La fin de l’attente. Quatre ans et demi après son seul et unique titre en carrière obtenu à Rabat en 2019, Maria Sakkari a enfin ressenti le bonheur de soulever un nouveau trophée au terme d’une semaine parfaite à Guadalajara. Un soulagement pour la joueuse de 28 ans, abonnée aux désillusions ces derniers mois.
Guadalajara : Maria Sakkari enfin récompensée
La Grecque a remporté le deuxième titre de sa carrière ce week-end au Mexique.
De la tristesse aux larmes de joie
Bouleversante en conférence de presse suite à son élimination précoce dès son entrée en lice à l’US Open, Maria Sakkari avait évoqué la possibilité de faire un break. "Ce sont des matchs que je dois gagner. Je ne peux pas accepter ces défaites, il y en a eu trop cette année et c’est malheureux. Mon niveau a été médiocre et je dois faire quelque chose pour y remédier. Ce n’est pas un manque d’efforts évidemment, je ne sais pas quoi faire… Je ne sais pas ce que je vais faire, si je vais prendre une pause ou non" avait-elle confié, émue.
Synonyme de troisième élimination consécutive au premier tour d’un tournoi du Grand Chelem, cette défaite en deux sets secs (6/4, 6/4) face à l'Espagnole Rebeka Masarova a définitivement mis à mal le niveau de confiance déjà faible de l’Athénienne. Membre émérite du Top 10 depuis septembre 2021, la demi-finaliste de Roland-Garros et de l’US Open cette année-là, a connu des échecs plus ou moins douloureux depuis son premier sacre marocain en mai 2019. Finaliste malheureuse à six reprises depuis, elle a également rallié vingt fois le dernier carré sans jamais parvenir à sublimer ses bonnes dispositions. Une preuve de régularité si on voulait voir le verre à moitié plein. Mais au sortir de la petite salle de presse du Billie Jean King National Tennis Center, Maria le voyait presque totalement vide.
Des larmes de détresse transformées en larmes de joie, à peine un mois plus tard. Après une dernière volée de Caroline Dolehide hors des limites du terrain, la Grecque est tombée à la renverse sur le Court Central de Guadalajara, envahie par l’émotion. Ovationnée par des milliers de fans dans ce qu’elle considère être "sa deuxième maison", elle a couru dans les bras de son entraîneur Tom Hill avant de pleinement réaliser son accomplissement et de lui faire le signe "deux" avec ses doigts, symbole de sa délivrance dans sa quête de lauriers. "Je voudrais remercier mon coach Tom, qui a été avec moi ces cinq dernières années a-t-elle lancé avant d’enfiler le sombrero de la championne. On a attendu plus de quatre ans avant de décrocher ce deuxième titre. On a entendu tellement choses négatives, comme le fait que je n’allais jamais gagner un autre tournoi, que j'étais une joueuse du Top 5 avec seulement un titre... Ça a été très dur pour moi de surpasser ça."
"Prouver aux haters qu’ils ont tort, c’est un carburant"
Sur le chemin de la gloire, Maria Sakkari n’a pas laissé filer le moindre set contre Storm Hunter, Camila Giorgi, Emiliana Arango, Caroline Garcia et enfin face à la surprenante Caroline Dolehide. Mais au-delà de victoires nettes et sans conteste, c’est son attitude et son sourire sur le court qui ont ravi fans et observateurs. "J’ai vécu des moments très difficiles, je ne peux pas le nier, a-t-elle poursuivi en conférence de presse. Mais je l’ai assez dit, c’est du passé. C’est très important de pouvoir rebondir et de retrouver de la joie sur le court. C’était mon plus grand objectif cette semaine et ma plus grande réussite. Je suis très heureuse d’y être parvenue, surtout ici à Guadalajara."
Des déceptions et un manque de confiance qui semblent donc déjà bien loin pour une joueuse très appréciée du circuit et du grand public. Après sa fameuse conférence de presse à Flushing Meadows, elle a reçu de nombreuses marques de soutien. "Beaucoup de joueuses, joueurs et de gens ont eu de la peine pour moi, a-t-elle expliqué à WTA Insider. Je n’ai pas les mots pour décrire le soutien et l’amour que j’ai reçu. Je crois qu’il y beaucoup de bonnes personnes et qu’elles veulent que les choses se passent bien pour celles et ceux qui travaillent dur […] Je suis aussi reconnaissante envers les autres joueuses que j’affronte à chaque tournoi et qui m’ont soutenue. C’est pour cette raison que j’ai voulu continuer."
Des joueuses dont les discours ont eu une résonnance particulière pour la désormais 6e joueuse mondiale, en particulier ceux de Coco Gauff. La championne de l’US Open a notamment insisté sur la nécessité de replacer le tennis dans la perspective du monde actuel.
"J’ai beaucoup aimé ce qu’elle a dit, sur le fait qu’il y a des problèmes beaucoup plus graves dans la vie que de perdre un match de tennis, a poursuivi Sakkari. Elle a raison, j’y ai beaucoup pensé et ça m’a renforcée. En fin de compte, il ne s’agit que de tennis. Je suis en bonne santé et c'est le plus important. Tous mes proches, ma famille, sont heureux et en bonne santé. Ce sont des choses auxquelles j'ai pris le temps de penser, pour me rappeler ce qui est important dans la vie. Tout le monde se concentre sur ses propres problèmes, qu'ils soient grands ou petits, importants ou pas. On oublie ce qu'il se passe dans le reste du monde."
Tout comme l’Américaine, elle a également eu une pensée pour les fameux "haters", qui profitent de la moindre opportunité pour tenir des propos désobligeants à l’encontre des joueuses et joueurs. "Nous sommes en 2023 et les réseaux sociaux font partie de notre vie, on ne peut pas s’y soustraire. Coco dit qu’elle connait les noms de ses détracteurs. Je suis au courant qu’une personne poste toutes mes défaites en demi-finale et en finale sur YouTube… Je ne peux pas décrire ma satisfaction à l’heure actuelle. Quand vous prouvez à ces gens qu’ils ont tort, c’est un carburant. Je savais que ça allait arriver mais je ne savais pas quand. Je les remercie, ils m’ont donné de la force."
Celle qui est devenue la première joueuse de son pays à remporter un tournoi WTA 1000 – la deuxième à glaner un titre sur dur après Eleni Daniilidou – veut désormais profiter de son succès et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Actuellement 9e à la Race, elle n’est plus qu’à une place de disputer les WTA Finals (à Cancun) pour la troisième année consécutive. "J’espère que je vais réussir à me qualifier mais même si ce n’est pas le cas, cette semaine a été une grande victoire pour moi. Si je me qualifie, c’est génial mais dans le cas contraire, j’aurais une pause plus longue. Ce n’est pas quelque chose qui m’obsède" a-t-elle conclu. En attendant, elle a d'ores et déjà rendez-vous au Japon pour disputer le WTA 500 à Tokyo où elle sera tête de série n°4.