Sous le feu des projecteurs, Naomi Osaka reste imperturbable. Allongée au milieu du court Arthur Ashe, le visage impassible seulement traversé par un léger sourire, la Japonaise savoure. En s'imposant 1/6, 6/3, 6/3 face à Victoria Azarenka, elle vient, à 22 ans, de remporter son troisième titre du Grand Chelem en autant de finales disputées mais, comme à son habitude, sa joie est intérieure.
US Open : Osaka, la nouvelle icône
Avec ses courageuses prises de parole et un troisième titre en Grand Chelem conquis face à Azarenka, Naomi Osaka est entrée dans une nouvelle dimension.
"Je pensais à toutes les fois où j’ai vu les meilleurs joueurs s’effondrer sur le sol et regarder le ciel. J’ai toujours voulu voir ce qu’ils voyaient. C’était vraiment un moment incroyable. Je suis vraiment contente de l’avoir fait."
La timide jeune femme savoure, à sa façon cette victoire majeure. Elle qui avait goûté aux émotions d’une victoire en Grand Chelem sur ce même court new yorkais lors de sa victoire à l’US Open 2018 avant de remporter l’Open d’Australie 2019 n’a jamais eu pour habitude de laisser exploser sa joie sur le terrain.
Mais en trois ans, la n°9 mondiale, a changé, grandi. Plus à l’aise face aux micros, elle n’a pas hésité à faire entendre sa voix pour s’élever contre les violences policières aux Etats-Unis et défendre la cause "Black lives matter".
D’abord sur les réseaux sociaux puis face aux journalistes et sur le court où elle est entrée avec un masque portant le nom d’une victime. Sept matches pour sept noms. "Je voulais que les gens en parlent, prononcent plus de noms…"
Une prise de position saluée par beaucoup dans le monde du tennis et en dehors.
"La quarantaine m’a permis de réfléchir à beaucoup de choses. A ce que je voulais accomplir, à ce que je voulais que les gens retiennent de moi. Je suis arrivée à New York dans cet état d’esprit et ça m’a vraiment aidée. J’ai vraiment essayé de mûrir. Je n’étais pas sûre de la façon d’y arriver. Mais je crois que les leçons que la vie m’a données m’ont vraiment aidées à évoluer."
Entrée dans une autre dimension hors-court, Naomi Osaka a confirmé sa solidité mentale sur le terrain. Jamais aussi dangereuse que lorsque l’enjeu augmente, la protégée de Wim Fissette n’a encore jamais perdu un match après avoir passé les huitièmes de finale en Grand Chelem avec neuf matchs pour neuf victoires à partir des quarts.
Il ne faut pas croire pour autant qu’elle est imperméable à la pression. Pas du tout. Ce sont ses qualités de guerrière qui ont fait d’elle une triple championne de Grand Chelem. Elle l’a une nouvelle fois prouvé lors de cette magnifique finale face à Victoria Azarenka. Menée 6/1, 2-0 par la Biélorusse, particulièrement inspirée et percutante en début de match, Naomi Osaka n’a pas sombré.
Concentrée, elle a parfaitement exploité une légère baisse de régime de son adversaire pour inverser la tendance. Plus rapide dans ses déplacements, elle a retrouvé de l’efficacité dans ses frappes et usé Victoria Azarenka pourtant de retour à un très bon niveau mental et physique à New York.
"Dans le premier set, j’étais vraiment nerveuse. Je ne bougeais pas mes jambes. J’avais l’impression de ne pas jouer – non pas que je m’attendais à être à 100%, mais j’aurais aimé être au moins à 70%- mais il se passait trop de choses dans ma tête. Et dans le deuxième, j’ai vite été menée ce qui ne m’a pas vraiment aidée. J’ai juste essayé de rester positive, de ne pas perdre 6/1, 6/0, de l’obliger à se battre."
C'est ce qu'elle a fait. "Vika" s’est battue, jusqu’au bout. Elle qui avait remporté deux semaines plus tôt son premier tournoi depuis 2016 en s’offrant le titre de Cincinnati voulait vraiment renouer avec la victoire en Grand Chelem, sept ans après son dernier titre à Melbourne.
Alors, même lorsque la Japonaise s’est offert quatre balles de 5-1 au troisième set, Victoria Azarenka a continué à s’accrocher. Jusqu’à revenir à 4-3… mais Naomi Osaka n’a pas tremblé. En patronne, elle a multiplié les coups gagnants pour s’imposer 1/6, 6/3, 6/3 au terme d’une finale de très très haut niveau.
"J’aurais pu m’écrouler mais je voulais vraiment me battre jusqu’au bout, comme tout au long du tournoi et j’ai fini avec le trophée…"
Avec trois titres du Grand Chelem en deux ans et une voix qui porte de plus en plus en dehors du court, Naomi Osaka a tout pour devenir une véritable icône.