen se verra lui aussi offrir une toiture rétractable composée de 21 plis pour l'année 2024. Comme en témoigne le maitre-d'oeuvre, architecte et urbaniste Dominique Perrault : "Je voulais rendre hommage évidemment au tennis, mais aussi au tennis de l'époque de Suzanne Lenglen, les années 30 et en particulier à la dimension vestimentaire de cette époque. Son style, son élégance très française et sa fameuse jupe plissée. Cette notion du plissé m'a intéressé par rapport justement à la couverture du court, au toit que j'ai imaginé transformer en un plissé de quelques milliers de mètres carrés"
Hommage vibrant à la légendaire Divine et à son look signature : la célèbre jupe plissée créée par Jean Patou. Cette majestueuse couverture se positionne comme la quintessence de la rencontre entre un patrimoine architectural remarquable, une symbolique forte et un design résolument actuel.