Wimbledon 2022 : le 3e tour des grandes premières

Sinner a corrigé l’anomalie

Aussi surprenant que cela puisse paraître, accéder au troisième tour de Wimbledon est une grande première pour Jannik Sinner. Plus fou encore, avant ce Grand Chelem, la tête de série n°10 au palmarès déjà bien garni (5 titres, un quart de finale à Roland-Garros et à l’Open d’Australie) n’avait jamais remporté le moindre match sur herbe ! Eliminé au premier tour par Marton Fucsovics l’an passé, l’Italien a corrigé cette anomalie dans le temple du gazon.

Dans l’un des premiers tours pop-corn de cette édition 2022, le natif de San Candido est parvenu à maîtriser l’expérimenté Stan Wawrinka, bénéficiaire d’une wild-card. Malgré un début de match hésitant et la perte du second set, il a serré le jeu et profité du manque de régularité de son adversaire pour s’éviter un 5e set toujours piégeux. "Je suis heureux de ma performance. C'était un match difficile contre un adversaire très coriace, a-t-il lancé en conférence de presse après cette victoire inaugurale. Gagner pour la première fois dans un tableau principal sur gazon ici, ça signifie beaucoup. C'est un moment très spécial et j'espère que ça me donnera beaucoup de confiance pour la prochaine rencontre".

Un deuxième tour également remporté avec la manière contre Mikael Ymer malgré une légère baisse de régime qui lui a coûté la troisième manche. Pour un joueur qui n’avait jamais connu le succès sur cette surface, Jannik Sinner semble calme et à l’aise. Des qualités dont il aura nécessairement besoin s’il veut poursuivre son aventure puisque c’est désormais John Isner qui s’érige devant lui. S’il avait étrillé le récent tombeur d’Andy Murray lors de la dernière David Cup by Rakuten, il sait que l’opposition sera tout autre sur le gazon londonien. "J’espère que je réussirai à lire son service mais retourner l’engagement de John est l’un des challenges les plus difficiles, surtout sur herbe. Ce sera un match très compliqué" a-t-il lucidement conclu.

Parry, le plus gros challenge

Affirmer que Diane Parry vit un printemps et un été dorés est un doux euphémisme. Sur la lancée de son épatant premier tour à Roland-Garros au cours duquel elle a renversé la tenante du titre Barbora Krejcikova, la jeune Française s’est présentée à Wimbledon avec envie et ambition. Et pour son premier match dans le grand tableau londonien, elle a une nouvelle fois rendu une très belle copie face à Kaia Kanepi, joueuse pourtant rompue à l’exercice et habituée à faire tomber des têtes de séries en Majeur. Malgré son jeune âge (elle aura 20 ans le 1er septembre), la pensionnaire du TCBB s’est montrée imperméable à la pression, réalisant quatre breaks et poussant constamment son adversaire à jouer le coup de trop (37 fautes directes de l’Estonienne sur l’ensemble de la rencontre).

Un beau succès qui a précédé un deuxième tour plus difficile à anticiper face à la Japonaise Mai Hontama, issue des qualifications et dont l’adaptation à la surface n’était plus à prouver. Concentrée du début à la fin, Parry n’est pas tombée dans le piège, effaçant même 14 des 16 occasions de break de son adversaire ! De quoi lui ouvrir en beauté les portes d’un troisième tour en Grand Chelem pour la deuxième fois de sa carrière (après Roland-Garros 2022). "Avoir des bons résultats en Grand Chelem, c’est toujours satisfaisant et c’est vrai que ça montre qu’on progresse dans notre jeu et dans plein de compartiments. C’est très positif et je vais essayer de gagner encore plus de matchs et d’aller encore plus loin dans ce genre de tournois" a-t-elle confié dans une interview accordée à la FFT.

Pour aller encore plus loin, Diane Parry devra gravir la montagne Ons Jabeur, numéro deux mondiale depuis lundi et en pleine possession de ses moyens. Un challenge énorme loin d’entamer l’enthousiasme de la Tricolore. "C’est le genre de joueuse qui me motive, a-t-elle poursuivi au micro de la FFT. Ce sont des matchs qui me donnent envie d’aller jouer. Je sais que ça sera un bon match, je sais que je vais aimer son jeu parce qu’elle fait beaucoup de variations. C’est un bon moyen de voir où j’en suis par rapport à ces filles-là"

Alcaraz – Otte : duel de "novices" au troisième tour

Retrouver Carlos Alcaraz au troisième tour d’un Grand Chelem ne constitue plus une surprise. Pourtant il s’agit bien d’une première pour le Murcien à Wimbledon. Eliminé l’an passé au deuxième tour par Daniil Medvedev, c’est avec un tout autre statut qu’il a posé ses valises à Londres la semaine passée. Des bagages ne contenant qu’une très faible expérience sur herbe, la faute notamment à une préparation raccourcie et aucun match officiel disputé depuis son épique défaite en quarts de finale de Roland-Garros face à Alexander Zverev.

Un contexte qui explique sans doute quelques balbutiements lors de son entrée en lice face à Jan-Lennard Struff, conclue en cinq sets après un très gros combat de 4h11. "J’ai perdu le point à chaque fois que j’ai tenté un service-volée. Je ne voulais plus essayer a-t-il analysé en conférence de presse post-victoire. C’est plus difficile de se déplacer sur herbe que sur les autres surfaces et jouer quatre heures ici, c’est plus compliqué qu’ailleurs, même sans longs rallyes".

Scruté par le public et redouté de ses adversaires depuis ses époustouflants sacres à Miami et Madrid, l’Espagnol ne se considère absolument pas comme un favori en puissance au All England Club, ce qui le libère d’un poids. "Il y a des joueurs qui ont beaucoup plus d’expérience et qui sont bien meilleurs que moi sur herbe. Je ne ressens pas de pression, je veux juste acquérir de l’expérience et profiter de chaque match". Après un succès plus rapide et convaincant face à Tallon Griekspoor au deuxième tour, il a désormais rendez-vous avec Oscar Otte.

Si l’Allemand de 28 ans n’a que deux grands tableaux à Wimbledon au compteur, il a toutefois bien plus d’expérience sur herbe. Parfaitement lancé par ses demi-finales à Stuttgart et Halle, il se présentera beaucoup plus frais que son vis-à-vis. Tout en maîtrise contre son compatriote Peter Gojowczyk, il a accédé pour la première fois de sa carrière au troisième tour à Londres suite à l’abandon de Christian Harrison alors que le score n’était que de 3-1 en sa faveur dans le premier set. Nul doute que le 36e joueur mondial (son meilleur classement) aura de nombreux arguments à faire valoir lors de ce choc de débutants à ce stade de la compétition.

Niemeier a déjà créé la sensation

Eliminée d’entrée à Roland-Garros pour sa première participation à un tableau final de Grand Chelem, Jule Niemeier a d’ores et déjà réussi son premier Wimbledon. L’Allemande de 22 ans n’avait pourtant pas été épargnée par le tirage au sort puisque Anett Kontaveit l’attendait au deuxième tour. Après un premier succès convaincant contre Xiyu Wang, la 97e joueuse mondiale a joué libérée et sans complexe pour balayer la tête de série n°2 en 58 minutes (6/4, 6/0), signant ainsi la plus belle victoire de sa carrière. "J'aime jouer sur le gazon. Cela correspond à mon jeu. J'aime faire des slices, des amorties, aller au filet… Si je sers bien, c'est difficile de me breaker " a-t-elle plutôt bien résumé en conférence de presse. Avec 79% de points gagnés derrière sa première balle et 83% de réussite au filet lors de son duel face à l’Estonienne, difficile de lui donner tort.

Dans une partie de tableau plus ouverte que prévu, cette fan inconditionnelle de Rafael Nadal – qui admet volontiers qu’elle essaie de regarder tous les matchs et les entraînements du Majorquin -  se verrait bien prolonger l’aventure au-delà du troisième tour, où l’attend désormais l’Ukrainienne Lesia Tsurenko.  

Bonus : van Rijthoven, tardif mais attendu

Le mois de juin de rêve de Tim van Rijthoven se poursuit. Sacré à la surprise générale du côté de s-Hertogenbosch en accrochant au passage Félix Auger-Aliassime et Daniil Medvedev à son tableau de chasse, le Néerlandais a battu Reilly Opelka au deuxième tour et n’est plus qu’à une rencontre (face à Nikoloz Basilashvili) de réaliser son rêve : affronter Novak Djokovic (si ce dernier accède également aux huitièmes de finale) pour sa première participation à Wimbledon.

-->WIMBLEDON 2022 : TIM VAN RIJTHOVEN, ECLOSION TARDIVE