US Open : Swiatek – Jabeur, la finale idéale

Le sommet de l'année

Habitué à couronner des surprises voire des sensations ces dernières saisons, l’US Open s’apprête à sacrer l’une des deux meilleures joueuses de l’année. Avec six titres (Doha, Indian Wells, Miami, Stuttgart, Rome et Roland-Garros) et 56 victoires – dont 37 consécutives ! – au compteur, Swiatek a survolé cet exercice 2022 comme rarement une joueuse y est parvenue ces dernières saisons. Seule concurrente à réellement pouvoir suivre la cadence, Jabeur a quant à elle glané deux trophées (Madrid et Berlin) et 44 succès.

Surtout, pour les deux prétendantes, cette finale est la deuxième de l’année en Grand Chelem, l’une remportée par Iga contre Coco Gauff à Roland-Garros et l’autre perdue par Ons face à Elena Rybakina à Wimbledon. Si la Tunisienne n’est "que" 5e mondiale au moment d’aborder ce grand rendez-vous suite à la non-attribution de points au All England Club, l’anomalie sera réparée dès ce lundi.

Le décor est planté.

Impériale ou pas, Swiatek est là

Si les retrouver ce samedi ne constitue donc pas une énorme sensation, elles n’étaient pour autant pas grandissimes favorites au moment d’aborder ce dernier Majeur de l’année, la faute notamment à deux éliminations précoces à Montréal et Cincinnati. Une méforme relative visuellement confirmée par la quinzaine "d’1ga". Moins écrasante – malgré ses 18e et 19e "bagels" de l’année – et même méconnaissable contre Jule Niemeier, elle s’est rassurée face à Jessica Pegula. "J’ai l’impression qu’un déclic s’est produit, a-t-elle expliqué face aux journalistes. Je me suis appuyée sur mon intuition, je ne me suis pas forcée à tout faire correctement, tous ces trucs techniques sur lesquels j’ai travaillé. C’était plus naturel dans ce match".

Un succès plus consistant confirmé dans le dernier carré par une victoire arrachée au caractère et au mental face à Aryna Sabalenka, mais une confiance pas encore totalement retrouvée. "Je n’ai pas encore totalement confiance en moi, a-t-elle souri. C’est le cas sur terre battue et sur d’autres surfaces mais ici, j’essaie d’accepter le fait d’avoir encore besoin de faire mes preuves […] Ce n’est pas négatif même si avoir des doutes n’est jamais agréable. Ça me motive d’essayer de m’améliorer et de trouver de nouvelles forces pour acquérir cette confiance"

Jabeur se remet de tout

Fruit d’un énorme travail, le jeu de Ons Jabeur est de plus en plus complet. Des variations à la justesse en passant par l’intelligence tactique, la Tunisienne a les armes pour s’adapter à n’importe quelle adversaire. Mais au-delà de ses qualités raquette en main, c’est probablement son mental et son caractère qui ont marqué les observateurs cette année. Eliminée d’entrée à Roland-Garros après une excellente saison sur terre (finale à Rome, titre à Madrid), elle s’est relevée, profitant de cet échec pour mieux préparer la saison sur gazon. Résultat : un sacre à Berlin et bien sûr, une finale à Wimbledon où elle a flirté avec le graal.

Là encore, ce rêve brisé ne l’a pas empêchée de rebondir très haut, jusqu’en finale de cet US Open où elle arbore encore un nouvel état d’esprit. "Comme je l’ai dit, je suis une personne très positive. Je m’attendais à bien jouer à Roland-Garros et c’était un choc de perdre au premier tour. Mais au fond de moi, je sais maintenant que j’étais fatiguée physiquement et émotionnellement. Je ne pouvais pas vraiment m’en vouloir, a-t-elle expliqué avec lucidité. Donc j’ai travaillé dur et fait les efforts pour être capable de jouer de manière exceptionnelle sur gazon. Et de nouveau, la finale de Wimbledon m’a vraiment fait mal. Mais c’est comme ça, je suis restée positive et je savais que j’allais avoir de nouvelles opportunités. Voilà, je suis en finale […] Je sais ce qu’il faut faire désormais et même si ça va être très difficile, je vais faire de mon mieux".

Avantage Swiatek ou Jabeur ?

Au vu de de sa saison et de sa capacité à se sublimer et ne jamais trembler en finale (elle a remporté les neuf dernières disputées), la numéro un mondiale part avec un net avantage sur le papier. D’autant que si elles sont à égalité dans leurs face-à-face (2-2), leur dernier affrontement en finale du tournoi de Rome a viré à la correction pour Jabeur (6/2, 6/2).

Cette dernière pourra toutefois se remémorer ses succès acquis en 2021 à Wimbledon (5/7, 6/1, 6/1) et Cincinnati (6/3, 6/3). Surtout, la "Ministre du bonheur" a globalement fait meilleure impression sur l’ensemble du tournoi, ne perdant qu’un set et mettant régulièrement en lumière sa capacité à serrer le jeu et gagner les points importants. Sa démonstration face à Caroline Garcia (6/1, 6/3 en 1h06) a fini de convaincre qu’elle avait pleinement sa place en finale.

Désormais, pour devenir la première joueuse arabe à remporter un Majeur et ainsi écrire encore un peu plus l'histoire, elle sait qu’elle devra livrer le match parfait. "Iga ne perd jamais en finale donc ça va être très dur, a-t-elle confié en conf’. Je sais qu’elle a eu un peu de mal avec les balles ici mais pour être honnête, je ne l’ai pas vue beaucoup lutter, elle joue très bien. Ça va être un match difficile et je vais essayer de prendre ma revanche. J’aime jouer sur cette surface et je sens que je sais exactement ce qu’il faut faire contre elle".

Iga, qui peut de son côté devenir la première Polonaise de l’histoire à remporter l’US Open, est prévenue. Et semble parfaitement savoir à quoi s’attendre : "C’est une joueuse très solide et sa finale à Wimbledon montre sa progression. Elle a un style différent des autres joueuses avec un très bon toucher de balle. C’est une adversaire très difficile à jouer et c’est pour ça que tous nos matchs sont physiques et serrés. Elle est redoutable et mérite pleinement d’être en finale. Je pense que ça va être une belle bataille".

Un combat à l’issue incertaine, un rendez-vous grandiose à ne pas manquer.