Le vent de fraîcheur n’a donc pas fini de souffler sur cette édition 2021 de l’US Open. Tout comme Leylah Fernandez la veille, la Britannique Emma Raducanu (18 ans !) a décroché son ticket pour le dernier carré new-yorkais. Chez les hommes, Novak Djokovic a de nouveau rendez-vous avec Alexander Zverev.
US Open : Raducanu, c’est fou !
Victorieuse de Belinda Bencic, Emma Raducanu poursuit son formidable parcours à l’US Open et disputera une demi-finale contre Maria Sakkari.
Un parcours parfait
Les mains sur la tête et un sourire radieux jusqu’aux oreilles, Emma Raducanu a peut-être pris conscience de la portée de son exploit après sa balle de match face à Belinda Bencic. Classée à la 150ème place mondiale avant le début de cet US Open, la Britannique est devenue la première joueuse issue des qualifications à atteindre le dernier carré à New York. Mieux, elle n’a pas perdu le moindre set en huit rencontres, n’a concédé que 38 jeux et n’a passé que 10h10 sur les courts. Des chiffres qui donnent le tournis pour une joueuse qui fêtera ses 19 ans seulement en novembre et qui avait déjà réussi la prouesse de rallier les huitièmes de finale à Wimbledon pour sa première participation à un tournoi du Grand Chelem.
Un parcours et une belle histoire qui la surprennent elle-même. "Quand vous êtes dans un tournoi, vous entrez dans une routine, vous êtes en quelque sorte en pilote automatique et vous faites jour par jour. Mais je ne m’attendais pas du tout à être ici ! Pour vous dire, mon vol retour était réservé à la fin des qualifications ! Mais c’est un problème sympa à gérer".
Auteure d’une démonstration de tennis face à Rogers – tombeuse d’Ashleigh Barty – au tour précédent, Raducanu était très attendue pour son premier match face à une tête de série. La perspective d’un duel acharné face à une championne olympique en pleine confiance et qui n’avait pas encore lâché le moindre set faisait saliver une planète tennis visiblement partagée jusqu’ici entre admiration et interrogation vis-à-vis de ce nouveau phénomène.
Maturité et sang-froid
Mais le combat tant espéré n’a pas eu lieu. Crispée par la pression et par l’enjeu, la Britannique a certes été breakée dès son premier jeu de service mais elle n’a eu ensuite aucune peine à imposer son rythme et étaler sa confiance face à un public du court Arthur Ashe acquis à sa cause. Après avoir remporté cinq jeux de suite pour s’offrir la première manche, elle a su faire preuve de sang-froid sur toutes ses mises en jeu, malgré plusieurs alertes. Trop souvent dominée ou débordée, Belinda Bencic s’est agacée, a accumulé les fautes et ainsi facilité la tâche d’une adversaire toujours aussi insouciante et libérée (6/3, 6/4 en 1h22).
"Belinda est une excellente joueuse et je savais que ce serait un match extrêmement difficile. J’ai eu besoin de m’adapter à son agressivité et à la vitesse de sa balle en début de rencontre et j’ai ensuite réussi à m’installer […] Je me suis dit que c'était peut-être la dernière fois que je jouais sur le Arthur Ashe, alors autant foncer et profiter de tout !" a-t-elle expliqué face à la presse.
Profiter, savourer et peut-être prolonger une aventure déjà magnifique. Nul doute que son calme et sa force mentale seront encore mis à l’épreuve face à Maria Sakkari.
Sakkari reprend une demie
Demi-finaliste Porte d’Auteuil, Maria Sakkari est également au rendez-vous du dernier carré à l’US Open. Pas vraiment émoussée par sa victoire marathon face à Bianca Andreescu au tour précédent, la tête de série n°17 a fait plier Karolina Pliskova en deux manches (6/4, 6/4 en 1h22). Très impressionnante sur sa mise en jeu – au point d’inscrire 22 points d’affilée lors de la première manche –, l’Athénienne est parvenue à varier ses coups pour prendre le meilleur sur une adversaire peu mobile. Loin de sa ligne en retour, elle a privé la finaliste de Wimbledon de son service dévastateur et ne lui a offert aucune solution pour revenir dans la partie.
Si le bras a quelque peu tremblé au moment de conclure, la Grecque n’a pas flanché, prouvant ainsi qu’elle a bel et bien passé un cap. "Je pense que je vis la meilleure période de ma carrière. Je suis plus mature qu’avant. A 26 ans, c’est probablement mon moment. Je suis arrivée tard sur le circuit, je n’étais pas bonne en juniors, je n’étais pas une star à 18 ou 19 ans. J’ai dû travailler et faire beaucoup de sacrifices dans ma vie. Mais ça porte ses fruits aujourd’hui et je suis très heureuse d’avoir ces résultats à 26 ans" a-t-elle confié.
Battue au bout du suspense par Barbora Krejcikova à Roland-Garros, Maria Sakkari explique avoir appris de ses erreurs mais se méfiera évidemment de son adversaire malgré son statut de favorite. "Je vais essayer de faire mieux. J’ai l’impression que mon tennis est meilleur qu’à Roland-Garros. Je suis préparée, je suis prête. Mais nous avons les mêmes chances d’atteindre la finale. Le fait qu’elle soit moins bien classée n’a aucune importance, c’est une grande joueuse. Je vais juste y aller à fond et profiter" conclut-elle.
Un parfum olympique
Dans le tableau masculin, la deuxième demi-finale offrira aux spectateurs un remake de l’incroyable confrontation des Jeux Olympiques entre Novak Djokovic et Alexander Zverev. Ceux qui s’inquiétaient pour le Serbe – pas toujours impérial depuis le début du tournoi – ont dû être rassurés par sa prestation de haute volée face à Matteo Berrettini, sa victime préférée cette année lors des levées du Grand Chelem (5/7, 6/2, 6/2, 6/3). Courageux et appliqué, l’Italien a de nouveau pris la première manche mais cette débauche d’énergie (1h17) lui a coûté les trois suivantes.
Parce qu’en face, comme souvent, le numéro un mondial a cliqué sur « reset » et s’est enfin pleinement lancé dans le combat. Auteur de coups exceptionnels, il s’est appuyé sur son service et son coup droit pour épuiser son vis-à-vis. Impossible à déborder, il n’a commis que onze fautes directes en trois sets pendant que ses cris de rage accompagnaient ses nombreux coups gagnants venus d’ailleurs. S’il ne souhaite plus parler de l’histoire pourtant bel et bien en marche, elle n’a eu aucun poids sur ses épaules pendant cette rencontre dont le scénario le replace en grandissime favori du tournoi.
« Ce sont mes trois meilleurs sets du tournoi jusqu’à présent. J’ai réussi à bien élever mon niveau de jeu. Après la perte du premier set, je suis passé à autre chose et j’ai su garder mon niveau jusqu’à la fin de la rencontre. C’est quelque chose qui me pousse et qui me donne beaucoup de confiance avant les demi-finales » a-t-il décrit en conférence de presse.
Revanche ou confirmation ?
Pour remporter ce 21ème Majeur, il devra donc prendre sa revanche sur son bourreau de Tokyo, Alexander Zverev : « Les Jeux Olympiques ont été difficiles pour moi émotionnellement. J’avais dominé le tournoi, je menais 6/1, 3/2 contre lui et mon jeu s’est effondré […] Il méritait de gagner, il n’a pas perdu un seul match depuis et il est dans une forme fantastique ».
En effet, depuis ce fameux retournement de situation complètement fou, le natif d’Hambourg n’est plus le même joueur. Doté d’une confiance à toute épreuve, il a glané l’or avant de triompher à Cincinnati. Pas toujours exceptionnel, il ne s’affole plus, perd beaucoup moins ses nerfs et trouve toujours une solution pour remporter la rencontre, en étant constamment actif. Une doctrine parfaitement appliquée face à Lloyd Harris durant son quart de finale. Bousculé dans la première manche, il n’a pas craqué pour s’offrir un tie-break avant de prendre davantage ses distances dans les deux sets suivants (7/6(6), 6/3, 6/4).
Reste à savoir si l’Allemand est capable de rééditer son exploit au meilleur des trois manches et ainsi priver Djokovic d’un nouveau rendez-vous historique. « Novak est le meilleur joueur du monde, il est très difficile à battre. Contre lui, vous devez être parfait, dominer les points et faire le minimum de fautes. Cette année, on a l’impression que personne ne peut le battre dans un grand match. Je suis le premier à l’avoir fait » conclut-il sur le sujet. Le rendez-vous est pris.